Comment l’Iran s’est trompé

Les récentes déclarations des dirigeants du régime iranien sont empreintes d’arrogance. Bien que la vanité soit un trait typique de la façon dont les mollahs voient le monde, leur arrogance identitaire et nationaliste a pris de l’ampleur ces derniers temps. En cause : une lecture amputée de la séquence des événements qui se sont produits dans la région du Golfe dernièrement.
Les mollahs pensent que l’administration de Trump n’a pas réagi à l’attaque du drone américain par peur de répressions. Ils y voient une réussite de leur politique visant à établir un nouvel équilibre de la terreur face à la puissance militaire américaine. Une idée objectivement absurde. Le déséquilibre du pouvoir militaire entre les États-Unis et l’Iran est gigantesque.
L’explication : le Président Trump souhaite une victoire sans précédent en utilisant seul les sanctions économiques et sans tirer un seul coup de feu. Ils le savent bien, les mollahs. Ils savent aussi que l’impact des sanctions, qu’ils décrivent comme une guerre économique dévastatrice, dépasse largement celui des opérations militaires. Ils mènent donc une propagande pour montrer la cohésion et la force du régime face aux sanctions, bien que leurs réactions tendues laissent entendre que la stratégie de Trump marche à merveille.
L’un des problèmes du régime mollahs est qu’il y a une confusion dans les rôles entre les politiciens et les militaires. Par exemple, Ali Larijani, qui est président du Conseil de la Choura de l’Iran, a menacé de cibler les bases militaires américaines dans la région en réponse aux attaques contre l’Iran. Il a estimé que ces bases pourraient bien devenir une cible pour son pays.
Une telle déclaration de portée militaire aurait pu être faite par l’un des chefs de la milice des Gardiens de la révolution. Bien sûr, le jeu de la distribution des rôles est largement pratiqué par les mollahs dans leurs relations avec l’extérieur.
« L’ennemi tente de gêner le développement économique de l’Iran parce que c’est une force puissante dans la région, pour empêcher son progrès, » a dit Larijani. Drôle de discours. Évidemment, le développement économique n’est pas un enjeu de planification stratégique pour le régime mollahs. Le régime a plongé le pays dans un état de pauvreté, de corruption et de dégradation environnementale, sociale et économique tout à fait anormal.
Tout le monde sait, y compris les Iraniens, que le véritable problème de l’Iran avec les puissances régionales et internationales découle de ses interventions étrangères et du financement des activités terroristes. Le problème concerne aussi sa quête constante d’influence, d’hégémonie et de tutelle sur plusieurs pays du Moyen-Orient. Il fallait donc que ceux qui représentent le peuple iranien (le président du Conseil de la Choura, le parlement iranien) disent la vérité à son peuple, pas des fantaisies irréalistes sur les causes de le problème du régime avec le monde.
Une autre erreur de jugement a été commise par le Président Hassan Rouhani. Il a récemment déclaré que « la paix avec l’Iran est le fondement de toute paix et la guerre avec l’Iran est la mère de toutes les guerres. » Cette déclaration montre bien que l’ego exerce un contrôle sans précédent sur la mentalité politique iranienne. Les mollahs ne se voient que d’eux-mêmes. A cela s’ajoute le sentiment d’arrogance qui s’est développé récemment, comme je viens de le dire.
Ce mélange est extrêmement dangereux parce qu’il va à l’encontre de toute approche politique avec toute la flexibilité, le réalisme et l’interaction positive qu’il nécessite. Rouhani veut ce qu’il décrit comme « ouvrir la voie » aux négociations : présenter des excuses au peuple iranien et lever complètement les sanctions économiques. Toutefois, il n’a pas fait part d’un seul geste positif qui pourrait signifier la volonté de faire avancer le processus politique pour sortir de la crise.
Il est normal que chaque partie impose ses conditions, aussi strictes soient-elles, avant tout processus de négociation. En contrepartie, pourtant, elle doit donner des signes de bonne volonté qui confirment son sérieux dans la recherche d’une solution politique.
Le président Rouhani s’est entretenu lors de sa récente rencontre au ministère iranien des Affaires étrangères avec le ministre Mohammad Javad Zarif sur ce qu’il a appelé des « négociations équitables. » « Si vous voulez la sécurité, et vos soldats dans la région soient en sécurité, » a dit-il, « la sécurité est en échange de la sécurité ; vous ne pouvez pas compromettre notre sécurité et vous attendre à la sécurité pour vous-mêmes. La paix contre la paix, le pétrole contre le pétrole, le détroit contre le détroit. Le détroit d’Ormuz ne peut vous être ouvert alors que celui de Gibraltar ne l’est pas pour nous. »
Les règles de négociation citées par le président iranien sont, en fait, contraires aux principes des Nations unies et du droit international. Un détroit n’est pas un droit souverain exclusif d’un État côtier.
Il existe un droit international régissant son contrôle et sa souveraineté. Aucun État n’a le droit de faire cela et de faire dépendre la libre navigation dans le détroit de sa propre sécurité. Un État n’a pas le droit de bloquer le passage des exportations de pétrole vers plusieurs pays pour permettre le passage de son pétrole.
La position de l’Iran ramène le monde en arrière vers la loi de la jungle, où il n’y a ni loi ni légitimité pour les règles établies par la coopération internationale après des siècles de guerres et de conflits militaires sanglants.
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