Colombie dans la tourmente
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH235/uribe_no_da_mas-03f46.jpg)
Le vent s’est gentiment levé, tout d’abord
c’étaient trois petits élus du Congrès qui étaient appelés à comparaître devant la Justice pour leur liens avec les paramilitaires. La participation de ces trois
congressistes aux affaires paramilitaires était dénoncée depuis un certain
temps par l’opposition, mais la Justice a pris son temps. Rien de bien méchant,
un petit pull suffisait au gouvernement pour se protéger, et bien que les
congressistes soient membres du même parti qu’Uribe, celui-ci n’a pas senti le
besoin de s’exprimer.
Mais les appelés ont commencé à parler, sauf un
qui n’a pas voulu se rendre, et le vent a pris un peu de force. D’autres se
sont aussi mis à souffler et des vagues sont apparues. La cour a commencé à
appeler d’autres congressistes, dont le frère de la canciller (ministre des Affaires étrangères). Celui-ci, pas très malin, ou simplement rancunier, a
annoncé que s’il allait en Justice il emmènerait sa sœur.
Le jour où il a été voir le juge, sa sœur l’a
accompagné. Elle a ensuite crié à qui voulait l’entendre que ce rendez-vous était
prévu depuis longtemps et qu’il n’avait rien à voir avec l’histoire de son
frère. On peut en douter ; en tout cas, si c’est vrai, elle aurait besoin de cours de
politique pour apprendre à annuler les rendez-vous mal placés. Maintenant, non
seulement l’opposition demande sa démission, mais aussi certains dirigeants des
partis uribistes. Le président continue de la soutenir, contre vents et marées,
mais qu’elle soit directement impliquée ou non ne change pas l’image qu’elle
peut véhiculer du pays. La suspicion peut être pire que la vérité, et un
voyage est prévu en Europe en février...
Les vagues ont continué à grossir lorsque la Justice a rendu publique la liste des charges contre l’ex-directeur du DAS
(service secret colombien). Il est accusé non seulement d’enrichissement
personnel mais aussi de liens avec les paramilitaires. Apparemment il y a des
preuves selon lesquelles le DAS a été utilisé pour servir les intérêts des
paramilitaires et des narcotrafiquants. Cette fois les vagues ont commencé à
entrer directement dans le palais présidentiel, l’ex-directeur du DAS, comme la
ministre des Affaires étrangères, sont des personnes directement nommées par le
président. Uribe est alors sorti avec sa planche de surf et a commencé sa
gestion de catastrophe naturelle.
Tout d’abord, il a fait un long, très long rappel
des histoires de corruption du pays, parlant de comment avait été élu le
président en 1982, des liens de Samper avec les narco, etc. Ensuite, et là
on peut lui attribuer un titre, il nous explique que toute cette tempête a lieu
grâce à sa loi de justice et de paix, et que sans son travail, on ne connaîtrait pas
la vérité.
Mais sa plus belle sortie, et là cela devient
du grand surf, c’est lorsqu’il demande aux congressistes qui l’ont soutenu mais
qui ne sont pas encore en prison d’aller voter les réformes sur la
capitalisation d’Ecopetrol et sur le système d’impôt.
Pas encore directement touché, malgré deux
plaintes contre sa personne, Uribe ne perd pas le nord, il veut faire approuver
ses réformes.
La dernière mesure antitsunami a été d’envoyer
les chefs paramilitaires confortablement gardés dans une belle
« prison » dans un centre de détention de haute surveillance. La
mesure est justifiée par un risque que certains ne s’échappent. D’autres
prétendent que c’est pour éviter que ces mafieux ne deviennent trop bavard.
La tempête s’est transformée en raz-de-marée,
et pour l’instant Uribe arrive majestueusement à surfer dessus ; cependant la
situation a changé, sa crédibilité est écornée, la communauté internationale,
qui finance le processus de paix, commence à poser des questions. Le porte-parole des paramilitaires annonce que le processus de paix est en pleine agonie,
car le gouvernement ne respecte pas ses promesses. Plusieurs groupes se sont
déjà reformés. Les perspectives ne sont pas tellement bonnes, et l’annonce d’un
tsunami n’est pas à exclure. Mais bien que tout le monde attende la vérité, il
ne faudrait pas que le processus de paix se termine, tout irrespectueux des
droits de l’homme qu’il soit. Il vaut mieux savoir où sont les paras que les
avoir dans la nature avec des tronçonneuses.
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