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Cette belle jeunesse en lutte pour ses idéaux...

C’était du 14 au 16 octobre dernier, à l’hôtel Marriott de Mexico. Les représentants de 39 mouvements de jeunes du monde entier sont réunis pour le 2e Sommet de l’« Alliance of Youth Movements ». Le thème principal de la rencontre ? L’utilisation des outils technologiques du 21e siècle par les mouvements de masse luttant pour un changement social positif. En clair : comment utiliser les réseaux sociaux de type Twitter, Facebook, blogues et autres outils web pour promouvoir la démocratie, la paix et les droits de l’homme dans le monde ?

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Manifestation étudiante au Venezuela
Aux côtés des délégués des mouvements de jeunesse, le sommet réunit des représentants des secteurs tant public que privé : fonctionnaires gouvernementaux, universitaires, chefs d’entreprise du monde entier. De fait, l’événement est parrainé par une belle brochette d’entreprises faisant affaire sur le web : Causecast.org, Facebook, Gen Next, Google, Hi5, Howcast Media, MTV, MySpace, PepsiCo, Univision Interactive Media, WordPress.com et YouTube.
 
Et puis surprise (qui n’en est pas vraiment une) : le Département d’État, en la personne de Hillary Clinton, appuie également l’initiative en bonne et due forme, allant jusqu’à envoyer un message vidéo aux participants. Là, le sommet prend tout à coup une autre dimension...
 
Dans la ligne de Washington
 
Mais quels étaient donc ces mouvements de jeunesse qui ont été invités à participer, tous frais payés, à ce 2e Sommet ? Je vous en donne la liste complète :
  • 48 Hour Hunger Strike in Saudi Arabia : Solidarity with Detainees in KSA (Arabie Saoudite)
  • A Better LA (U.S.A.)
  • Burma Global Action Network (Birmanie, basée aux U.S.A.)
  • Conflict Mediation Services of Downsview (Canada)
  • Corporación Foro del la Juventud Guayaquil (Équateur)
  • Cuba Development Initiative (Cuba, basée aux U.S.A.)
  • Developing Minds (Brésil)
  • Etemad Melli (Iran, basée en Grande-Bretagne)
  • Full Court Peace (Irlande)
  • Genç Siviller (Turquie)
  • Genocide Intervention Network (U.S.A.)
  • Grupo Cultural Bagunçaço (Brésil)
  • Iluminemos Mexico (Mexique)
  • In memory of all those who died in the 26th-27th November MUMBAI massacre (Inde)
  • Invisible Children (U.S.A.)
  • JuventudDes (Pérou)
  • LoonLounge (Canada)
  • Latytud Project (Venezuela)
  • México SOS Sistema de Observación para la Seguridad y la Justicia (Mexique)
  • México Unido contra la Delincuencia A.C. (Mexique)
  • Movimiento Joven de Venezuela (Venezuela)
  • Pro-Líderes (Guatemala)
  • Projeto Axé (Brésil)
  • Quilliam Foundation (Grande-Bretagne)
  • Raíces de Esperanza (U.S.A.)
  • S.E.T. (Students Expressing the Truth) Foundation / Inmate Diaries (Jamaïque)
  • Sri Lanka Unites (Sri Lanka)
  • STAND (U.S.A)
  • Tehran Bureau (Iran, basée en Grande-Bretagne)
  • The Nut Graph (Malaisie)
  • The People’s March (Grande-Bretagne)
  • ThinkMoldova (Moldavie)
  • To Write Love On Her Arms (U.S.A.)
  • Un Millón de Voces contra ETA (Espagne)
  • Un Millón de Voces contra las FARC (Colombie)
  • Un Mundo Sin Mordaza (Venezuela)
  • Viva Favela (Brésil) Voces Bolivianas (Bolivie)
  • Youth for Tolerance (Liban)
Je n’ai pas la prétention de connaître toutes ces organisations. Mais un examen ne fût-ce que superficiel permet d’affirmer que la plupart d’entre elles se situent résolument dans la ligne de Washington : elles sont clairement d’obédience libérale, voire néo ou ultra-libérale, comme il se doit.
 
Pays « problématiques » 
 
Comme par hasard, les pays « problématiques » pour le Département d’État sont particulièrement bien représentés dans la liste. Pour ceux-ci (Iran, Venezuela, Bolivie, Équateur, Cuba, Birmanie, Moldavie), il n’y a aucun doute : les organisations de jeunesse représentées au sommet militent fermement dans l’opposition au régime en place. Par contre, dans les pays « amis », comme la Colombie ou l’Espagne, elles s’opposent expressément aux organisations qui se disent « révolutionnaires », FARC ou ETA.
 
Par exemple, pour le Venezuela, représenté exceptionnellement par trois organisations, il n’y a rien de plus transparent : les délégués présents ne sont autres que les représentants du mouvement étudiant qui depuis trois ans s’affirme comme le fer de lance de l’opposition anti-Chávez. L’un d’eux est Yon Goicochea, ex-dirigeant étudiant de l’Université catholique Andrés Bello maintenant reconverti à la politique, récipiendaire en 2008 du Milton Friedman Prize for the advancement of liberties, qu’octroie le Cato Institute, le principal think tank libéral américain.
 
Twitterrévolution
 
Voyons de plus près les thèmes principaux traités au sommet :
  • L’utilisation des réseaux sociaux pour provoquer le changement (avec la projection de la vidéo Comment utiliser Twitter pour provoquer le changement et la participation, notamment, de Jack Dorsey, fondateur et président de Twitter, et de Steve Grove, directeur de l’information politique chez YouTube.
  • Les médias sociaux comme outils pour la promotion des droits humains
  • L’utilisation de la vidéo virale pour provoquer le changement
  • Les médias sociaux et la bonne gouvernance
  • Comment utiliser les médias sociaux pour combattre la violence due aux drogues
  • Étude de cas : la twitterrévolution en Moldavie
  • Comment gagner l’attention des médias mondiaux
À travers son action, l’Alliance of Youth Movements cherche donc à moderniser l’activisme traditionnel des mouvements de jeunes en y intégrant les nouvelles technologies. Un manuel pratique (Field Manual) a été édité pour montrer en détail comment procéder concrètement : le recrutement, l’élaboration du discours, l’action...
 
En d’autres termes, il s’agit de former dans le monde de jeunes leaders capables d’utiliser les outils du 21e siècle pour promouvoir les grands idéaux classiques de la démocratie étatsunienne. Sont mis en avant les droits de l’homme, la bonne gouvernance, la démocratie et la paix, thèmes particulièrement chers à la diplomatie étatsunienne. En un mot, il faut faire des mouvements de jeunes les porte-parole des valeurs fondamentales de l’Occident.
 
De plus, l’Alliance of Youth Movements vise aussi à fédérer, de par le monde, des organisations de masse autour de ces mêmes valeurs, en leur permettant d’échanger entre elles de « bonnes pratiques » d’activisme politique.
 
Opération de charme
 
Nul doute que ces beaux idéaux ont tout pour séduire certaine jeunesse encline à admirer tout ce qui vient des États-Unis. Si en plus les outils proposés pour l’action –Twitter, Facebook et autres réseaux sociaux– sont ceux utilisés par cette nouvelle génération, qui se les est appropriés depuis longtemps, la séduction n’en sera que plus totale. On se trouve donc en présence d’une vaste opération de charme, destinée en fin de course à influencer, au travers de ces mouvements de masse, des millions de jeunes dans le monde.
 
Que le Département d’État se trouve nommément derrière cette opération n’échappera sans doute pas aux leaders des organisations participantes. Mais que dire des millions de jeunes que ces organisations mobilisent ? Les voilà engagés derrière un parrain dont ils ne soupçonnent peut-être pas la présence. On se trouve là au bord de la manipulation pure et simple, avec pour objectif ultime la conquête des esprits, nerf de la guerre.
 
Pas dupes 
 
Aussi, lorsque vous verrez des jeunes descendre dans la rue, que ce soit au Venezuela, en Iran, en Moldavie, ou même au Mexique, en Colombie, ne soyez pas dupes : ils pourraient ne pas être aussi purs et innocents qu’ils veulent bien le proclamer. Et leurs mouvements pourraient ne pas être aussi spontanés qu’il n’y paraît. Que les milliers de manifestants en soient conscients ou non, la grosse main de Washington se trouve bel et bien derrière eux. Et nous ne parlons pas ici des dollars sonnants et trébuchants qui pourraient tomber, par quelque voie détournée, dans les escarcelles de ces mouvements de jeunesse...
 
L’opération de charme lancée par l’Alliance of Youth Movements n’est pas terminée : un troisième sommet aura lieu très bientôt, du 9 au 11 mars 2010, six mois à peine après le précédent. Le lieu choisi ? La ville de Londres, qui est, comme par hasard, le siège de nombreuses organisations de l’opposition d’Iran, de Moldavie et de plusieurs pays musulmans...
 
Mine de rien, nous voici en présence d’une nouvelle guerre froide qui, décidément, ne veut pas dire son nom.
 
 

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10 réactions à cet article    



    • Jean-Luc Crucifix Jean-Luc Crucifix 24 février 2010 13:10

      Vincent, merci pour ces deux liens éclairants.


    • Julius Julius 24 février 2010 14:58

      Grand « merci » aux Américains pour aider tous les peuples opprimés qui luttent pour leur liberté. Aujourd’hui comme hier.


      • Philou017 Philou017 24 février 2010 15:08

        On les aide surtout à devenir plus coopératif avec les intérêts américains.


      • Julius Julius 24 février 2010 17:09

        Il ya une longue histoire de ces organisations sans USA et Canada. Pacte de Varsovie, COMECOM, ... smiley Toujours une réussite fascinante - directement à l’enfer.

        En tout cas, Orlando Zapata Tamayo ne sera pas là. Il vient d’être assassiné par vos camarades cubains.

        (C’est révélant, comment le (néo-)bolcheviques, comme Mr.Maugis, ne sont pas capables de discuter sans insultes.)


      • Jean-Luc Crucifix Jean-Luc Crucifix 24 février 2010 19:39

        @Michel Maugis
        Ton chaviste light favori est ravi que tu aies apprécié son article smiley


      • Philou017 Philou017 24 février 2010 15:03

        Merci pour cet éclairage.

        Concernant Twitter, il a bien été utilisé en Iran pendant les élections comme instrument de manipulation. A mon avis plus à destination des pays étrangers que des Iraniens eux-mêmes, qui sont peu sur Internet.

        Des faits :
        La déstabilisation de l’Iran sur Twitter par des agents Israéliens

        Destabilization 2.0 - Soros, the CIA, Mossad and the new media destabilization of Iran

        Les Etats-unis sont bien sûr derrière ces manipulations.

        C’est assez bluffant de voir la manière dont ces pouvoirs récupèrent des outils sociaux pour faire passer de nouvelles formes de propagande / déstabilisation. Même avec internet, ils essaient et essaient encore...


        • anty 24 février 2010 21:12

          Chavez le valet servile d’une idéologie qui naguère a sévit dans l’Est Européen ne tiendras plus longtemps face à une opposition de plus en plus déterminée pour sauver une démocratie qu’il veut assassinée.


          • Le péripate Le péripate 24 février 2010 21:27

            Il y aurait un gramscisme libéral ? C’est à dire une manipulation des esprits par l’occupation de tous les lieux où se forment les esprits ?

            Peut-être bien. Les ennemis se ressemblent en s’imitant. Comment lutter contre l’ennemi qui contrôle les médias « main-stream » ?

            Le net, un espace libertarien.

            Vous n’avez pas fini de tenter de colmater les fuites.


            • anty 24 février 2010 22:32

              Camarade Maugis ton score capitaliste et stalinien m’inquiète.
              Tu es en train de confisquer les points à la classe laborieuse d’AV.
              Les points qui lui revienne de droit

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