Cargos de nuit (vague n° 5)
Les conteneurs ne sont en fait qu’une étape du transport d’armes. En volume, puisque, dans le cas du Cargo An Yue Jiang dépêché par Robert Mugabe, les 77 tonnes d’armes n’occupaient que quelques conteneurs seulement. Déjà, à leur propos, on avait évoqué le transfert et transport via un ou deux Ilyushin IL-76 en remplacement. Car les avions sont les relais directs des conteneurs, pour la majeure partie des transactions. Comme nous allons le voir à partir de deux exemples bien précis. Abandonnons donc quelques instants nos fameux conteneurs pour en venir au trafic d’armes aérien. Le prolongement du précédent tant les voies aériennes des trafiquants aboutissent toutes dans des ports ou à proximité. Aujourd’hui, ceux de l’Ukraine.

Le contrat de livraison d’armes avait été passé par la Chartered Engineering and Technical Company, Ltd, une compagnie ayant son siège à Gibraltar. L’avion, bizarrement, n’était même pas peint aux couleurs d’une compagnie ou d’un pays. Il arborait encore les couleurs d’une équipe de basket américaine de la NBA de la côte Ouest, les Seattle SuperSonics et portait le code VP-CLM. L’avion avait été racheté 2 millions de dollars seulement à un revendeur américain, Lou Legget, le fondateur de Cortran International, et son pilote était Jorma Ijäs, un Finlandais, lui aussi de Cortran. Lors d’un interrogatoire téléphonique en 2002,, il jouera candidement le monsieur qui n’avait rien vu à bord : "I cannot say for sure what was being transported. I never opened a single box". C’était marqué dessus pourtant. A 6,5 tonnes maxi de charge par vol, les rotations s’égrènent pendant trois semaines pourtant entre Ouagadougou et Monrovia. Derrière tout cela, il y a un trafiquant, c’est l’employeur du pilote et le propriétaire du Bac 111. C’est le président d’une société de commerce de bois, Exotic Tropical Timber Enterprise. Il s’appelle Leonid Minin, et détenait aussi une société enregistrée à Monaco, mais sise en Suisse, Limad-AG.
En juillet 2000, notre homme remet ça direction la Côte-d’Ivoire. Pour 113 tonnes, cette fois, achetées à la société d’Etat ukrainienne Spetstehnoexport (Special Technical Export) soit 10 500 AK-47 fusils d’assaut, 120 Dragunov, les fusils préférés des snipers en Irak, 100 Bazookas RPG, des lunettes de vision nocturne et 8 millions de munitions. Par le même Antonov 124, mais cette fois affrété par Aviatrend, société de Gibraltar avec comme pilote italii Horovienko. Un fameux pilote spécialisé, détenteur, le 11 novembre 2003, d’un record de charge sur Antonov 70 : 55 063 kg à 7 355 m. Les avions étant acheminés ensuite à Monrovia par des Ilyushin 18, des "West Africa Air Services", gérée par Sanjivan Ruprah, un autre trafiquant d’armes et de diamants, ou par un Illyushin 76. Des avions qui volent sous des registres d’emprunt : "An Ilyushin 76, registered in Liberia in the name of Air Cess Liberia in 1996, was later registered in Swaziland. It was subsequently removed from the Swaziland register by the Civil Aviation Authority because of irregularities. The plane then moved to the register of the Central African Republic, where it obtained the designation TL-ACU in the name of Centrafricain Airlines". The aircraft sometimes carries the registration of the government of the Congo (Brazzaville). As with other Bout aircraft, the plane is based in Sharjah in the United Arab Emirates. This plane was used in July and August 2000 for arms deliveries from Europe to Liberia. This aircraft and an Antonov made four deliveries to Liberia, three times in July and once in August 2000. The cargo included attack-capable helicopters, spare rotors, anti-tank and anti-aircraft systems, missiles, armoured vehicles, machine guns and almost a million rounds of ammunition. The helicopters were Mi-2 and Mi-17 types". Certains vols supplémentaires sont assurés par Veteran Airlines/Skylines aviation basée a Jankoy en Ukraine (Crimée). Une société qui a aussi bien effectué des vols humanitaires que des vols pour les rebelles de l’Unita en Angola, ou par les frères Moldaves Renan, amis de Victor Bout. Notre trafiquant du jour est un ami à lui, ils se partagent régulièrement les marchés... les avions et les bénéfices des trafics.
"Leonid (Efimovich) Minin, né le 14 décembre 1947 à Odessa (Ukraine), domicilié à Tel-Aviv (il a émigré en Israël en 1970), possède à la fois les nationalités ukrainienne et israélienne, mais dispose également de passeports allemand et colombien (et grec, L’Express l’a oublié). De quoi faciliter les déplacements de ce drôle de citoyen du monde, impliqué, au plus haut niveau, dans de nombreux trafics internationaux", nous explique L’Express. Effectivement, Minin semble bien avoir profité de ces cinq passeports, et jusqu’en 2001 espérait bien en vivre royalement, sur son yacht d’Antibes, notamment. Question pseudos, il était plutôt bien fourni aussi : Blavstein, Blyuvshtein, Blyafshtein, Bluvshtein, Blyufshtein, Vladimir Abramovich Kerler, Vladimir Abramovich Popiloveski, Vladimir Abramovich Popela, Vladimir Abramovich Popelo, Wulf Breslan, Igor Osols tels étaient ses nombreux noms d’emprunt... Dans la nuit du 4 août 2000, notre homme, au sommet de sa gloire de trafiquant notoire, va tout perdre. Dix minutes avant minuit, ce soir-là, les policiers italiens de Monza, près de la petite ville de Cinisello Balsamo reçoivent un coup de fil anonyme indiquant que "Leo", celui qu’ils traquent depuis des années se prépare à faire une partie fine dans la chambre 341 de l’hôtel Europa de Balsamo. Les policiers attendent un peu et enfoncent les portes de la chambre à 3 heures du matin... et découvrent notre homme, au look de mafioso ou de brute épaisse au milieu de quatre filles en tenue légère, 25 000 dollars et 12,5 millions de lires italiennes (6 000 dollars) en cash, 58 grammes de coke, un joli lot de diamants (pour plus de 500 000 dollars !). Ce qui représente déjà un joli score, mais surtout 1 500 pages de dossiers de transactions de Leonid, ce soir-là complètement anéanti.
Une superbe prise en effet ! Dans les feuillets, énormément d’informations dont les preuves formelles de liens avec Charles Taylor et le général Robert Guei, notamment des fax accablants pour tous. "The records suggested that Minin, himself, could have closely supervised the shipment of weapons from Ukraine to Burkina Faso. And, according to the papers, the plane made several roundtrips between Monrovia and Ouagadougou during March to carry "Liberian Gov Cargo." The Monza police also got two pictures taken during March 1999 that showed Minin’s plane at Bobo-Dioulasso airport. Another photograph showed the inside of a plane filled with boxes of weapons". Mais aussi des preuves de liens également avec Alexander Angert, le parrain des dockers d’Odessa... surnommé "L’Ange"... et quelques photos, dont notamment l’étonnant cliché figurant ici en début d’article. Des papiers indiquant d’autre part que le Bac-111 a bien effectué les rotations indiquées... : "The investigators were also interested in his role as head of an organization, the Neftjemafija, that included top members of the Ukrainian mafia, such as Alexandre Angert, alias "Angel," and Nicholay Fomichev, alias "Kolija." The report said these men had "a large quantity of weapons such as guns, machine-guns, pistols, hand grenades [sic] and explosives.The report also described assassination attempts on some politicians at election time in Odessa. In July 1997, Angert, Fomichev and two bodyguards had been intercepted on the main road encircling Brussels, the investigators noted. In a video camera the men had been carrying, the police found a cassette that appeared to have just been recorded in Eastern Europe - of a training camp for bodyguards and assassins. Minin appears on the tape, which also shows armed men in training, shooting targets and using pump action shotguns.
Bref, avec Minin, on tombe sur la proximité sinon la fusion de la vente d’armes et du grand banditisme, voire du terrorisme... pour aussitôt retomber sur le pays que nous avons visité la fois dernière : "The same sources from the Ukrainian secret service have gathered evidence on the heads of Sheriff and the organized crime in Odessa . : “Their main contact here is the Angert group, because they control the harbor, so they have direct connection with Gusan”. Alexander Angert, also known as Angel, is a violent character, who spent a lot of time in the Sovietic prisons for murder in the ‘70s. Angert travels between Odessa and London , where he registered several companies. He’s associated to a group led by a former KGB officer, Alexander Zhukov. The latter was arrested several years ago for international traffic with weapons. Angert’s group controls the Ilichevsk harbor and the oil trade and it is involved in commanded assassinates and extortion". Les armes transitent bien par les deux ports d’Odessa et de Ilichevsk et leurs conteneurs. Or, la grande spécialité de ces ports... c’est l’importation de volailles congelée des Etats-Unis !!! Plusieurs firmes américaines sont sur les rangs, mais c’est surtout ce qui se passe à leur arrivée qui est intéressant...
Un article du New York Times de mai 2006 nous a alertés en effet sur l’étrange comportement de ces fameux poulets. En moins de six mois, voici deux ans à peine, plus de 40 000 tonnes avaient en effet pénétré en Transnistrie en provenance des deux ports ukrainiens. C’est un peu beaucoup : cela fait 66 kg par Transnistrien en six mois, 11 kg par mois. "The chicken is reloaded into smaller trucks, often with makeshift refrigeration, and smuggled back into Ukraine. There it is sold below market rates, because it evaded customs duties and Ukrainian sanitary inspections, turning hefty profit - for whom, exactly, is not clear - of nearly $1,000 a ton"."They make more money than they would dealing with weapons", ajoute Joachim Haack, un observateur allemand de la CEE. Les poulets avariés plus rémunérateurs que les armes, c’est une sacrée nouveauté. Ces fameux morceaux de poulet ont d’ailleurs reçu un surnom "chicken parts, which are still known here as "Bush legs," after an early 1990’s program to ship American poultry to the former Soviet republics". Ce qui ne l’est pas, de neuf, c’est le réceptionniste : "Whose business remains unclear. Much of the chicken is shipped to a company called Sherif, one of Transnistria’s largest conglomerates", ajoute le NYT. Ici, nous savons qui est Sherif : c’est l’Etat transnistrien, lui-même, ou tout comme. A l’autre bout, on trouve en revanche de grandes firmes américaines réputées, telle Tyson Foods "the largest meat producer in the world, and according to Forbes", dirigée par un chrétien fondamentaliste, qui invite ses clients à télécharger des textes fondamentalistes sur son site internet de vente de morceaux de poulets. Un Tyson grand fournisseur de dons à l’équipe Clinton, aux temps où la Russie ne voulait plus acheter de ces poulets aux hormones américains. A l’époque, les conteneurs passent quand même la frontière, estampillés "sucre" à la place de "poulet". Le hic, c’est que le sucre voyageait donc dans des conteneurs réfrigérés, ce que pas un douanier officiel n’a remarqué ou voulu remarquer. Depuis, un autre venu marche sur les traces de Tyson : c’est Shiraz Mamedov, dirigeant de SJS USA, dont la firme est installée à Los Angeles. "Our specialization is in exporting fresh frozen meat, poultry, fish and dairy products intended for commercial and retail use. Bulk vessel shipments of frozen meat and poultry products are made into two locations on a monthly basis for Port of St.Petersburg, RUSSIA and Poti/Batumi, GEORGIA. We frequently serve other Black Sea ports and nearby ports such as Konstanza, ROMANIA, Mersin, TURKEY, Novorossisk, RUSSIA and Odessa, UKRAINE". De l’homme on ne sait strictement rien, à part qu’il joue aux oligarques américains (sic) en faisant dans la dégustation de vin (australien !) à ses heures. Impossible de trouver quoi que ce soit à son égard. Il cultive un relatif secret qui surprend en comparaison de Tyson.
C’est dire que les conteneurs réfrigérés, on hésite à les visiter. Question d’équipement, ou question de ne pas vouloir rompre la fameuse chaîne du froid. Résultat, ils constituent des cachettes encore plus efficaces. Un fusil, entouré de graisse, est conçu pour résister au plus grand froid. Si bien que, derrière les poulets, se cache très souvent autre chose. Ou, parfois, il suffit de cacher... les activités réelles derrière une entreprise de transport de poulets. Or, ça, à la CIA, c’est devenu une tradition il y a bien longtemps déjà et l’Histoire est là pour nous le rappeler.
Car les histoires de poulet nous en rappellent d’autres, parmi les grands classiques de la CIA, comme ceux évoqués dans le remarquable The invisible Government de David Wise et Thomas B. Ross, sorti en 1964, aujourd’hui entièrement disponible sur internet (et à chaudement recommander, l’ouvrage en français édité au "Nouveau Cercle de l’Histoire" étant désormais introuvable). Celle du mercenaire ou "soldat de fortune" Allen Pope, un grand costaud, as de la guerre de Corée et de Dien Bien Phu, recruté pour aller bombarder en B-26 les troupes de Sukarno en Indonésie. A Dien Bien Phu, Pope avait été parmi les courageux pilotes des C-119, ces "Flying Boxcars", lents et vulnérables aux tirs, qui avaient parachuté vivres et munitions aux soldats français. Une cérémonie du 10 mai 2008 vient tout juste de célébrer notre homme en présence du conseiller diplomatique présidentiel, J.-David Levitte, qui lui a remis... la Légion d’honneur pour ses 57 missions risquées en Indochine. Le retrouver ainsi est pur hasard de l’actualité.
En Indonésie, c’était ça ou parachuter des armes, de provenance italienne à l’époque. Manque de chance, notre casse-cou se fait abattre par la DCA... provoquant une crise majeure entre les deux pays. Passé en jugement le 28 décembre 1959, Pope déclare lors de son procès qu’il avait "toujours combattu les communistes" comme seule raison à sa participation à ce mercenariat. Pendant que les Américains négocient avec les Russes l’échange de Gary Powers contre l’espion Rudolf A. Abel, Kennedy, successeur d’Eisenhower, obtient la libération de Pope le 22 août 1962. Revenu aux Etats-Unis, il s’installe à Miami (déjà !), où très vite il a un comportement extravagant, au point que sa femme demande rapidement le divorce : il ne quitte jamais son P-38 chargé, même pour dormir depuis son retour. Que craint-il, nul ne le sait. Beaucoup d’employés de la CIA sont retrouvés suicidés, ça en revanche tout le monde le sait et Pope le premier. Le divorce prononcé, Pope se fait à nouveau réemployer par la Southern Air Transport, le paravent connu utilisé par la CIA en Indonésie comme ailleurs. Le contrat de la firme avait l’armée américaine était sybillin : "he Pentagon described this airline as a civilian operation holding a $3,718,433 Air Force contract to move "mixed cargo and passenger loads on Far East inter-island routes." Its home address was listed as PO Box 48-1260, Miami International Airport. Its overseas address was PO Box 12124, Taipeh, Formosa." L’avion de Pope faisait des trajets réguliers entre Formose et les îles Vierges. Le mandataire local de la Southern expliquait alors ainsi le travail de l’entreprise aux journalistes qui soupçonnaient à nouveau un contrat de la CIA : "it was a small cargo line which simply "flies chickens from the Virgin Islands." Les cuisses de poulet, en langage de la CIA, ça semble bien ressembler plutôt à des chargeurs de Kalashnikovs.
La firme Southern Air Transport s’était arrêtée en 1998, en banqueroute. A Aviano, en Italie, on pouvait encore admirer en 1996 un beau C-130 à ses couleurs. Le même visitant à la même période... Rotterdam. Dans un témoignage saisissant, d’un ancien pilote de Air America, Stephen Crittenden, on apprenait à quoi servaient véritablement les C-130 de Southern : "In 1976, the Central Intelligence Agency formed a proprietary airline for which I was made the titular head. The Agency provided me with five C-123 military aircraft and $20 million in start up capital. My name was placed on the CIA proprietary airline operation, and it was called Crittenden Air Transport. It was based in Bangkok. I was 24 years of age, and did not have the financial resources or expertise to have formed and operated the airline until a later date". La CIA recrutait jeune, donc, à l’époque. On se croirait vraiment dans le film Air America. Et ce n’est pas fini : The first flight of Crittenden Air Transport, in 1976, under orders of the CIA, was from Bangkok to Beijing (en Chine, déjà !). This flight was arranged, authorized, and directed by the CIA. The cargo was unloaded at Bangkok, where another CIA proprietary airline, Southern Air Transport, picked it up for shipment to Los Angeles. At that time, Crittenden was flying short range twin engine military C-123s, and Southern Air Transport was flying long range four engine C-130s. Crittenden Air Transport received a $100,000 check from the Shamrock Corporation for that flight". Risqué donc, mais bien payé. "I flew several flights for the CIA into Moscow during the Cold War period, including one flight in the summer of 1976, when a load of M 16 rifles were off loaded. The load had been brought to Crittenden Air Transport at Manila by Southern Air Transport. A load of Russian AK 47s were then loaded on the C-130 and flown to San Salvador in El Salvador. At San Salvador, the unloading of the arms was coordinated by John Forsyth, who worked for James Pennington, the CIA’s liaison to Anastasio Somoza, who headed the Nicaraguan government." On le voit, les marchands d’armes et la CIA travaillent la main dans la main depuis longtemps déjà... Le Nicaragua étant un bon exemple de ces liens. Aujourd’hui, nous dirions... la Colombie.
Ces derniers temps, les derniers appareils de Southern, dix énormes 747 Cargos étaient immatriculés à Columbus-Rickenbacker, en Ohio. Des avions souvent discrets en décoration que ces 747. La base est une base militaire connue sous le nom de Lockbourne-AFB, et est celle des ravitailleurs KC-135 de l’ir Force, après avoir été celle des B-47 et des B-45 de reconnaissance photo ou celle des C-119 des "opérations spéciales" au Vietnam. Des opérations comprenant des C-123K les "Thunder Pigs" si efficaces pour arroser le Vietnam d’agent orange, opérations aussi contrôlées par la CIA. L’opérateur de la CIA était entré dans l’Histoire en 1986 quand un de ces avions avait été abattu au Nicaragua, et un de ces pilotes échappé en parachute capturé, révélant au monde entier le dossier Iran-Contras de l’ère Reagan. "The contras provided both protection and infrastructure (planes, pilots, airstrips, warehouses, front companies and banks) to these ClA-linked drug networks. At least four transport companies under investigation for drug trafficking received US government contracts to carry non-lethal supplies to the contras. Southern Air Transport, "formerly" ClA-owned, and later under Pentagon contract, was involved in the drug running as well. Cocaine-laden planes flew to Florida, Texas, Louisiana and other locations, including several military bases. Designated as ’Contra Craft,’ these shipments were not to be inspected. When some authority wasn’t clued in, and made an arrest, powerful strings were pulled on behalf of dropping the case, acquittal, reduced sentence, or deportation.". On le voit, rien n’a changé, c’est toujours armes contre drogue... la Colombie ayant remplacé le Nicaragua. La CIA se nourrissant depuis toujours des revenus de la vente de drogue (on comprend pourquoi dans ce cas le pavot demeure une culture aussi florissante en Afghanistan !).
En 2002 l’agence en difficultés est reprise par un entrepreneur, James Neff. Puis revendue à un fond d’investissement Oak Hill Capital Partners, apprenait-on ce mois-ci avec surprise. A peine rachetée, elle partageait déjà un énorme contrat avec United Parcel Service, autrement dit UPS. Mieux encore, puisque, le 26 avril, Boeing annonçait avoir vendu six nouveaux cargos 777 à la firme dont on ne comprend pas aujourd’hui la subite résurrection, à moins d’avoir de la part de la CIA de plus gros transports à faire dans les mois à venir. Oak Hill est dirigé par un des frères de la vorace famille Bass, Robert M. Bass, un Texan ayant basé sa fortune de départ sur le pétrole et aux ambitions sans limites. Il a été l’un des rares à vouloir racheter le Crédit foncier en 1998. Aux dernières nouvelles, il était sur les rangs au Bourget pour construire le premier jet d’affaires supersonique, l’Aerion. La CIA pourra se rendre plus vite dans le monde entier avec cet appareil. New York à une heure de Miami, Paris-New York en trois heures : un mini Concorde. On est loin des cargos, là. Mais la CIA veut avancer vite aussi, semble-t-il, aujourd’hui... de là à ce qu’on aille à Guantanamo en trois petites heures seulement... Aux dernières nouvelles, si Southern Air Transport ne semblait pas encore vouloir faire voler les poulet congelés, notre pilote chevronné Jorma Ijäs était toujours à la tête de Cortran, Allen Pope arborait fièrement sa légion d’honneur toute neuve, et les ports ukrainiens étaient en plein équipement de modernisation "face à la demande mondiale", avec l’arrivée en septembre 2007 de deux nouvelles grues de 45 tonnes. Les trafics d’armes légères ne sont donc pas près de s’arrêter. Au Liban, depuis cette semaine, il semble bien qu’on en utilise à nouveau surgies d’on ne sait où. Enfin, presque.
La prochaine fois, nous évoquerons donc le sort actuel du Liban et celui du Hezbollah, ravitaillé lui aussi par les avions de Victor Bout, celui du consul du Liban à Bucarest, les activités délictueuses d’IB, et ses liens avec les diamantaires d’Anvers. Un sujet qui est en ce moment l’une des questions fondamentales au procès en cours de Charles Taylor. Sans oublier un autre cargo fort célèbre, celui de Yasser Arafat... Nous n’en avons donc pas encore terminé avec nos fameux conteneurs.
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