Cinq infirmières bulgares condamnées à mort en Libye
Le 6 mai 2004, cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien ont été condamnés à mort pour avoir « volontairement inoculé le virus du sida » à 426 enfants, dont 51 sont déjà morts, de l’hôpital pédiatrique de Benghazi.
(De g. à dr.) Quatre des cinq infirmières bulgares accusées : Nasya Nevova, Kristiana Valceva, Valya Chervenyashka, Valentina Siropula et le docteur palestinien Ashraf Ahmad Jum’a, accusé lui aussi.
Face à cette tragédie indicible pour les enfants, la Libye de Kadhafi, soucieuse de masquer ses défaillances, accuse les employés de santé étrangers d’avoir sciemment injecté le virus à des centaines de jeunes patients.
Quatre des six défendeurs, cinq infirmières bulgares et un docteur palestinien, ont rapporté à Human Rights Watch, au mois de mai, qu’ils s’étaient confessés après avoir enduré des actes de torture incluant des coups, des chocs électriques et des agressions sexuelles. Ils ont également déclaré que les autorités libyennes leur avaient refusé tout contact immédiat avec un avocat.
Luc Montagnier, le co-découvreur du virus VIH, a attesté, lors du procès, que les enfants avaient probablement été infectés en raison des conditions d’hygiène déplorables de cet hôpital, et que beaucoup de ces enfants devaient déjà être contaminés avant l’arrivée des employés médicaux en 1998.
Le 7 juin, une Cour de Tripoli a acquitté al-Mishri et les neuf autres fonctionnaires de sécurité libyens - sept policiers, un médecin et un traducteur - accusés de torture sur le personnel sanitaire étranger.
L’affaire de Benghazi sur le Sida a atteint une importance internationale. L’Union européenne et les États-Unis ont entamé des négociations entre les gouvernements libyen et bulgare. Les hauts fonctionnaires libyens ont suggéré qu’ils pourraient pardonner les accusés si la Bulgarie versait une compensation aux familles des victimes. Mais le gouvernement bulgare a refusé l’offre, car cela impliquait d’admettre sa culpabilité.
Le 10 novembre, Seif al-Islam Qaddafi, le fils puissant du leader libyen et le dirigeant de la Fondation Qaddafi, a déclaré qu’il ne croyait pas à la culpabilité du personnel médical. Sa fondation aide à assurer aux accusés de meilleures conditions de vie en prison.
Human Rights Watch lance également un appel pour que l’aide médicale soit poursuivie pour les enfants libyens infectés par le virus du Sida. L’association pour les enfants victimes du Sida de Benghazi a rapporté, en mai dernier, que les 19 mères de ces enfants étaient aussi atteintes par le virus. « Dites au monde que ces enfants sont innocents, et qu’ils souffrent », a déclaré Ramadan al-Faturi, le porte-parole de l’association, à Human Rights Watch.
Pour en savoir plus :
1. Libye : des employés de santé étrangers décrivent la torture (Human Rights Watch)
2. Du sang et des larmes (L’Express)
Crédit photo : La Sentinelle
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