Chine : les statistiques ne font pas la science, ni la monnaie, la richesse
Le PIB de la Chine croît à un rythme annuel de 9,7% depuis 27 ans, alors qu’on prévoit une croissance de 9% cette année. Il n’y a pratiquement pas eu de hausse des prix du panier de consommation depuis 1999, à l’exception de 2004 où cette hausse a été établie à un peu moins de 4%. La Banque centrale chinoise prévoit une hausse de 2% des prix dudit panier et une hausse de 16% de sa quantité de monnaie en circulation en 2006. Cette politique monétaire est en vigueur depuis plusieurs années (voir Shanghai Daily, XINHUA online, FRB Dallas, CHINA Daily et FRB St. Louis).
Peut-on conclure, à la vue de ces statistiques, que la Chine est sur la bonne voie ? Son PIB et son IPC ne sont-ils pas enviables ? À ne porter attention qu’à ces indices on pourrait le croire, mais la hausse de la quantité de monnaie en circulation exige une plus grande vigilance. Bien que l’augmentation de la quantité de monnaie en circulation, d’une année à l’autre, dans les pays riches, ne soit pas sans importance, l’augmentation de la quantité de monnaie chinoise, le yuan, pèse davantage. Pourtant, un pays en « émergence » n’a pas besoin de plus de monnaie qu’un autre, bien que plusieurs économistes le croient.
La plupart d’entre eux croient que la mise en circulation de monnaie devrait croître au même rythme que le PIB. Or, comme la plupart des pays du monde, la Chine augmente sa quantité de monnaie à un rythme beaucoup plus élevé que la croissance de son PIB « réel », c’est-à-dire le PIB moins l’inflation des prix répertoriés. En d’autres mots, la croissance du PIB ne correspond pas à la croissance monétaire. La pratique diffère de la théorie. Ce n’est pas que ces économistes ne soient pas entendus par les banques centrales, c’est qu’ils sont plutôt confus. Considérer les conséquences de l’inflation monétaire uniquement dans la hausse des prix des biens et des services de consommation est une grave erreur.
La monnaie de crédit est accompagnée de dette. Que la dette gouvernementale soit remboursée via les impôts et les taxes, financée par les investisseurs ou encore réduite par l’inflation, la population en paie la note, car ses choix sont réduits. Les prix de l’immobilier et des matières premières ont bondi en Chine depuis quelque temps, notamment sur la côte Pacifique, mais cela ne s’est pas traduit dans l’indice des prix à la consommation.
Les banques chinoises, contrôlées par l’État, prêtent l’argent aveuglément (voir David Barboza). Il y a tellement de prêts jugés irrécupérables que cela remet en question leur viabilité. Cependant, elles ne risquent pas de tomber, car l’État a toujours le loisir de taxer ses contribuables pour renflouer. Mais à quel prix ? Créer de la monnaie à volonté ne contribue pas à créer de la richesse. Au contraire, cela sert plutôt à la dilapider. Il y a de plus en plus de gratte-ciel en Chine, mais cela peut être trompeur. Dans les années 1920, plusieurs gratte-ciel ont vu le jour à New York. On connaît la suite.
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