Comprendre l’échec français au G20 du Mexique ? Et éviter sa répétition lors du sommet-clé de Moscou en 2013
Depuis plus d'un an déjà, j'ai l'occasion, grâce à mon livre « Crise mondiale : en route pour le monde d'après » et les travaux de LEAP/E2020, d'intéragir avec un grand nombre des sherpas et/ou diplomates impliqués dans les sommets du G20 . Notre équipe a même créé depuis 6 mois une newsletter spécial G20 qui leur est destinée. Et mon livre a eu l'honneur d'être lu (et redemandé) par de nombreuses délégations qui ont participé au G20 de Cannes.
Autant dire que le sujet m'intéresse et que j'en possède une certaine connaissance.
D'ailleurs, dès Avril 2009, à la veille du G20 de Londres, j'avais écrit la lettre ouverte aux dirigeants du G20 que LEAP avait fait publier dans l'édition mondiale du Financial Times .
François Hollande et son équipe réalisant au niveau international, et surtout européen, un parcours sans faute depuis son entrée en fonction (sur le plan européen, cela ressort du prodige étant donnée la situation particulièrement difficile et chaotique dont il a hérité de son prédécesseur), je ne pouvais qu'être intrigué par cet échec patent de la délégation française au G20 de Los Cabos au Mexique. Un seul critère résume la situation : aucune des propositions françaises n'a été retenue dans le communiqué final, même sur la taxe sur les transactions financières … qui pourtant est en train de voir le jour au niveau de l'Euroland.
Même Nicolas Sarkozy, qui a pourtant présidé à un affaiblissement historique de la France au niveau international, s'arrangeait pour avoir l'une au moins des propositions françaises reprises dans les communiqués finaux. C'est dire !
On pourrait prétexter l'absence de préparation de la nouvelle équipe présidentielle propulsée brutalement dans une frénésie de réunions internationales. Mais cette explication ne me convainc pas car elle contraste avec les succès de cette même équipe « hollandaise » au niveau européen (dont le récent sommet de Bruxelles est l'illustration à mes yeux) et du Sommet de l'OTAN (retrait d'Afghanistan) et du G8 (croissance).
Alors, quand on connaît le fonctionnement des sommets internationaux et du G20 en particulier, on sait qu'il y a une catégorie d'hommes-clés : les « sherpas ». Ce sont eux qui en amont préparent et de facto « ficellent » le communiqué final. S'il y a succès, leur maître prend la part de lumière, mais dans l'ombre des administrations, on sait qu'ils en sont les architectes. Quand il y a échec, impossible pour eux de se défausser : c'est leur échec.
Alors qui est le responsable de cet échec français au sommet du G20 ? Et bien, je suis tombé sur un drôle de personnage (c'est tout l'intérêt de ce type de recherche, on trouve souvent ce qu'on n'attendait pas), qui n'aurait pas dépareillé la collection de « Sarkoboys » dont le précédent président adorait s'entourer … et dont on peut se demander ce qu'il fait dans une équipe censée incarner le « changement » ; et qui pour l'essentiel paraît bien l'incarner.
Son nom : Emmanuel Macron , inspecteur général des finances ; ses fonctions précédant son entrée comme secrétaire général adjoint de la Présidence de la République, conseiller économique … et sherpa français du G20, étaient « associé gérant de la banque Rothschild » ! Et avant cela, secrétaire de la Commission Attali créée par Nicolas Sarkozy en 2007 pour essayer de transformer la France en pays ultra-libéral (c'était avant que la crise ne frappe à la porte).
Pour le reste du profil, tapez sur Google vous-même et vous verrez les traits du Sarkoboy ayant senti le vent au bon moment : 35 ans, inspecteur des finances, homme de réseaux tous azimuts (Jacques Attali était le sherpa de François Mitterrand) … une sorte de mélange entre Boris Boyon , le fameux jeune ambassadeur Sarkoboy à Tunis et Richard Descoings , la « star » du Sciences-Po de la décennie Sarkozy (lui aussi naviguant entre gauche et droite au gré du vent). Typique mélange d'arrivisme, d'argent (on ne devient pas très jeune, par « miracle, associé gérant chez Rothschild parce qu'on a le sens de l'Etat, mais parce qu'on s'intéresse beaucoup l'argent … et parce qu'on est « contrôlable »).
Un profil ou un CV ne font certes pas un homme ; mais ils en disent quand même beaucoup surtout avec ce type de parcours ; à un moment de l'Histoire où en France comme ailleurs, tout le monde ressent l'urgence de mettre fin au mélange des genres entre banques et politique, entre banquiers et grands commis de l'Etat. Il semble être un égaré du monde d'avant la crise !
Toujours est-il que les qualifications de « prodige » utilisées par ses amis et parrains (Attali ? Rothschild ?, les banques en général ?) semblent surtout masquer un formidable arrivisme appuyé sur une incompétence tout aussi remarquable. Rater l'insertion d'au moins une proposition française dans le communiqué final, c'est soit du sabotage, soit de l'incompétence. Dans les deux cas, il faut franchement se demander si à l'approche du sommet du G20 stratégiquement important de Septembre 2013 à Moscou (notamment car ce sera le premier sommet hors du camp occidental) si cette situation doit perdurer ou bien être rapidement réévaluée.
C'est souvent le problème de l'arriviste, il doit choisir entre consacrer son énergie à faire son travail ou bien la dédier à construire la prochaine étape de sa carrière (réseaux, communication, publicité sur lui-même, …) ; et laissé à lui-même, sans contrainte forte, il fait toujours le même choix : sa carrière.
S'il a voulu être conseiller économique et sherpa du G20, ça n'est pas par hasard car ce sont deux fonctions-clés pour … les banques qui ne peuvent plus compter depuis Mai 2012 sur un président servant docilement leurs intérêts.
En tout état de cause, la cause de l'échec français au sommet du G20, seul échec international de la nouvelle équipe présidentielle, peut bien être imputé à Emmanuel Macron qui a intérêt à faire ses classes rapidement pour ne pas répéter cette faute ; ou bien qui doit être bien encadré par ses supérieurs. Mais, la découverte plus approfondie du personnage me laisse penser qu'il y a peut-être eu une erreur de casting à corriger au plus vite. Aucun doute que la banque Rothschild le reprendra (quoique s'il est « grillé », c'est un milieu impitoyable) et il y gagnera plus d'argent (sauf s'il a réussi la méthode Descoings consistant à faire aligner son salaire ( ) vers le haut en référence au privé ; mais là on serait dans une logique aberrante par rapport à l'ensemble du discours gouvernemental).
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