Comment la dette de la Grèce profite aux spéculateurs...
Mais, d’autres pays sont dans la ligne de mire des fonds spéculatifs, qui font ce qu’ils veulent des monnaies. Derrière tout cela, un processus qui mènera probablement à la tant attendue monnaie mondiale, censée régler tous les problèmes.
L’exemple type : la Grèce
Angela Merkel a lancé le pavé dans la mare fin février : elle estime "scandaleux" que Goldman Sachs1] ait aidé la Grèce à maquiller l’ampleur de sa dette (112% du PIB aujourd’hui). Cette dissimulation, dans la mécanique des marchés, offre un boulevard aux spéculateurs et amène à cette crise de la dette grecque, qui gêne toute la zone euro. De 2001 à 2004, Goldman Sachs a donc gagné -au minimum- 150 à 220 millions d’euros en aidant la Grèce à dissimuler une partie de ladite dette.
Normal : après la gestion désastreuse du leader de la droite Caramanlis2] et de ses prédécesseurs, les caisses du pays étaient encore plus vides que celles de la France après trois ans de sarkoland et une crise économique. Les nombreux scandales financiers3] et la corruption ont complètement décrédibilisé des gouvernements qui mettaient en œuvre des mesures d’austérité depuis des années afin de compenser leur irresponsabilité en matière de gestion.
Pour gagner de l’argent en misant sur le risque que la Grèce n’arrive pas à rembourser sa dette, Goldman Sachs a
A côté de cela, Goldman Sachs n’a pas perdu le nord : pendant qu’elle "conseillait" le gouvernement grec, la banque a aussi incité ses clients (notamment des hedge fund) à spéculer via des produits dérivés de dette (les CDS pour Credit Derivative Swap, une copie des Credit Default Swaps4]), sur la crise grecque. Plus le risque d’effondrement du pays est important, plus les bénéfices peuvent être importants. C’est en partie ce qui a créé la crise subprime, d’ailleurs. Le système est simple :
1. Goldman Sachs achète des morceaux de la dette grecque.
2. Elle redivise ces parts de dette en plus petites parts, et les mélange avec d’autres paquets d’autres dettes (subprime par exemple)
3. Un fonds (par exemple, ou la banque) achète ces paquets sous forme d’un contrat d’assurances (les CDS, ou swaps) en mettant seulement 10% du prix sur la table, et plus il y a un risque que le pays ne rembourse pas dans les cinq ans (comme c’est le cas pour les swaps du fonds Paulson), plus le prix est élevé.
4. Chaque mois au chaque année, le fonds verse un loyer à la banque qui émet le produit dérivé.
5. Si la Grèce est en cessation de paiement, la banque (ou AIG par exemple dans le cas des subprime) rembourse le fonds spéculatif.
Sauf qu’avec les subprime, où les hypothèques ont été revendues comme la dette grecque ensuite, les banques et les « assureurs » type AIG qui avaient trop risqué et se sont retrouvés en cessation de paiement. Résultat : des millions de gens à la rue.
Bref : Goldman Sachs était l’un des plus gros poissons à spéculer sur l’endettement de la Grèce, avec par exemple son client le fonds d’investissement US Paulson5] (appartenant à John Paulson, le "sultan des subprime", ex dirigeant de la banque Bear Sterns qui a coulé pour avoir trop déliré sur lesdits subprime) ou encore la banque JP Morgan Chase6]. Début mars, les fonds et les banques détenaient pour plus de 85 milliards de dollars de swaps sur la dette grecque, pendant que Papandreou dénoncait les « spéculateurs » qui s’acharnaient contre son pays.
Accessoirement, pour être certaine que la dette de la Grèce plombe réellement le pays et pour que les dérivés sur les emprunts Grecs soient le plus risqués et rentables possible, la banque a fort probablement organisé la diffusion de la fausse info du Financial Times disant que la Chine avait refusé d’acheter des titres de la dette grecque car ils étaient trop risqués. Évidemment, ça décrédibilise la Grèce sur les marchés. Du coup, la dette devient plus chère pour la population (le taux d’intérêt que doit rembourser le pays était de 6,25% début mars) mais beaucoup plus rentable pour Goldman Sachs.
Selon une note de HSBC, 39% de ceux qui ont acheté de ces CDS sont des hedge funds, suivis par 24,5% de banques, puis des fonds de pension (24,5% aussi), 7% de banques centrales etc. Quant à l’origine géographique des spéculateurs en question, on a 23% des achats qui viennent de Grèce, 20% d’Angleterre, 14% d’Allemagne.
Aujourd’hui, la Grèce est obligée de couper dans les dépenses sociales pour réduire une dette qui finalement a
Pourtant encore, il paraît que la FED a ouvert une enquête sur les fameux CDS détenus par Goldman Sachs et ses camarades.
Hélas, la Grèce n’est pas le seul pays à être pris pour cible par les fonds spéculatifs. C’est Jean-Pierre Jouyet, de l’Autorité des Marchés Financiers, qui a dénoncé la spéculation des hedge funds contre certains pays comme l’Espagne, le Portugal ou la Grèce, dont les dettes sont plus importantes et peut-être un peu moins sûres que celles d’autres pays européens. Toutefois, il est étrange que Jouyet ait affirmé ne pas pouvoir nommer lesdits hedge funds.
Un peu plus tard, quelle ne fut pas la surprise du contribuable grec exaspéré en apprenant que les principaux hedge funds8] ont envoyé leurs représentants afin de se mettre d’accord pour parier à la baisse sur l’euro !
C’était début février à Manhattan. Le but ? Que l’euro vaille un dollar, comme ça tout le fric amassé par les fonds spéculatifs -en dollars, vaudra beaucoup plus. Et ça a l’air de marcher : en décembre, l’euro était à 1,51 $, pour en valoir autour d’ 1,35 fin février et en mars. « C’est l’occasion… de se faire beaucoup d’argent ! », expliquait un chef de hedge fund au Wall Street Journal. Depuis décembre, le prix des swaps, ces produits dérivés qui misent sur la chute de la dette grecque, ont doublé de valeur. Des fonds comme le fonds Paulson en détiennent un paquet, et des banques comme Goldman Sachs les créent. Alors que parfois, personne dans l’histoire n’a acheté de dette de la Grèce.
Apparemment, la cabale contre l’euro a commencé le 4 décembre, quand il a perdu 1,5% face au dollar en une journée. Entre le 9 et le 11 décembre, des banques US et Européennes demandent à fixer les prix d’investissement en euro de maintenant pour les revendre d’ici un an, ce qui veut dire qu’elles anticipent une baisse de l’euro. Le 12 décembre, l’euro commence sa chute.
Le 16 décembre, l’agence de notation qui a été si efficace pour les subprime, Standard & Poors, rétrograde la note de la Grèce parce que sa dette devient trop incertaine. A partir de là, moult spéculateurs se lancent dans la course contre l’euro.
Durant tout le mois de janvier, la Grèce a tenté de rassurer « les marchés », arguant qu’elle allait mener des politiques d’austérité et se serrer la ceinture, pendant qu’elle doit emprunter avec des taux d’intérêt de plus en plus élevés. A la fin janvier, des représentants de Goldman Sachs et de fonds spéculatifs voient des membres du gouvernement et la banque nationale grecs, afin de vérifier que même en spéculant contre la Grèce, le pays arriverait à payer.
Et le 8 février, alors que les positions spéculatives sur l’euro atteignent déjà 8 milliards de dollars9], tout le beau linge des fonds spéculatifs10], réunis à Manhattan devant du poulet rôti, se mettent d’accord pour parier sur la chute de l’euro et donc de la dette européenne. Parmi les spéculateurs en question, Georges Soros11], l’homme qui a inventé les hedge funds. Trois jours après cette réunion, l’euro valait 1,36$. Depuis, bien sûr, tout le monde pousse à parier à la baisse sur l’euro.
En trois mois d’attaques contre l’euro, les fonds spéculatifs auraient réussi à engranger la coquette somme de trois milliards de dollars. Une paille.
Au final, la note pour la population
Ce n’est pas un hasard si la Grèce se retrouve dans cette situation. Les émeutes12] se suivent depuis deux ans pour
On le sait, ce n’est vraiment pas nouveau : quand l’Etat s’endette, ce ne sont pas les banques qui paient mais la population.
La Grèce est dans la panade parce qu’elle serre la ceinture de sa population depuis déjà trop longtemps (ce qui n’empêche pas le 1er ministre Papandreou d’annoncer encore plus d’ « austérité »), et au niveau européen, évidemment, Barroso reprend le refrain sur la rigueur. La réforme des retraites « nécessaire » veut simplement dire qu’on va devoir travailler plus ou oublier les retraites, et comme par hasard tous les pays européens de droite comme de gauche sont en train d’y passer.
Le 3 mars, le gouvernement grec a annoncé un plan destiné à économiser 4,8 milliards d’euros rapidement : hausse de différentes taxes, dont bien sur la TVA, les taxes sur l’alcool et le tabac (+20%), soit 2,4 milliards d’euros de recettes supplémentaires, selon l’ambition du gouvernement. Côté économies, les retraites des fonctionnaires sont gelées et les 13 è et 14è mois des fonctionnaires14] seront rabotés de 30 et 60%. Le but est de réduire le déficit public de 12,7% à 8,7% avant la fin de l’année. Et au cas où les camarades européens ne seraient pas contents, Papandreou a menacé de recourir à l’ « aide » du FMI. Mais ça, on n’en parle qu’en Espagne. Déjà fin février, Papandreou avait annoncé une hausse des taxes sur la propriété et l’essence, une baisse de 10% des salaires des fonctionnaires, et le non remplacement d’un départ sur cinq à la retraite.
Alors les grèves générales se succèdent en Grèce, tout comme en Islande, où le pays va probablement devoir rembourser les 4 milliards perdus par des épargnants spéculateurs anglais et hollandais. Et les forces de l’ordre, comme on dit, veillent au grain pendant que les médias dénoncent à l’unisson les « débordements ». Où l’on reparle d’anarchistes ou même d’anarcho autonomes, histoire de faire comme si la contestation était limitée à une extrême gauche forcément irréaliste et de justifier la répression.
Ou peut-être que la prochaine cible sera la livre, puisque début mars la livre a commencé à baisser, pour valoir 1,52 $ à la mi mars contre 1,65 $ fin novembre 2009. En fait, la livre chute de manière continue depuis janvier 2010.
Ce qui se prépare
Certes, dans l’immédiat, la baisse de l’euro a plutôt tendance à nous arranger puisque nos produits deviennent moins chers sur les marchés internationaux. Ca fait assez longtemps que tous se plaignent de l’euro trop fort pour qu’on se demande pourquoi, soudainement, la baisse de l’euro est un drame.
Mais, en réalité, l’attaque contre l’euro intervient alors que le dollar est lui aussi très faible et très menacé (la Chine commence à faire mine de ne plus vouloir acheter des masses de dollars et se rapatrie sur l’or17]), et que le processus global en cours est celui d’une union monétaire internationale. Et dans tous les pays, l’argent a été gaspillé si bien qu’aujourd’hui les politiques présentent l’ardoise aux contribuables que ce soit en France, aux Etats-Unis, en Angleterre, en Estonie où le FMI fait sa loi, etc.
Les pays sont tous en train de faire exploser leur dette et leur déficit publics (en partie grâce à la crise mais pas seulement), pour le plus grand profit de ceux qui « prêtent ». Au nom de la "compétitivité" et désormais au nom de la "réduction des déficits", il s’agira d’achever la liquidation du patrimoine national, des services publics et acquis sociaux. Pour le plus grand profit des mêmes.
Autre point à souligner : dans tous les pays, on applique les mêmes recettes libérales, que le gouvernement soit de droite libérale ou de droite « socialiste », et cela depuis plus de vingt ans. Il y a forcément une trame derrière pour qu’il y ait une telle constance dans le processus.
Depuis quelques années, d’aucuns, à droite comme à gauche, évoquent une « monnaie mondiale »18], comme une
Tous ces gens, qui sont tous bien placés dans l’establishment créent un concept, lui donnent petit à petit une réalité jusqu’à ce que l’idée devienne incontournable. Mais pour ceux qui y pensent depuis des dizaines d’années, la monnaie mondiale n’est que le corollaire de la banque centrale mondiale qui bien sûr sera entre les mains des principales banques actuelles et de leurs actionnaires.
Par exemple en 2007, Jean-Jacques Rey, fan de monnaie unique, ex ambassadeur de la commission européenne et ex directeur de la Banque Nationale de Belgique, prenait moult pincettes pour dire que la monnaie mondiale c’est le top : « la monnaie mondiale, ce n’est ni une prévision ni un vœu. Tout de même, à une époque où la mondialisation est sur toutes les lèvres, le sujet mérite peut-être discussion (…) La monnaie mondiale a ses protagonistes et ses détracteurs, mais elle n’est pas sujet tabou ». Ben oui : il faut un « système monétaire international », évidemment. Ca va tout régler et puis on sera tous en harmonie avec une monnaie mondiale. Pas de bol, selon M. Rey « les obstacles sont encore trop grands pour songer sérieusement à son avènement ». Sans surprise, le corollaire de ladite monnaie mondiale est une banque centrale mondiale avec les pleins pouvoirs en matière monétaire.
Encore une fois on utilise le prétexte de réguler pour globaliser, centraliser et au final contrôler tout le système monétaire mondial. C’est d’ailleurs très drôle qu’après chaque crise boursière et spéculative, toujours en grande partie artificielles, certains illuminés en profitent pour proposer un nouveau truc, comme la Réserve Federale US en 1913 ou le Marché Unique avec monnaie unique après guerre en Europe, par exemple.
C’est à se demander si les banques comme Goldman Sachs, qu’on retrouve parmi les protagonistes de l’éclatement de nombreuses bulles spéculatives depuis plus d’un siècle, ne le font pas exprès.
Revenons à Rey, qui nous explique que sa banque centrale mondiale sera « appelée à rendre des comptes au Fonds Monétaire International en tant qu’organe politique garant de sa légitimité démocratique ». Diantre, serait-ce une plaisanterie ? On connaît tous le caractère extrêmement démocratique du FMI, où les Etats-Unis ont un droit de veto et dont les politiques sont décidées par un type nommé selon on ne sait quels critère et par on ne sait qui. Mais la banque centrale mondiale aurait un statut « indépendant », un peu comme l’ « indépendance » de la Banque centrale Européenne ou Française, pilotées par les grandes banques.
Récemment, c’est Medvedev, le président Russe, qui a appelé à la création d’une « monnaie supranationale ». Et certains ont enchaîné comme Berlusconi, apparemment séduit par cette grande idée, si bien que la proposition a été faite au G 8 qui s’est tenu en Italie à l’Aquila en juillet 2009. Dans la foulée, la Chine a elle aussi mis le sujet sur la table, mais pour une monnaie de réserve, du moins dans un premier temps.
En septembre 2009, la CNUCED (conférence de l’ONU pour le commerce et le développement) recommandait la mise en place d’un système monétaire multilatéral, c’est-à-dire complètement centralisé. L’organisme pointait les problèmes de taux de change (eh oui, alors qu’on pourrait se dire que le problème essentiel du système financier n’est pas là), et quel meilleur moyen de régler ce problème qu’en instaurant une monnaie unique ? C’est du moins l’idée qui est développée dans le rapport, mais encore une fois avec beaucoup de pincettes19]. Et comme par hasard, aujourd’hui la crise de la dette grecque n’est ni plus ni moins qu’une crise de change due à des attaques spéculatives, comme on en a toujours connu.
Depuis des années, sous la pression des banques, on s’acharne à déréglementer au maximum tout ce qui se rapporte à la finance et à la spéculation. Si quelques uns se cassent la figure, comme Lehmann Brothers, d’autres s’en tirent très bien, comme Goldman Sachs. Au final, force est de constater que les profits, de même que la force de nuisance, sont concentrés entre quelques acteurs. Que veulent-ils, ces acteurs principaux ? Evidemment se faire plus d’argent sans aucun contrôle. Et le meilleur moyen d’y arriver c’est de centraliser au maximum le pouvoir en matière monétaire, et puis tant qu’à faire en matière de contrôle et de régulation20]. C’est pour cela qu’aujourd’hui les médias commerciaux commencent à évoquer cette histoire de monnaie mondiale etc.
Parce que même si, dans l’absolu, on pourrait se dire qu’une monnaie unique permettrait éventuellement rendre le système plus stable, il faut avoir conscience qu’en l’occurrence il ne s’agit absolument pas de changer les règles du jeu : bien au contraire, cette monnaie unique avec une banque centrale mondiale « indépendante » du politique qui peut faire ce qu’elle veut ne sera que l’instrument d’une domination totale du monde par le pouvoir d’émettre ou non de la monnaie.
Enfin, il y a un pendant politique à cette centralisation du pouvoir économique. Car il faut bien un système politique global, même s’il ne sert concrètement à rien à part endormir les masses.
Parallèlement, donc, on assiste à une fusion politique entre les Etats-Unis et l’Europe, mais aussi entre les Etats-Unis et l’Amérique Latine. On a des machins qui s’appellent « Alliance transatlantique », « partenariat économique transatlantique », ou plus récemment « partenariat stratégique », et qui sont destinés à favoriser le commerce transatlantique dans un « marché transatlantique » avec zéro « barrière » au commerce21].
C’est piloté par d’autres machins comme le « Transtlantic Policy Network »22], le « Transatlantic Strategy
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Bref, les acteurs internationaux de la finance se montrent très actifs depuis longtemps et on ne peut qu’admirer leur constance dans la dérégulation et la centralisation de la décision en matière monétaire et commerciale. Le diktat du libéralisme poussé à l’extrême vaudra pour tout le monde. Et il ne faut pas se leurrer : le modèle de ce système monétaire, et son corollaire politique destiné à amuser la galerie, est supra national. Ou quand l’élite, totalement décomplexée, fait à sa guise dans le seul but d’amasser individuellement un maximum de pognon.
[1] Rapidement, il faut quand-même présenter cette grande banque créée en 1869. Son chiffre d’affaires est exponentiel ces dernières années : 16 milliards de dollars en 2003, et 46 milliards en 2007. Idem pour le bénéfice par action qui est passé de 6 à 26 dollars dans le même temps (avant de revenir aujourd’hui au niveau de 2006, ce qui a amené les actionnaires à dire qu’il fallait les rémunérer eux et pas les traders). Goldman Sachs est à l’origine -avec certaines banques du même gabarit- de nombreuses crises financières depuis plus d’un siècle (1929, bulle Internet, subprime…), et la banque fournit de nombreux hauts fonctionnaires à pas mal de gouvernements (par exemple, Henri Paulson, à l’origine du plan de sauvetage US, ex ministre des Finances et ex président du Conseil d’Administration de Goldman Sachs, ce qui permet de mieux comprendre ce qui s’est passé). Accessoirement, Goldman Sachs, qui compte verser près de 12 milliards de dollars rien qu’en bonus, n’a payé que 14 millions d’euros d’impôts aux Etats-Unis où elle a son siège, et cela grâce aux paradis fiscaux (oui oui, ceux qui ont disparu). Parmi les gros actionnaires de Goldman on a AXA (4,8%), la banque Barclays (4,4%), moult fonds d’investissement comme BlackRock (qui détient 3,2% de Goldman et dont les fonds sont souvent basés au Luxembourg. Black Rock est elle-même détenue par Bank of America à 34,2%, Barclays à 20% etc.) mais aussi des gens comme Lakshmi Mittal, ou Lloyd Blankfein, PDG de la banque et membre du staff de campagne d’Hillary Clinton en 2008.
[2] C’est sous son mandat de 1er ministre que les émeutes à Athènes et dans les grandes villes du pays ont démarré en décembre 2008, et bien sûr sa réaction a été de condamner ces manifestations (les manifestants ont en effet été qualifiés d’ « ennemis de la démocratie ») et de les réprimer, ce qui a amené aux émeutes. On se souvient qu’un jeune de 15 ans avait été abattu par la police. Caramanlis a ensuite du anticiper les législatives et a perdu.
[3] Par exemple, l’affaire Siemens a été retentissante en 2006 : des cadres du groupe ont versé des pots-de-vin (14,5 millions d’euros) à des politiciens Grecs du parti conservateur et du parti socialiste. Certes, c’est pareil en France avec les marchés publics. Caramanlis en avait profité pour fonder sa campagne sur la lutte contre la corruption à laquelle s’était joyeusement livré le parti socialiste quand il était au pouvoir avant 2004. Il y a aussi l’affaire MAN, où un constructeur automobile Allemand était accusé d’avoir versé des pots-de-vin pour obtenir des contrats avec l’entreprise publique de transport d’Athènes et du Pirée, entre 2000 et 2002. Mais MAN a des contrats avec les sociétés publiques et pour la Défense depuis les années 80. L’affaire Pavlidis a quant à elle démarré en 2007, lorsque Aristotélis Pavlidis, ex ministre socialiste de la Marine Marchande, a porté plainte pour corruption contre un armateur. L’armateur a ensuite dit qu’un collaborateur de Pavlidis l’avait obligé à verser de 800.000 à 1 millions d’euros en chèques ou en espèces en 2006 et 2007., afin que ses bateaux assurent des liaisons dans des conditions financières favorables. D’autres accusations suivent contre Pavlidis, de la part d’un maire, pour « partialité »…
[4] Ces CDS sont des contrats d’assurance bilatéraux destinés à se protéger d’un défaut de paiement, créés par une mathématicienne de JP Morgan en 1997 afin de disperser les risques pris sur les positions les plus foireuses. Ils ont beaucoup servi pendant la bulle spéculative sur les subprime, justement : la valeur des CDS était de 900 milliards de dollars en 2001, et de 62.000 milliards en 2008, quand la crise a vraiment commencé. AIG a coulé pour avoir trop pris de ces CDS (pour 450 milliards de dollars apparemment) : quand les gens n’ont plus pu rembourser leur emprunt subprime, la banque qui devait garantir de nombreux CDS portant suir ces crédits immobiliers s’est retrouvée le bec dans l’eau, sans avoir suffisamment de fonds pour compenser.
[5] Qui est l’un des gros clients de Goldman Sachs puisque la banque réalise la plupart des transactions du fonds Paulson.
[6] Qui est en partie contrôlée par la famille Rockefeller depuis la fusion de JP Morgan et de la Chase Manhattan Bank.
[7] Il est question de réduire le déficit de 4% avant la fin de l’année. La Grèce a présenté son plan de rigueur le 15 mars.
[8] Dont ceux de Paulson (qu’on retrouve avec Goldman Sachs pour spéculer à la baisse sur la dette de la Grèce) et Soros, par exemple. Ce qui n’empêche pas Soros d’écrire des bouquins pour dénoncer la spéculation et expliquer comment il faut sortir de la crise.
[9] Le 2 février, il y avait 40.000 contrats à terme sur l’euro, et 60.000 trois semaines plus tard. La grande majorité portait sur la dette Grecque, puisque la rentabilité d’un contrat à 10 ans sur la dette de la Grèce valait le double du même contrat sur la dette Allemande.
[10] Parmi lesquels SAC Capital Advisors, Soros Fund Management, Greenlight Capital, Monness, Crespi, Hardt & Co, Brigade Capital
[11] On doit à Georges Soros (« l’homme qui a fait sauter la banque d’Angleterre ») d’avoir crée le système des hedge funds dans les années 70, mais aussi d’avoir coulé la livre sterling en 1992. Il a vendu des milliards de livres, sans avancer d’argent, pour les racheter beaucoup moins chères ensuite, pariant donc massivement à la baisse, et empochant au passage un bon milliard de dollars. A la suite de cela, la livre est sortie du système monétaire européen (SME). Goerges Soros s’amuse en effet beaucoup à faire la morale en matière de spéculation et de finance (mais aussi de démocratie et de droits de l’homme, via l’Open Society et la Fondation Soros), alors qu’il est le premier à tirer profit des pires dérives.
[12] D’après Papandreou, la Grèce est « en état de guerre »…
[13] D’après un rapport de Transparency international sorti comme par hasard début mars, les Grecs auraient versé 790 millions d’euros en pots-de-vin en 2009 pour 9 millions de majeurs. Etrangement, ce n’est pas le BTP qui arrive en tête en ce qui concerne la corruption dans le secteur public, mais les hôpitaux (un tiers des faits de corruption). Le pot-de-vin moyen est de 1.355 euros dans le public et 1.671 euros dans le privé.
[14] 22% de la population active grecque travailleraient pour l’Etat soit environ 1 million de personnes.
[15] Avec le schéma classique : baisse des impôts pour les riches et les entreprises et donc chute des recettes fiscales, augmentation de la TVA, gel du salaire des fonctionnaires, bas salaires et flexibilité, baisse du nombre de fonctionnaires, augmentation du chômage, fermetures d’écoles et d’hôpitaux, privatisation des services publics…
[16] Censée assurer 6 milliards d’euros de rentrées supplémentaires dans les caisses de l’Etat.
[17] La Chine a en effet revendu en quelques semaines 34, 2 milliards de bons du Trésor US (= une partie de la dette US)
[18] Mais l’idée n’est pas neuve puisque Keynes en parlait déjà.
[19] On parle plus spécialement de généraliser des DTS, des Droits de Tirage Spéciaux, qui sont utilisés par le FMI pour ses prêts.
[20] C’est exactement le système des banques centrales, quand la création de monnaie est décidée par les actionnaires des banques qui composent les banques centrales. Ca s’appelle le comité des gouverneurs par exemple, mais les orientations viennent directement de ceux qui ont l’argent, c’est-à-dire les banques. La création de la Réserve Fédérale aux Etats-Unis en 1913 a elle aussi été inspirée par les principales banques de l’époque, qui voulaient avoir le contrôle de la planche à billets. Du coup, quand le gouvernement s’endette, c’est auprès des banques mais plus en imprimant des billets comme on l’a longtemps fait en Europe. Grâce au système des banques centrales, quand les Etats s’endettent, les banques se gavent. Là où le système est génial, c’est qu’en fait les banques créent de l’argent ad hoc pour prêter (à l’Etat, une entreprise, un particulier…), se font rembourser, et perçoivent en plus un intérêt.
[21] Les fameuses « barrières non tarifaires » au commerce, c’est-à-dire essentiellement les normes sociales, sanitaires ou environnementales.
[22] Le TPN est un espace de débat et d’orientation du débat qui regroupe des élus des parlements européen et US pour discuter avec les représentants des plus grandes multinationales (BASF, Bayer, BP, Coca Cola, Caterpillar, Deutsche Bank, Boeing, Michelin, IPP, Pfizer, Véolia, Unilever etc.) de la manière d’améliorer le commerce et les affaires. Le TPN est présidé par l’inénarrable Peter Sutherland, ex commissaire à la concurrence qui est toujours dans le staff de Goldman Sachs, mais aussi dans celui de BP. L’homme est aussi un pilier du Bilderberg et le président pour l’Europe de la commission Trilatérale créée par David Rockefeller pour rapprocher l’Amérique, l’Europe et l’Asie.
[23] Destiné à encourager une « vision transatlantique des enjeux stratégiques ».
[24] Le Transantlantic Legislators Dialogue, comme son nom l’indique, regroupe lui aussi des élus des deux côtés de l’Atlantique, comme le porte parole du PS Benoît Hamon ou Jean-Marie Cavada. Il a été mis en place dans les années 70 pour rapprocher les parlementaires US et Européens.
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