Chauprade et la Libye
Suite à la parution de la nouvelle version de sa « Chronique du choc des civilisations » et compte tenu de la vidéo proposée par Taïké Eilée, j’ai choisi d’écrire cet article sur ce qu’il révèle de sa pensée au sujet de la situation en Libye. Il n’est pas de mon intention de promouvoir Chauprade plus qu’un autre auteur par conviction mais parce qu’il propose une vision vulgarisée sur la situation en Libye (p 52 à 55).
Il ne s’attarde pas plus que ça sur l’histoire du territoire libyen mais évoque le fait que ce n’est pas un Etat-nation mais une addition de 3 provinces (Tripolitaine, Fezzan et Cyrénaïque) en compétition les unes par rapport aux autres dont l’unité du territoire s’est faite par l’idéologie de la révolution de Kadhafi (Jamahiriya), en 1969, sans supprimer les logiques tribales. Il évinça la monarchie des Senoussis issue du courant soufiste (rigoriste et conservateur abritant les djihadistes les plus radicaux) fondé en 1842 à Al-Baida. Ce serait ce courant que visait Seif Al Islam de bain de sang lors d’une allocution, qui servit de prétexte aux Occidentaux pour intervenir. Une espèce de tradition tribale et bédouine pour punir les tribus rebelles comme ce fut le cas à Bahreïn et au Yémen.
La chute des régimes en Tunisie et en Egypte a donné un prétexte aux provinces rebelles pour se soulever contre Tripoli, et, des combats ont opposé les forces loyalistes (Tripolitaine) aux rebelles de Benghazi (Cyrénaïque) qui abriterait le Libyan Islamic Fighting Group (LIFG) créé en 1995 par les djihadistes libyens ayant participé en Afghanistan, en Bosnie, en Tchétchénie et en Irak. La presse occidentale a évoqué la présence de mercenaires noirs avec Kadhafi ce que Chauprade explique par le fait que ceux sont des Toubous (Libyens vivant dans le désert prés des montagnes du Tibesti). La Libye a été dirigée vers l’éclatement de son équilibre tribal qui se maintenait grâce à la manne pétrolière.
Si la Cyrénaïque se tourne vers l’Egypte, pour trouver un soutien, et le Moyen-Orient, la Tripolitaine est fixé sur le Maghreb dont l’Algérie par peur de contagion révolutionnaire, l’aiderait discrètement. En prenant en compte le rapprochement de l’Algérie et de la Libye avec Moscou pour le pétrole et le gaz, associé au fait que c’est l’Italie qui profitait le plus des ressources libyennes, le renversement de Kadhafi servirait les intérêts de BP et Total. L’après Kadhafi semble promis à la guerre civile et pour redistribuer les cartes énergétiques, les Occidentaux vont se retrouver devant une population armée, une guerre tribale prévisible comme dans l’après Saddam Hussein et le rôle que joueront l’Algérie et l’Egypte avant de retrouver la stabilité.
Quatre pages qui laissent des questions en tête. En réhabilitant Kadhafi, en 2007, à quoi ont joué la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni pour au final l’attaquer ? Avec le jeu des grandes puissances en Afrique, quels intérêts la monarchie des Senoussis servait-elle ? Pouvons-nous établir des liens entre les révoltes arabes et la crise financière et économique de 2008 ?
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