Comment sortir de la crise en Côte d’Ivoire ?
Le recours à la force internationale pour installer un homme au pouvoir, fut-il « élu » ou dont l’élection est discutée, relève de l’irresponsabilité internationale.
Il n’y a point de solution qui vaille si elle ne fait pas honneur à la revendication d’indépendance sous-jacente au refus du diktat de la communauté internationale en Côte d’Ivoire (ce qui constitue la victoire attendue et voulue par la jeunesse afro-ivoirienne).
Il n’y a point d’avenir pour cette même jeunesse si l’Afrique viole le pacte utile et nécessaire avec le processus électoral comme seul moyen de contrôle, de transmission et d’exercice du pouvoir pour une gouvernance au nom des peuples.
Ban Ki Moon serait-il en train de travestir l’ONU en Côte d’Ivoire ?
Selon une information rapportée par Europe 1 ce 10 avril 2011, « le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki Moon aurait demandé aux casques bleus déployés à Abidjan de recourir à « tous les moyens nécessaires » pour réduire au silence les armes lourdes des partisans du président sortant Laurent Gbagbo » ; sans aucune référence, par ailleurs, aux armes utilisées par les partisans d’Alassane Ouattara.
C’est une nouvelle prise de position partisane qui ne contribue pas à la paix en Côte d’Ivoire. Cette déclaration est pour le moins dangereuse, et la mesure envisagée serait catastrophique dans le contexte actuel où le rétablissement de la paix doit primer sur les enjeux de pouvoir des uns ou des autres.
Pour une Côte d’Ivoire en crise, Ban Ki Moon affiche là une attitude belliqueuse, guerrière, étrange pour un représentant des nations unies censé aider à ramener la paix, et qui va à l’encontre de la pacification de la situation que vivent les ivoiriens.
Demander aux casques bleus de recourir à la force contre les troupes fidèles à Laurent Gbagbo, dans un contexte de conflit post-électoral en pays africain, est pour le moins étrange comme doctrine des Nations Unies dans le monde ; alors même que de nombreux potentats se tiennent encore au pouvoir à l’issue d’élections douteuses organisées ou supervisées avec la bienveillance des Etats se disant représentatifs de la communauté internationale.
Il y a là flagrance d’une politique internationale douteuse, à géométrie variable.
La position affichée par le Secrétaire général des Nations Unies est d’autant plus étrange que la Syrie et le Yemen, pour ne citer que ces deux pays, répriment des populations en quête de liberté et de changement sans que la communauté internationale (que Ban Ki Moon représente) ne prenne de mesures équivalentes à celles en œuvre en Lybie ou Côte d’Ivoire.
Face à cette communauté internationale déclarée, l’opinion des peuples d’Afrique ne se fait aucune illusion sur la sincérité de ceux là qui, du haut de leurs tribunes, font des déclarations guerrières, annoncent des verdicts partisans, orientés vers la satisfaction d’intérêts douteux, totalement éloignés des intérêts propres au peuple ivoirien. Et cela renforce la position ou la « posture » de Laurent Gbagbo qui a pris le parti du nationalisme ivoirien.
Dans ce contexte, le recours à la force internationale pour installer un homme au pouvoir, fut-il « élu » ou dont l’élection est discutée, relève de l’irresponsabilité internationale dans un contexte ivoirien où la jeunesse - symbole du renouveau de l’Afrique, visible à travers les réseaux sociaux, en Afrique et dans bon nombre de pays du monde - demande que l’on fasse preuve de réalisme pour résoudre ce conflit en faisant honneur d’une part à la revendication d’indépendance sous-jacente au refus du diktat de la communauté internationale en Côte d’Ivoire, et en instituant et préservant d’autre part la transparence et le respect des règles d’accession au pouvoir pour une gouvernance au nom des peuples.
Tant que ces deux préoccupations ne figureront pas dans la solution envisagée en Côte d’Ivoire, il faudra considérer que l’on a échoué. Ceci est valable aussi pour bien pour la communauté internationale, qu’à l’endroit de ceux qui luttent pour le pouvoir en Côte d’Ivoire.
Realchange
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