Ces insurgés Libyens, dont on ne veut savoir grand chose
Quand, dans la presse et les médias, à propos des heurts en Libye, le terme four-tout de "Manifestants", qui au fil des images provenant de Libye, de rebelles armés chassant les mercenaire Africains de Kadafi, devenait difficile a tenir sans tomber dans le ridicule, fit place au terme tiroir, non moins vague "d'insurgés dont on se sait pas grand chose" et ce de façon systématique , Il m’est apparu comme intéressant, voir nécessaire de gratter un peu la zone d'ombre.

Donc, ni une ni deux, en internaute lambda, un petit coup de revue de presse internationale , quelques recherches wiki (en approfondissant un peu les sources), et voici un tableau non-exhaustif, et qu'il conviens de prendre avec une pincée de sel. Mais qui je l’espère donnera un aperçu de l’opposition libyenne et permettra de former une perspective ainsi qu’une rétrospective un peu plus pertinente, que ce que les média veulent bien nous donner sur des forces et groupuscules Anti-Kadafiste en présence.
Et il est aussi important de noter que la France, en tous cas son appareil d'état, devrait bien connaître son dossier libyen pour si être frotté au Tchad (ancienne colonie française et voisin immédiat au sud de la Libye), dans les années 80 avec les opérations Manta et Épervier 1984 et 1986 (sous F.Mitterand)
Il existe pas moins d'une vingtaine de groupes d'opposition Libyen en exil, répertoriés en tant qu'organisations, qui participèrent plus ou moins activement à plus de 40 ans de guerre secrete contre la Libye.
Je ne traiterai ici que de deux à trois des principaux groupes qui eurent ou ont un impact international signifiant de par leurs actions et/ou allegeances et ce, sans rentrer dans les composantes tribales ou ethniques.
Commençons par le plus ancien et plus gros groupe qui comptabilisera en 1987 une branche armée d’environ 2000 « irréguliers »
Le "Front National de Salut Libyen" (National Front for the Salvation of Libya –NFSL ou Libyan National Salvation Front - LNSF) et "L'armée Nationale Libyenne" (Libyan National Army - LNA )
Le NFSL est formé le 7 Octobre 1981 a Khartoum au Soudan ce qui donna lieu a une conférence de presse, et dont le dernier Congrès date de juillet 2007 aux Etats Unis.
Il a pour but avoué le renversement du régime de Kadafi. Le groupe restera basé au Soudan jusqu’en 1985 avec la chute du régime en place du Colonel Nimerey.
Son premier chef de file fut Muhammad Yusuf al Magariaf, ancien ambassadeur de Libye en Inde.
Il est actuellement présidé par un secrétaire général désigné en 2001 et reconduit lors du congres de 2007, Ibrahim Abdulaziz Sahad, ancien militaire et diplomate Libyen
Le 17 Avril 1984, le NFSL organise une manifestation à Londres devant l'ambassade de Libye, s'en suit une fusillade ou 11 personnes furent blessés et une jeune policière Britannique, Yvonne Fletcher décéda de la suite de ses blessures. Les tirs furent attribués à des agents au sein du personnel de l'ambassade Libyenne, qui auraient tiré des rafales de pistolet mitrailleur, depuis le deuxième étage de l’ambassade ce qui donna lieu a un siège de plus de onze jours, qui pris terme avec avec un départ négocié des diplomates libyens et déboucha sur la rupture des liens diplomatique entre la La Grande Bretagne et la Libye.
Cependant plusieurs experts en balistique y compris au sein de l’armée Britannique dont le Lt-Col George Styles ainsi que le Médecin légiste du « Home Office », Hugh Thomas, émirent des doutes sur la provenance des tirs imputés, aux vues des angles de pénétration des balles sur les victimes.
Suivant le principe du « Cui bono » Il n’est pas trés difficile de supputer une opération déstabilisation sous faux drapeau du type « on tir sur des manifestants/ opposants qu’on a pris le soin de rameuter et on impute la faute au bouc émissaire du moment », qui n’est pas sans rappeler le putsch raté contre Hugo Chavez orchestré en 2002 par l'administration Bush et la jeune actrice Iranienne Neda Soltani laissé sur le carreau lors des manifestations dites « révolution twitter » de 2009 en Iran, parmi d’autres.
La Libye finira cependant par endosser la faute ainsi que l’attentat de Lockerby lors de son rapprochement avec l’occident et les instances de sécurité Onusiennes.
Le meurtre d’Yvonne Fletcher fut un facteur déterminant dans l’accord donné par Margareth Tatcher à Ronald Reagan pour le bombardement de la Libye en 1986 par USAF a partir ses bases au Royaume Uni.
Peu après sur le territoire Libyen la seul action connue des commandos du NFSL fut la tentative d'attaque du QG de Kadafi à la caserne de Bab al-Aziziyah le 8 mai 1984. Son chef Ahmed Ibrahim Ihwas fut capturé alors qu'il tentait de franchir la frontière Libano-Tunisienne, il s'en suivit l'arrestation de plus de 2000 personnes en Libye et la pendaison de huit en place publique. - Sources : U.S. Library of Congress
L'année suivante en 1985, les E.U. sous l'administration Reagan firent part via l'Admiral John M.Poindexter , a l'Egypte de Moubarack d'envahir la Libie suivant un plan issu du National Security Council et Robert M. Gates, mais Le President Moubarack refusa. Proposition qui fut revelée par le Washigton Post et reprise par d’autre quotidiens US. - Sources : Nytimes
Le NFSL dispose au milieu des années 80 de bases au Tchad et il est (suivant plusieurs sources) financé principalement par les E.U. et Israël ainsi que d’autres nations. Les archives officielles U.S. indiquent que le financement de la guerre secrète contre la Libye venait aussi de l'Arabie Saoudite, d'Égypte du Maroc, d'Israël ainsi que d'Irak. Il (le NFSL) recevrait aussi l'appui de la CIA et des services Français.
Il est bon de rappeler que le Tchad fut considéré comme protectorat français à partir de 1900, fut érigé en colonie en 1920 dans le cadre de l'AEF (Afrique équatoriale française). Sous l'impulsion du gouverneur Félix Éboué, il fut la première colonie française à se rallier à la France libre en 1940. Le Tchad accède a son indépendance qu’en 1960 sous la présidence de François Tombalbaye. La moitié nord du pays restera sous contrôle de l’armée française jusqu’en 1965..
Il s’en suit plusieurs crisses et interventions dans les années 70 entre Tripoli, N’djamena et Paris.
Et de noter que les Forces Françaises seront en force au Tchad de 1983 à 1984.
Puis de 1986 a nos jours.
Opérations Manta et Épervier lors du conflit Tchado-libyen en soutient du gouvernement Tchadien d’Hissène Habré.
Et dont la dernière phase du conflit en 1987 fut nomé « la guerre des Toyota »
Puis l’Opération Dorca est venue se greffer sur l'opération Épervier en 2004 lors des événements du Darfour et en suite au sein de L’EUFOR jusqu’en 2009.
En août 2010, le président Tchadien Idriss Déby remet en cause la présence militaire française au sein d'Épervier (environ 1100 hommes) dans son pays en l'absence de contreparties financières, après avoir obtenu le départ de la MINURCAT de l'ONU pour fin 2010.
Le NFSL fini par se constituer d’une réserve d'environ 2000 rebelles Libyens capturés par l'armée Tchadienne qui firent allegence au NFSL et formerent de facto la LNA en 1987
La LNA fut subséquemment obligée de quitter le territoire Tchadien en 1990 quand le Président Hissène Habré fut renversé par Idriss Déby (Pro Kadafi)
Ayant apparemment abandonné l’idée du renversement du régime de Kadafi par la force armée, Le NFSL re-apparaît ensuite en Juin 2005 lors de la 1ere Conférence Nationale de l’Opposition Libyenne (NCLO) qui se tiendra à Londres
Le NFSL pparaît etre encore a ce jour un interlocuteur privilégié pour l'occident.
La Conférerence Nationale de l’Oposition Libyenne (NCLO)
NCLO qui revendiquera ertre a l'initiativede l'appel du « Jour de la Colère » 17 février 2011, sur Facebook lancé à partir de Londres pour commémorer le massacre de la prison de Abou Sélim de 2005 qui sonera le coup d’envoi de la trente neuvième tentative de renversement Kadafi en l’espace de quarante ans (sic).
Il apparaît concomitamment dans un article du Daily Mail daté du 25 Mars 2011 que pas moins de 350 SAS et SBS britanniques seraient a l’oeuvre alors en Libye depuis déjà un mois. - Sorce : the Daily Mail
Le Groupe de Combat Islamique Libyen ou Al-Jama’a al-Islamiyyah al-Muqatilah bi-Libya - Libyan Islamic Fighting Group – LIFG
Le LIFG est une des faction Anti-Kadafiste qui fait parler d’elle en ce moment et dont les liens étroit avec Al Quaida lu valurent de figurer dans la liste des associés de Ben Laden par le comité 1267 du Conseil de Sécurité des Nations Unis, dit "comité des sanctions Alquaida et Talibans".
L'agence de presse Italienne Adnkronos International rapporte que Le LIFG est formé en automne 1995 en Afghanistan par Abu Laith Al Libipar et est composé des Libiens ayant combattu les forces de l’Union Soviétique en Afghanistan auprès des Moudjahidin.
Ses objectifs sont le renversement du régime de Kadafi et l’instauration d’une république Islamique en Libye
Le LIFG revendiquera la tentative d’assassinat de Mars 1996 a l’encontre de Kadafi dans la ville côtière de Sirte, qui selon David Shayler (ex agent du MI5 de 1991 a 1996) fut en parti financé par le MI6 a hauteur de 100,000 livres .
L’engin explosif fut mis sous la mauvaise voiture, Kadafi echapa a l’attentat, mais plusieurs civils perirrent.
Le LIFG continura de porter quelques attaques sur les forces de securité libyennes jusqu'à la fin des Années 90.
Le LIFG nie a cette époque avoir de liens avec AlQuaeda malgres une genèse partagée en temps et lieu et insiste sur le fait que leur terrain d’action est circonscrit à la Libye et ne vise pas la population civile.
En 1999 Shayler fit parvenir un dossier documenté comportant preuves et noms des intervenants au Home secretary Jack Straw qui declara qu’il se pencherai sur l’affaire, le dossier fut transmit au Conseil de Securité du Parlement et la police Britanique.
Le LIFG fut finalement interdit en Grande Bretagne et porté sur la liste des organisations terroristes en 2005.
Mention suivit par l’ONU en février 2006 qui publia une liste de cinq responsables du LIFG ayant des liens avec AQ, le GIA l’un d’entre eux recherché au Maroc en connexion des attentats de 2003 à Casablanca, ainsi que quatre entreprises soupçonnées de financer le groupe
De 2007 à 2009 une guerre de communiqués fait rage au sein du groupe entre ex membres et leader proclamés, les uns prônant l’arrêt de la lutte armée les autres déclarant que le groupe avait rejoint Al Quaeda, puis finalement que le groupe fit scission avec AQ en 2009.
En 2008 Al Jazeera rapporte que 90 membres du LIFG sont relachés des prisons Llibyennes
Parmi les libérés figure Abdel-Hakim al-Hasidi qui capture en 2002 au Peshawar (Pakistan ) fut confié aux troupes US en Afghanistan puis transféré en Libye
Abdel-Hakim al-Hasidi apparaît aujourd’hui comme le Leader du LIFG en Libye et confie dans un interview au quotidien Italien « Il Sole » repris par « The Telegraph »
« Qu’il avait initialement recruté 25 hommes de la zone de Derna afin de combattre la coalition US en Irak, certain de ces hommes sont aujourd’hui dans les premières lignes à Adjabiya.
Il précise notamment que ses hommes sont de bons patriotes et de bons musulmans, pas des terroristes. Et d’ajouter, que les membres d’Al Qaeda sont aussi de bon musulmans qui combattent l’envahisseur » - Source : The Telegraph
La veille du 17 Février 2011 (Jour de la colère) Moammar Kadhafi tente de désamorcer la contestation en proposant de doubler les traitements des fonctionnaires et relâche 110 autres détenus du Groupe islamique de combat libyen. Seuls 30 membres de ce groupe, restent en détention.
Le LIFG semble malgré son peu de troupes, être aujourd’hui la faction qui semble la plus active sur le territoire Libyen, en tous cas en termes médiatique
Les transfuges Lybiens de la France
Si on se refere aux informations apparues via le resau Voltaire issue du journaliste de la droite libérale italienne Franco Bechis, sur l’action Francaise de déstablisation de la Libye, c’est dès novembre 2010 (avant le Noel de MAM en Tunisie, de la chute de Ben Ali et de Moubarack) que l’offensive et le reversement de Kadafi se preparait - Sources : Résau Voltaire
Vers une partition de la Libye, Le spectre du Kosovo ?
Ne voulant pas trop charger mon premier article ni trop me disperser, je m’arrêterai là..
J'aimerais pourtant souligner les similitudes entre L’opération aujourd’hui en Libye et l’intervention de L’Otan en Serbie, de la partition du Kosovo, dans le traitement médiatique comme dans les alliances et rapprochements dit « contre nature »..., peut être lors d’un prochain article si ce premier est publié.
En espérant que vous serez indulgent avec moi, aussi bien sur la forme qui devrait receler nombre de fautes que sur le fond, forcement réducteur en termes de vision d’ensemble.
Quelques autres sources utilisées :
Peter Dale Scott : Who are the Libyan Freedom Fighters and Their Patrons ?
Wikipedia : sur les differents groupes cités NFSL – NCLO - LIFG
images d'illustration source AP. - titre original en légende : Determined : A Libyan rebel grimaces as he prepares for combat in Benghazi
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