Chavez rompt avec la Colombie
La Colombie a dénoncé le Venezuela devant l’organisation des Etats Américains, OEA, pour sa protection à la FARC. Le Venezuela a répondu en coupant les liens. Ce n’est pas la première fois que la Colombie accuse et à chaque fois le Venezuela réduit les contacts et le commerce. Qu’y a-t-il vraiment derrière tout ce cirque répétitif ?
Il y de nombreuses années que l’ont sait que l’organisation narco-terroriste a son dos couvert dans le territoire vénézuélien. Les évidences sont abondantes. Par exemple Rodrigo Granda, terroriste de la FARC chargé des ’affaires etrangères’, vivait tranquillement au Venezuela jusqu’à ce que des militaires vénézuéliens, en conjonction avec la police colombienne, le saisirent pour le livrer aux autorités colombiennes. Cet incident en 2005 fut déjà une première occasion de graves problèmes diplomatiques entre les deux pays.
Depuis les incidents se sont multipliés. Par exemple Ivan Marquez, un des chefs de la FARC, fut publiquement reçu au Palais de Miraflores par Chavez en présence de la sénatrice colombienne Piedad Cordoba, ce qui conduit a un autre incident grave, qui forçait la fin du rôle de « médiateur » de Chavez pour tenter de libérer des otages de la FARC dont Ingrid Betancourt.
Peu de temps après Hugo Chavez lors de sont discours annuel a l’assemblée nationale demandat la reconnaissance de la FARC comme « belligérant ». De plus lors d’une des libérations d’otages (avant Ingrid Betancourt) nous pûmes voir et écouter l’ex ministre de l’intérieur Rodriguez Chacin être très proche, très supporter, des guérilleros FARC qui venaient apporter les otages à libérer au lieu dit.
Au Venezuela même nous sommes tout a fait au courant de la présence des FARC (et du ELN) chez nous, au point de savoir que certaines régions sont contrôlées par ces messieurs avec l’acquiescement de l’armée vénézuélienne qui ne lève pas le petit doigt pour contrer l’extraordinaire augmentation des taux de criminalité qui vient avec cette présence : kidnapping, extorsion, ‘impôts spéciaux’ et autres. Et ce depuis quelques années ce qui a même permis a de nombreux journalistes d’écrire des livres à ce sujet comme Roberto Giusti, ‘Pasion guerilla’.
Si depuis le président Chavez a mis un peu d’eau dans son vin et n’appuie plus ouvertement les FARC il n’en reste pas moins que son appui n’est plus à prouver, ni que les FARC utilisent le Venezuela quand il y a un besoin de repli devant les offensives de l’armée colombienne. On peu certes discuter l’étendue de cet appui mais cet appui ne saurait être contesté. Et le gouvernement de Mr. Uribe nous le rappelle à chaque occasion. Alors pourquoi en fin de mandat relancer ce problème d’une façon aussi complète, dans un forum international de poids, avec tout ce qu’il faut comme vidéo, documents et photographies ?
La première question à se poser ce n’est pas si ce que la Colombie a dit à l’OEA est vrai. Même si la moitie seulement l’était cela suffirait à inculper l’état vénézuélien devant l’opinion internationale. Et de toutes façons, si cela était faux il serait très facile pour le Venezuela d’autoriser une mission de l’OEA pour venir sur place examiner les faits et demander après des excuses publiques au gouvernent colombien, Mais Chavez non seulement a refusé la moindre possibilité de vérification mais il a rompu tout de go avec la Colombie, la première fois en un siècle que le Venezuela rompt ses relations diplomatiques avec un voisin. Pas de vérifications en vue donc, et donc un aveu plutôt direct de culpabilité, aggravé par la longue histoire de personnalités chavistes appuyant les FARC en paroles et en actions.
De nombreux observateurs ont cru bon d’y trouver un début de friction entre Uribe et son successeur, Santos, qui sera assermenté dans quelques jours. Uribe aurait voulu imposer sa politique étrangère à son successeur, comme un fait accompli. Mais, il est difficile de croire qu’ Uribe et son ex ministre de défense associés à toutes les grandes manœuvres contre la FARC pourraient soudainement se brouiller sur ce qui peut être les rapproche le plus. Non, l’explication est ailleurs.
Il y a deux façons de voir ce problème : localement et stratégiquement à l’échelle du continent.
Pour le voir au niveau local il faut d’abord oublier les agressions supposées des Etats Unis contre le Venezuela à travers de son fief colombien. D’abord ce pays n’est guère son fief sinon il y aurait belle lurette que le traité de libre commerce aurait été approuvé par le Congrès américain. Ces deux pays ont de très fortes raisons d’être alliés en dehors de toute inféodation impérialiste comme une certaine gauche aimerait nous le faire croire. Trois mots : trafic de drogue. Pour les Etats-Unis essayer de contrôler le trafic de drogue en provenance de la Colombie (et du reste de la région via la Colombie) est une nécessité impérieuse (ne discutons pas des causes de ce trafic, elles méritent un article à part). Pour la Colombie cette nécessité est encore plus forte car la FARC utilise les revenus du trafic de drogue qu’elle protége et facilite pour se financer et donc corrompre, menacer, et perdre l’état colombien.
Le succès du gouvernent d’Uribe à combattre les FARC a forcé le déplacement du trafic de drogue sous d’autres cieux et apparemment la protection de la FARC au Venezuela a attiré toutes sortes de trafiquants chez nous. Le régime de Chavez, maintenant hautement corrompu et très loin de ses idéaux d’origine a su donner un nouvel élan a ce trafic de drogue puisque les Nations Unies elles-même nous apprennent qu’au moins la moitié des captures en mer de vaisseaux chargeant de la drogue sont parties des cotes vénézuéliennes.
Avec un Venezuela en pleine crise sociale, économique, morale et donc politique on peut comprendre que Alvaro Uribe aie décidé en fin de mandat de remettre tous les compteurs à zéro et de pousser Chavez au bout du rouleau. Après tout la décomposition accélérée du régime chaviste pose de très sérieux risques à une Colombie qui s’extirpe avec succès de la récession économique mondiale. Alors que le gouvernent vénézuélien se perd en incompétence au point de laisser pourrir peut être 150.000 tonnes de nourriture importée pour les marchés populaires, la Colombie commence a sérieusement considérer les conséquences qui peuvent inclure, par exemple, des centaines de milliers de réfugiés économiques dans les prochaines années.
Finalement si nous voulons aller plus loin nous pouvons spéculer sur une stratégie à plus long terme pour la Colombie. La menace impériale pour l’Amérique du Sud n’est plus les Etats-Unis trop pris dans des conflits insolubles ailleurs. Non, cette menace vient du Brésil qui se voit déjà en propriétaire d’une nouvelle chasse gardée allant du Panama à la Patagonie. La tradition impériale du Brésil est de longue date, non seulement par sa propre période impériale du XIX siècle, mais par sa croissance vers l’Ouest à travers les Bandeirantes et autres envahisseurs et chasseurs d’esclaves indiens qui lui ont donné le contrôle de la moitie du continent. Un Brésil en pleine croissance économique depuis Cardozo commence à penser à un nouvel impérialisme économique qui lui assurerait un certain contrôle de la région. Le Venezuela aurait pu grâce a son pétrole devenir un butoir contre toute ambition brésilienne mais sous Chavez cette occasion a été perdue car celui-ci pour des rasions politiques a rendu l’économie vénézuélienne extrêmement dépendante du Brésil.
Le Venezuela écarté il ne reste que deux pays d’Amérique du Sud à pouvoir faire contrepoids au Brésil : la Colombie et l’Argentine. Cette dernière avec la création du Mercosur et ses problèmes intérieurs ne peu plus être un contre poids. Mais la Colombie, seul pays de la région avec accès au Pacifique et à l’Atlantique, pourrait créer une aire de prospérité avec le Pérou et le Chili. Le contre poids a la puissance brésilienne pourrait donc exister et forcer un arrangement à l’amiable entre égaux et non plus entre puissants et faibles. Ne me croyez pas si vous voulez, mais examinez la politique extérieure brésilienne sous le président Lula qui a favorisé le Venezuela, qu’il contrôle économiquement, à chaque fois contre la Colombie qui lui échappe complètement. Sans compter la grossière création de UNASUR qui ne vise qu’à exclure l’influence des Etats-Unis en Amérique du Sud au profit du Brésil. Il ne faut pas s’étonner qu’UNASUR aie toutes les peines du monde à s’imposer car en fin de comptes personne dans notre sous-continent n’est dupe ; l’échec d’UNASUR la semaine dernière à résoudre le conflit entre le Venezuela et La Colombie nous la montre comme une association probablement mort née.
De toutes façons le lecteur qui généreusement a lu jusqu’ici ne doit pas s’inquiéter : il n’y aura pas de guerre entre la Colombie et le Venezuela. Tout d’abord c’est Chavez qui a rompu et pas le Venezuela. Depuis que celui-ci est président, le Venezuela a cessé d’avoir sa diplomatie dirigée par les intérêts de l’état, ceux-ci étant remplacés dans toutes les ambassades vénézuéliennes par les intérêts de Chavez et son régime. Chavez a eu cette semaine la très mauvaise surprise de constater que la rupture avec la Colombie n’a pas soulevé le moindre enthousiasme populaire excepté chez les quelques chavistes idéologues. Je ne crois pas me tromper en estimant qu’au moins 75% des vénézuéliens ne veulent pas de guerre avec la Colombie ni ne croient en une invasion de celle-ci la main dans la main avec les Etats-Unis comme Chavez désespérément essaye de nous faire croire.
De plus, l’armée vénézuélienne, très corrompue, très peu entraînée pour ses fonctions, ne pourrait opposer beaucoup de résistance à une armée colombienne très entraînée, très efficace. Les gradés militaires vénézuéliens ventripotents (comparez les sur les photos avec les militaires gradés colombiens élancés) le savent et si Chavez voulait les forcer à une action belliqueuse quelconques il pourrait s’exposer à une très désagréable surprise.
Ni
Pourquoi attaquer le Venezuela alors que celui-ci ne fournit même plus le 10% du pétrole importé par les Etats Unis ? Il suffirait à Obama, s’il le voulait, d’arrêter les importations et en quelques semaines les foules en colère pourraient bien renverser Chavez avec l’appui des militaires corrompus préférant ne pas tirer sur la foule afin ne pas alourdir leurs dossier à
100 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON