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Cameroun : 95% des fonds de soutien à la politique agricole détournés

Un ministre d’Etat rattrapé par de scandaleux détournements de fonds au Cameroun : le Triangle des Bermudes à la camerounaise, ou 33 façons de piller allègrement les caisses d’un pays pauvre très endetté.*

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marché populaire de Yaoundé
marché de volaille de Yaoundé, la capitale du Cameroun.

La campagne de souveraineté alimentaire qui concerne les pays de l’Afrique centrale a été lancée le 22 juin à Yaoundé en présence des représentants des pays de la sous-région, par une association qui, en février dernier, faisait marcher José Bové à Yaoundé parmi 5000 manifestants contre le poulet congelé importé.

Dans la galaxie d’associations et ONG constituant la société civile camerounaise, il y a des étoiles, des associations qui brillent par leurs actions de plaidoyer et de lobbying. Aujourd’hui, la star de ces ONG empêcheuses du Gouvernement camerounais de « manger-dormir en paix », c’est l’ACDIC, Association citoyenne de défense des intérêts collectifs, qui milite pour la prise en compte des intérêts des masses populaires et pour l’accroissement de leur participation dans la gestion de la chose publique. Avec plus de 12 000 membres dans le pays, sa dernière action d’éclat est sans doute l’organisation d’une marche populaire de 5000 personnes en février dernier à Yaoundé, avec, comme meneurs, l’icône française de l’altermondialisme, José Bové, le leader paysan malien Mamadou Cissokho, et un bon nombre de tutti quanti de luxe.

La campagne de plaidoyer et de lobbying sur « le poulet congelé » lancée en 2003 a permis aujourd’hui une augmentation de la production de la filière avicole nationale de 53,7 % et la création de nombreux emplois. On ne fait pas de si belles omelettes sans casser des œufs, l’ACDIC, au passage, s’est offert sur un plateau, en dessert, la tête du ministre de l’élevage, limogé du gouvernement en décembre 2004 par le président réélu Paul Biya.

Et voilà, en 2006, rebelote ! L’ACDIC lance une campagne de « souveraineté alimentaire » à incidence et vocation sous-régionale (Afrique centrale), concernant des produits comme le lait, le riz, les oignons, de quoi faire pleurer l’ancien ministre de l’Agriculture camerounais (actuellement promu ministre d’Etat - après la présidentielle d’octobre 2004) qui dans une enquête de cette association, se fait rattraper par ses casseroles de mauvaise gestion et de prévarication, précisément en 2004. Cette année électorale, le ministère était en effet dirigé par Augustin Frédéric Kodock, Secrétaire général du parti historique du Cameroun (UPC), parti d’opposition qui depuis 2002 est de nouveau allié au pouvoir. Lui et ses collaborateurs ont ainsi détourné 95% de l’aide à la production agricole à travers pas moins de 33 méthodes de détournements, dans un Triangle des Bermudes où le « fictif », la « règle du 4.9 » et la surfacturation se sont révélés comme de véritables trous noirs de l’argent alloué aux agriculteurs. Un vrai carnage économique et social dans un pays où l’agriculture et l’élevage représentent 70% de la population active. Les montants en jeu sont estimés en milliards de francs CFA.

La campagne a été lancée le 22 juin dernier par une conférence de presse pour un autre cap dans la bataille de la protection de la production alimentaire nationale face aux monstres et ogres du libéralisme, de l’affairisme aussi, par qui les marchés camerounais sont inondés de produits importés, d’origine et de qualité douteuses, vendus à bas prix (dumping), et mettant ainsi à genoux les producteurs nationaux.

Les casserolles du ministre d’Etat Kodock : 95% de l’aide aux agriculteurs détournée par le ministre et ses collaborateurs !

Pour l’ACDIC, le Cameroun, comme d’autres pays de la sous-région, a les moyens de se nourrir lui-même, une opinion illustrée par le slogan de la campagne : « Aidons-les à nous nourrir ! ». Mais entre le potentiel, les prétentions et la réalité, il y a un gouffre creusé année après année par la faiblesse ou la maladresse du subventionnement de l’agriculture par l’Etat, mais surtout, par la mauvaise gestion, le détournement de fonds et la corruption. Devant une assistance attentive et scandalisée, Bernard Njonga, le président national de l’ACDIC, a démonté le système de corruption, de mauvaise gestion et de détournement de fonds au ministère de l’agriculture et du développement rural en 2004, tels que le révélait un rapport tiré des enquêtes menées dans ce ministère chargé d’encadrer et de développer l’agriculture dans le pays. Le rapport, très détaillé, révèle la gestion scandaleuse des fonds mis au service de la politique agricole par le ministre et ses collaborateurs.

D’abord, on y apprend que pour être recruté dans ce ministère à cette époque, comme en 2002 (audit institutionnel Minagri/Minepia commandé par le gouvernement et réalisé par le cabinet Buursink/Rcm) il faut appartenir à « la bonne tribu », avoir une relation politique. En cumulant le critère tribal, la relation politique, la corruption, le clientélisme et le népotisme, ou d’autres méthodes pas catholiques, on constate que 80% des personnels de ce ministère sont recrutés suivant des critères qui n’ont rien à voir avec leur compétence, leur ancienneté ou leur qualification. Pas étonnant de découvrir alors, preuves à l’appui, qu’au MINADER, ministère de l’agriculture d’alors, les responsables passent le plus clair de leur temps à organiser les détournements de fonds et la corruption, dans un scénario digne de la mafia sicilienne, que le rapport qualifie de Triangle de Bermudes dans lequel l’argent disparaît, comme par enchantement, entre monsieur le ministre, ses collaborateurs internes ou des services externes, avec comme arme non conventionnelle de détournement massif de fonds, le fractionnement de marchés, la surfacturation et les missions fictives. Les marchés sont ainsi bien souvent fractionnés en des montants de moins de 5 millions de francs CFA (règle du 4.9) afin de permettre au ministre de ne pas passer par la commission ministérielle ou nationale de passation de marchés : il signe donc de gré à gré, et un marché en dizaines de millions peut, suivant cette règle du 4.9, être fractionné en plusieurs petits marchés de moins de 5 millions. Pour ce qui est des facturations, le matériel agricole à acheter se paye étonnamment parfois à plus de 7 fois sa vraie valeur. Mais l’arme redoutable de détournement au MINADER semble être le mot « fictif ».

Missions, formations fictives et superfétatoires, fractionnement des marchés (règle du 4.9), surfacturations : le Triangle des Bermudes de la délinquance financière publique camerounaise

D’abord les missions : on y apprend sans grand étonnement qu’un fonctionnaire peut effectuer une mission à l’étranger dont les frais sont estimés à près de 5 millions sans pourtant bouger de Yaoundé, et parfois même, il est censé avoir effectué une mission sans en être au courant ! Les missions à l’intérieur du pays se faisaient par simple jeu d’écriture, par simples signatures, sans obligation de les effectuer réellement.

Dans ce florilège très créatif de détournement de fonds, il y a aussi des classiques, comme la création de société ou d’organisme fictifs. En 2004, 87 GIC (Groupes d’initiative commune) ont bénéficié de dotations financières du ministère de l’agriculture. Sur les 87, pendant que des provinces se retrouvaient avec 2 GIC seulement subventionnés, la province du Centre en avait 29 à elle toute seule. Et dans toute la province, un seul département s’est taillé la part du lion, le département du Nyong-Ekélé (département d’origine du ministre) avec 18 GIC ayant reçu l’argent ou l’appui du ministère, pendant que Yaoundé en avait 9, et sans doute qu’à Yaoundé il y a autant d’agriculteurs que dans le Nyong-Ekélé. On n’est pas au bout de ces surprises renversantes : on constate que sur les 28 GIC subventionnés de la province du Centre, 4 seulement avaient été créés avant 2004. On comprend aisément que le reste de ces regroupements étaient en fait des GIC créés à la va-vite, à tête chercheuse de financements. En matière de technique de détournement de fonds, l’imagination est très productive en stratagèmes les plus farfelus, comme l’organisation de séminaires fictifs, de formations inutiles, les réceptions gargantuesques ou l’embauche de temporaires, facturés en millions de francs CFA.

On apprend ainsi que des séminaires au ministère de l’agriculture étaient organisés pour apprendre aux agriculteurs à manipuler des pulvérisateurs, ou des types d’appareils qu’ils n’ont pas ou n’auront jamais. Comme quoi on peut organiser des séminaires aussi sur "comment utiliser un téléphone" ou "comment bien porter son costume" ou "se tenir à table"...

Autres détails abracadabrants dans ce pandémonium épouvantable de corruption et de détournements de fonds, l’embauche de 49 agents d’entretien au ministère de l’agriculture. Sur ce bataillon anti-saleté de 49 agents payés par le ministère et chargés de la propreté des locaux, seuls 18 manipulent quotidiennement le balai et la serpillière... Un vrai colin-maillard à pomper l’argent public destiné aux agriculteurs.

Et ces derniers, selon des enquêtes de l’ACDIC, en sont à demander des aides directes, sans intermédiaire, afin de recevoir l’argent qui leur est destiné pour le financement de l’agriculture qui se fait encore dans le pays comme il y a plusieurs siècles, c’est-à-dire à la main, à la houe. Certains agriculteurs, écoeurés, en sont à vouloir ne plus se tuer à la tâche et à cesser d’approvisionner les centres urbains, comme pour demander à ces fonctionnaires stipendiés, et ne travaillant qu’à s’en mettre plein les poches, de sortir de leurs costumes et luxueux gros quatre-quatre japonais, pour aller eux-mêmes tenir la houe et la boue.

* Le Cameroun a atteint le point d’achèvement de l’initiative Pays pauvre très endetté (PPTE) le 28 avril 2006, ce qui lui a ouvert la porte à plusieurs centaines de milliards de francs CFA de remise de dette bilatérale et multilatérale.

François BMG


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12 réactions à cet article    


  • aurelien 27 juin 2006 11:08

    Bonjour François,

    Il me semble que le Cameroun et l’Afrique, de manière générale, soit devenu un terrain d’investissement pour les grandes puissances dans lequel les concurrences sont de plus en plus rudes entre grandes nations économiques. Outre la corruption dont vous faites part, il y a beaucoup de ressources et de valeurs humaines chez nombre de citoyens africains :

    J’admire le combat de certains d’entre eux contre l’invasion biotechnologique en Afrique.

    Connaissez-vous ce documentaire ?

    http://francafric.free.fr/index.html

    Cordialement


    • François (---.---.102.4) 27 juin 2006 16:55

      Bonjour Aurelien,

      Tout en adhérant à ton point de vue d’invasion néo-colonialiste occidentale en complicité avec les dirigeants Africains, il faut cependant remarquer que l’Afrique, depuis les années 60 est dirigée par les Africains eux-mêmes ! Alors que les luttes d’indépendance avaient pour objectif de chasser le colon « Blanc » et ambition de s’auto-gérer pour le bien commun, eh bien, ce fut le contraire, au point où certains en sont aujourd’hui à regretter la période coloniale. Parce que les Africains se sont installés au pouvoir et n’ont fait que prendre la place des Blancs, avec la raison et la pondération en moins (les Blancs étaient au moins raisonnables !).

      Détourner 95% de l’aide aux agriculteurs,en effet, ce n’est qu’un exemple parmi une immensité d’autres) ben, cela c’est pas de la corruption, c’est de la prédation primitivement sauvage !

      Depuis, l’Afrique souffre, à cause principalement des Africains ! Il y a une telle disparité entre ceux qui s’enrichissent sur le dos des peuples et ce peuple que certains européens, quand ils arrivent dans une ville comme Yaoundé, constatent bien que côté luxe (chateaux de mille et une nuit, voitures 4x4, train de vie), ben l’Enarchie (Ena) française aurait des colmplexes.

      Les peuples sont abrutis, de part l’éducation, ainsi que la misère, à tel point que pour certains, l’argent tirés des impôts et de l’exploitation des richesses du sol et du sous-sol qui sert à financer le train de vie d’une poignée, leur appartient de droit divin. Ils sont peu à savoir que c’est l’argent du peuple (pas de l’Etat) qui sert à financer ce train de vie insolemment injurieux envers la pauvreté de l’immense majorité...


    • aurelien 27 juin 2006 20:16

      Bonsoir François,

      Que proposes-tu pour faire évoluer cela ? Quel est ton point de vue sur une démarche à suivre...

      Bonne soirée, Aurélien


    • François (---.---.102.4) 28 juin 2006 10:25

      Bonjour Aurélien,

      C’est assez terrible ce que je vais te dire, mais je ne puis te dire le contraire : rationnellement, pour quelqu’un qui a une raison saine, cartésienne et tout, dans un pays comme le Cameroun par exemple, à moyen terme, pour s’en sortir, ben IL N’Y A RIEN A FAIRE ! La corruption et toute l’incurie dans la gestion des ressources (minières, humaines, financières) y sont les principales pandémies après le Sida et engendrent une pauvreté dont les clichés vous sont servis dans vos JT quand on parle de l’Afrique (immigration candestine, famine, guerres).

      Ces maux de l’Afrique sont structurels et non conjoncturels.

      Mais comme il faut bien espérer même quand tout pousse à désespérer, pour attenuer les souffrances des populations africaines,

      1-les Etats européens doivent s’imposer un devoir de regard et de sanctions financières et diplomatiques (individuelles) dans les fonds qu’ils accordent aux pays africains, n’en déplaisent aux partisants de pseudo souverainetés étatiques

      2-Soutenir la société civile responsable de l’Afrique pour pouvoir s’imposer dans la prise de décisions et la gestion publique pour servir de contre-pouvoir populaire et citoyen. Les partis d’opposition, ici c’est vraiment de la foutaise, des pantins dont l’objectif est de se faire du beurre grâce à la propagande.

      3-Financer directement les initiatives privées, citoyennes, quitte à s’aliéner les Etats eux-mêmes, en attendant que ces responsables étatiques soient justement responsables et ne détournent pas l’argent de la communauté pour singer le mode de vie de la bourgeoisie française l’ubuesque en plus. Et tu vois, cela est presque impossible, puisque les détournements ici se font souvent aussi avec des complicités occidentales.

      A défaut de cela, ce n’est pas demain la sortie de l’auberge, la mauvaise gestion est une vertu ici, un sport national, celui qui veut avoir les mains propre, c’est lui le paria,celui dont on se moquera...

      Juste un détail, la voiture officielle du premier ministre Raffarin, un peugeot 607, à l’époque, était ici la voiture de service d’un petit directeur de ministère, pour vous dire que la France a beau être économiquement 700 fois le Cameroun, un petit directeur d’administration centrale ici peut parader autant que le premier ministre français !


    • Johan Johan 27 juin 2006 11:49

      Pour lutter contre le dumping, rien ne vaut des accords entre pays emergents de meme niveau technologique. Et le protectionnisme vis a vis de l’exterieur.

      Quand au developpement... il risque d’etre difficile. En Occident l’Etat a ete le premier a concentrer de capitaux, encore que sa souverainete etait etablie et que son ambition etait la prosperite.

      Il semble que le colonialisme ait instaure de tres mauvaises habitudes. Rien ne changera tant que nous armerons (militairement et financierement) les chefs d’Etat qui font nos interets et pas ceux de l’Afrique.

      La grande difference c’est qu’au moment de nos revolutions industrielles, personne ne pouvait s’offrir une pays. Aujourd’hui c’est accessible a la premiere multinationale.


      • Gil (---.---.93.79) 27 juin 2006 12:10

        Le détournement des aides humanitaires à destination de pays africains n’est pas une chose nouvelle. Ce qui est frappant, alors que par exemple la France a quelque 110 milliards d’euros de dettes, c’est qu’il ne semble pas être procèdé à aucune vérification sur la destination réelle de l’argent ainsi distribué depuis des années... Une partie de ces sommes ne reviendrait-elle pas vers des comptes en banque occidentaux dans des paradis fiscaux, un peu sur le modèle de ce qu’on nous a dit des ventes d’armement ?


        • Bulgroz (---.---.33.228) 27 juin 2006 19:03

          Cela fait plus de 50 ans que tout ou grande partie de l’argent public Africain est détourné. On va en encore dire que c’est la faute aux blancs.

          Un seul espoir que la pays Africains acceptent un protectorat par des pays occidentaux. En attendant, plus d’immigrants Africains dans nos pays.


          • davy (---.---.183.105) 28 juin 2006 11:13

            L’assaut désespéré d’Africains sur les avant-postes de l’Europe, alors que d’autres s’échouent volontairement sur nos côtes au péril de leurs vies, marque un seuil nouveau, dramatique, de l’escalade immigrationniste. Faut-il accueillir ces malheureux chez nous, comme le préconisent certains, au risque d’en voir déferler demain des centaines de milliers ? Ce n’est évidemment pas souhaitable, bien que le processus soit en cours. Comment les aider à vivre dignement chez eux, si tel est notre objectif ? Un paramètre simple permet d’évaluer l’ampleur et la nature du problème : la production vivrière africaine, depuis 1960, s’accroît de 2% l’an alors que la population augmente de 3%. Faites le compte : le disponible alimentaire local per capita, depuis les indépendances, a diminué de plus de la moitié. Le continent est sous perfusion ; les sommes qui ont été consacrées à l’aide atteignent le niveau de plusieurs plans Marshall. Une enquête du journal “Le Monde” (Dossiers et Documents 345 de septembre 2005) révèle l’ampleur du fiasco. Le coût des études, de la gestion des organismes donateurs, de l’allègement des dettes, absorbe 59% de l’aide. Le reste est “versé aux pays bénéficiaires”, où les frais collatéraux ne sont certainement pas moindres ! L’”aide” ainsi conçue stérilise l’initiative, provoque la corruption et renforce l’assistanat, plongeant les pays africains dans une forme durable, car structurelle, de sous-développement. La France, grande donneuse de leçons en la matière, ne fait pas mieux. Une enquête du Sénat (Loi de finances pour 2002, première lecture, Aide au Développement) dresse un constat accablant : sur la période 1998-2002, les frais de gestion financière de l’aide sont passés de 5 à 7%. Le financier et l’institutionnel (ajustements structurels, annulation des dettes) en absorbent 25%. Les priorités affichées sont révélatrices : centres culturels à l’étranger, personnels des ministères, étudiants étrangers, demandeurs d’asile, audiovisuel extérieur passent bien avant les projets de développement et surtout les actions en milieu rural, dont le “retour d’image” pour le donateur est jugé insuffisant. Les fréquentes réformes de la coopération française se limitent à des querelles de boutiques entre ministères de tutelle. Instituer des prélèvements sur les transactions financières ou sur les billets d’avion, sans que soit définie une polique cohérente de lutte contre la pauvreté, relèverait de la démagogie pseudo-humanitaire. Cette situation conduit à envisager l’alternative suivante : assainir tant soit peu le marché des matières premières et laisser l’Afrique assumer ses responsabilités ; ou soumettre l’aide internationale repensée à un “droit d’ingérence humanitaire” qui aboutirait, à bien des égards, à une mise sous tutelle politique de certains pays hâtivement décolonisés.


            • gem (---.---.117.250) 29 juin 2006 10:52

              Ce qui m’étonne le plus, c’est que les gens s’étonnent. Tout cela est tellement classique...

              Il n’y a rien, absolument rien, de plus corrupteur, de plus destructeur de l’économie et de la société, que la subvention et l’« aide ». Rien de plus pervers, en plus : tout l’argent soi-disant affecter à un but à toujours le résultat rigoureusement opposé (ce qui justifie encore plus de fonds alloués !).

              Faut-il citer Kourouma, « EN ATTENDANT LE VOTE DES BETES SAUVAGE » ? Roman formidable. Avec la fameuse « caisse de stabilisation », indispensable (passage savoureux dans un roman qui par ailleurs en est plein !) .

              Ce qui est nouveau et encourageant, c’est que les corrompus se fassent jeter. La corruption, elle, ne cesse pas, mais au moins la morale s’en tire de mieux en mieux.

              Et ce qui est comique, c’est que J. Bové lutte pour une copie du modèle dont par ailleurs il proteste contre les effets inévitables...


              • frédéric (---.---.219.110) 3 juillet 2006 15:15

                Je ne vois réellement rien de nouveau, ni de particulièrement encourageant, dans le fait qu’on utilise un bouc émissaire, en fin de compte ni plus ni moins corrompu que la moyenne, de façon à préserver et perpétuer le système, tout en faisant croire qu’on lutte contre la corruption. Il n’y a aucun progrès dans la morale (du reste les Africains ne sont pas dupes), mais pour le reste du monde la mystification continue.


              • frédéric (---.---.219.110) 3 juillet 2006 15:09

                Quiconque a eu l’occasion de travailler tant soit peu en ou avec l’Afrique sait que l’essentiel de l’Aide Publique au Développement, APD, depuis les indépendances, a servi a enrichir des dynasties de kleptocrates se cramponnant au pouvoir par les moyens les plus violents. A l’ordre colonial injuste et brutal ont succédé des dirigeants encore plus cyniques et criminels qui ont systématiquement détourné l’aide internationale et la richesse nationale à leur profit exclusif avec le soutien de leur ethnie, n’hésitant jamais sur les massacres pour asseoir ou conserver leur pouvoir.


                • patrice (---.---.37.49) 12 août 2006 14:53

                  je suis surpris ;on détourne de l’argent en afrique comment est ce possible ? putain depuis le temps il y à toujour des cons pour en donner ?il sont complices ou alors c’est incompréhensible ,donner du fric en sachant qu’il va étre détourné ,soit on est complice ,soit on est con !

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