Charia libyenne
Il semble à peu près certain que les heures du régime de Kadhafi soient comptées. Les défections de dernière minute sont de plus en plus nombreuses.
La Ligue arabe vient de se ranger aux côtés de ce qu'il faut bien appeler désormais le gouvernement légitime libyen.
L’opposition armée a gagné sur presque tous les terrains sauf dans les territoires tenus par les tribus fidèles au Colonel. Tripoli est aux mains du Conseil National de transition.
Le fils le plus en vue du dictateur, Seif Al Islam, s'est rendu sans résistance et est aux mains de la rebellion (lire les exploits du Monsieur ici).
Mais le régime lance toujours des appels à la révolte contre l’Occident et les traîtres.
On se souvient de Saddam Hussein et Tarek Aziz lançant à la radio des communiqués triomphateurs le 9 avril 2003 alors que la 1° division blindée américaine prenait possession de la capitale.
Les tyrans ont toujours beaucoup de mal à accepter la réalité.
Pendant ce temps, le Conseil national de transition clame haut et fort qu’il sera respectable et respecté, adoubé par Barak Obama. Il a annonçé cette nuit à la télévision que les jeux étaient faits.
Il a renouvelé sa confiance envers ce conseil dont le moins qu’on puisse dire est qu’il est composé de personnalités hétéroclites. Rien ne dit qu’ils s’entendront après la victoire.
Tout laisse supposer le contraire.
Depuis le 19 mars, deux jours seulement après une résolution de l’ONU, l’OTAN a entamé sa guerre d’usure contre les forces loyalistes libyennes.
Dimanche soir, les rebelles ont pénétré dans la capitale et Kadhafi serait encerclé dans sa résidence. C'est l'euphorie dans la capitale, un sentiment bien compréhensible.
Depuis quelques semaines, prévoyant cette issue, on travaillait en coulisse à préparer l’avenir.
Les diplomates et juristes libyens ont beaucoup oeuvré. Ils ont rédigé une « Déclaration constitutionnelle ».
Ce texte, pavé de bonnes intentions, est symptomatique des courants intellectuels et des traditions qui traversent l'opposition et qui vont certainement l'empêcher de mener son action jusqu'au bout.
Cette "constitution" trace les contours d'un « État démocratique », fondé sur « le pluralisme politique », garantissant les libertés publiques et individuelles, les droits humains fondamentaux et l'égalité des chances.
Beau programme !
Un seul bémol : le texte affirme que la charia, la loi islamique, est la « source principale de la loi ».
Dans quelques mois, il sera toujours temps de voir comment la charia peut garantir la liberté de conscience.
Mais les Libyens risquent fort de ne pas pouvoir vivre cette notion fondamentale avant plusieurs années.
Ils risquent fort de constater que la paix doit se gagner plus rudement encore que la guerre.
Pendant ce temps, un autre dictateur continue à se pavaner en Syrie, massacrant son peuple. Mais, pour ce pays, aucune intervention armée n’est prévue, ni aucun vote de l’ONU.
Dame ! il faut bien que les valeureux soldats de la coalition internationale se reposent avant d’ouvrir un autre front.
Paul Lémand
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