Cain s’en va, le cirque continue
Après quatre accusations d’harcèlement sexuel, c’est finalement un adultère long de treize ans qui aura eu raison de la candidature d’Herman Cain à la nomination républicaine. Le businessman de Géorgie a eu beau nier en bloc, affirmant n’avoir jamais harcelé quiconque et prétendant que Ginger White, sa maîtresse supposée, n’était qu’une amie en détresse financière (à qui il envoyait des textos la nuit), la succession d’affaires commençait sérieusement à parasiter sa campagne.
Son programme économique : 9-9-9
Sorti de nulle par, l’ancien PDG de Godfather’s Pizza avait pourtant peu à peu fait son trou jusqu’à devenir une alternative crédible – du moins au niveau des sondages – à Mitt Romney. Rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Sa couleur de peau, qui aurait pu être un défaut chez les Républicains, permettait à un électorat parfois accusé de racisme envers Obama de démontrer le contraire. Son inexpérience s’avérait être un atout face aux professionnels de la politique comme Romney et Gingrich. Son programme économique, résumé à trois chiffres 9-9-9 (comme le taux d’imposition fixe qu’il propose pour les revenus, les bénéfices des entreprises et la TVA) répétés à l’envi, faisait bien rire tout le monde, mais plaisait aux électeurs.
Le succès d’Herman Cain tient finalement beaucoup à sa capacité à dire sans retenue ce que l’électeur républicain de base, le tea-partier, aime entendre : un discours aussi conservateur que possible, simple et sans concession. Cette tactique, nécessaire pour remporter la primaire avait beau être employée par la plupart des candidats, Cain se démarquait par un franc-parler qui faisait souvent mouche.
Une palissade électrifiée à la frontière mexicaine
Plus simple encore que son 9-9-9 tenant lieu de programme économique, sa politique migratoire se résumait à une barrière entre les Etats-Unis et le Mexique. « Elle fera six mètres de haut. Il y aura des barbelés sur le dessus. Et elle sera électrifiée. » Une « blague » précisera le candidat plus tard… tout en maintenant sa proposition lors d’une autre interview.
Interrogé sur le mouvement Occupy Wall Street, le Géorgien n’ira pas par quatre chemins : « Si vous n’avez pas de travail et si vous n’êtes pas riche, vous n’avez qu’à vous en prendre à vous-même ! »
Le réchauffement climatique ? « Balivernes » répond Cain qui s’oppose aux subventions pour les énergies renouvelables.
L’islam ? « De nombreux musulmans ne sont pas totalement dévoués aux Etats-Unis et à la Constitution, nombre d’entre eux tentent de mettre en place la charia », expliquait-t-il pour justifier le fait qu’il ne nommerait pas de musulman dans son cabinet.
Ignorant et sans complexe
Anti-avortement, anti-immigration, anti-Etat fédéral, anti-affirmative action, anti-assurance maladie… C’était un sans faute pour Herman Cain dont le côté sans complexe accompagné d’une ignorance presque assumée n’était pas sans rappeler une certaine Sarah Palin.
Israël. Sans surprise, Cain soutient l’Etat hébreu. Mais ne lui demandez pas d’entrer dans les détails du conflit comme le droit au retour des réfugiés palestiniens. « Ils doivent avoir le droit de rentrer si c’est une décision qu’Israël veut prendre », confie-t-il d’abord avant d’admettre ne pas savoir ce qu’est le droit au retour, puis d’affirmer sans rire : « La chose que vous allez apprendre sur Herman Cain, c’est que s’il ne sait pas quelque chose, il ne va pas essayer et faire semblant, ou donner une réponse sur laquelle il ne sait pas de quoi il parle. »
Pas mieux informé concernant la Chine, Cain pense que l’Empire du milieu « essaye de développer des capacités nucléaires »… alors que ce dernier a fait exploser sa première bombe A en 1964.
Quant à la Libye, pourtant sous les feux de l’actualité ces derniers mois, elle n’a pas fait tilt chez Cain qui n’a pu qu’affirmer son désaccord avec Obama sur le sujet sans pouvoir l’expliquer.
« Êtes-vous d’accord avec le président Obama concernant la Lybie ?
-OK, la Lybie… (long silence) Le président Obama… a soutenu le soulèvement. Correct ? Le président Obama a appelé au départ de Kadhafi. Je veux juste être sûr que nous parlons de la même chose avant que je dise si oui je suis d’accord ou si non je ne suis pas d’accord. Je ne suis pas d’accord avec la façon avec sa gestion des choses pour la raison suivante… Euh… Non, c’est à propos d’autre chose. Hem… (long silence) Je dois revenir en arrière… J’ai toutes ces choses qui tournent dans ma tête… »
Trump, le retour
Mais que les observateurs amusés des folkloriques prétendants républicains se rassurent, le cirque risque bien de continuer. Le fantasque Donald Trump, qui avait un temps pensé à se présenter a annoncé qu’il allait animer un débat entre les candidats le 27 décembre. On n’a donc plus qu’à espérer que Bachmann, Perry et consorts soient à la hauteur de ce cadeau de Noël.
Bonus : Le fameux « Oops moment » de Rick Perry moqué dans le Daily Show de Jon Stewart
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