Canadiens et “Canadians“
Les Québécois disent NON à la droite canadienne
Encore une fois, la démonstration est faite : le Québec est une société distincte. Comme Robert Bourassa l’a déjà demandé, What does Canada want ?... La réponse nous a été clairement donnée dans la soirée du 2 mai dernier. Alors que les “Canadians“ se tournent carrément à droite, les Canadiens du Québec prennent allègrement un autre beau risque en allant vers la gauche orange.
Deux visions diamétralement opposées, deux conceptions de ce devraient être l’avenir du paysage politique au Canada, deux mentalités, deux idéologies, deux réalités qui ne font que confirmer le contenu du roman “Two Solitudes“ écrit par Hugh MacLennan en 1945, symbole repris plus tard par Pierre Elliott-Trudeau, lui qui se disait de gauche. Il faudra relire ce roman publié en français en 1963.
Le Canada, sauf le Québec, avec le résultat de l’élection, ne fait qu’imiter certains pays qui ont déjà pris un tel virage vers la droite : l’Italie de Berlusconi, la France de Sarkoszy, l’Angleterre de Cameron pour ne nommer que ceux-là. Pour les quatre prochaines années, sur la colline parlementaire outaouaise, nous devrions assister aux ébats GAUCHE-DROITE. La droite identifiée aux “Canadians“ avec 165 députés sur 233 et la gauche provenant des Canadiens du Québec avec 61 députés sur 75. Ce sont les professeurs de sociologie qui vont être contents. Ils pourront remettre le contenu de leur cours à jour en s’appuyant sur une réalité typiquement de chez nous au lieu d’importer leurs exemples d’ailleurs.
Pour les quatre prochaines années, les néophytes du NPD devront faire barrage à l’idéologie de droite qui nous affirme que l’économie doit se débarrasser du volet social dont la lourdeur cause les crises. Que c’est le libre marché qui va corriger le dysfonctionnement du capitalisme. Que c’est le libre-échange, la déréglementation, les privatisations qui vont développer notre société. Que c’est le moins d’interventions de l’État qui va nous assurer un bien-être inimaginable. Ces quelques débats dépassent largement la baisse des taux d’intérêts sur les cartes de crédit ou la plus grande sévérité des peines face aux magouilleurs à cravate. La joute parlementaire s’annonce vigoureuse et nous devons prier Dieu, Allah, Yahweh, Bouddha ou le Grand Manitou que la jeune réprésentation et opposition néo-démocrate ne s’écrasera pas comme les adéquistes du temps jadis.
Pour les quatre prochaines années ça sera un affrontement des valeurs : la droite qui privilégie le travail, la tradition, la sécurité, la peur de l’autre, les droits individuels et la gauche qui devra défendre la solidarité, l’égalité, la tolérance, l’ouverture sur le monde, les droits collectifs.
Les “Canadians“ du Canada pourront à nouveau se redemander “What does Quebec wants ?“ La question existentielle n’a pas été résolue par cette élection. Nous ne faisons qu’écrire un nouveau chapitre : le Québec demeure une terre d’irréductibles gaulois en terre d’Amérique. Et comme le soulignait Robert Bourassa dans son discours mémorable du 23 juin 1990 “…le Canada anglais (les Canadians) doit comprendre de façon très claire que, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, le Québec est, aujourd'hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d'assumer son destin et son développement“.
Le débat n’est pas terminé, nous ajoutons une valeur supplémentaire à notre réalité francophone. Le Québec est à GAUCHE, nous nous en doutions, et cette réalité a été développée depuis plus de 50 ans par les Jean Lesage, Daniel Johnson père, Robert Bourassa et René Lévesque.
Nous devons maintenant nous demander Where does Canada want to go ? Droit dans le mur ???
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