Considérations décoloniales
1. A travers le temps, il n'y a pas d'exemple à la décolonisation. Aucun grand empire n'a jamais lâché du terrain de bon gré, en dehors des partages d'héritage tels que l'empire carolingien. Seule la civilisation atlantique ou atlantiste, dite occidentale, ayant essaimé çà et là dans le monde et été un élan majeur en son sein ces derniers siècles, a lâché du terrain. Peut-être pas toujours de bon gré, peut-être pas toujours sans conserver de l'influence après tant d'années de présences. Mais elle l'a fait.
2. D'un point de vue géostratégique, de même que certains s'imaginent que le plan Marshall servit l'américanisation de l'Europe en ouvrant ses marchés aux entreprises outre-atlantiques, que d'autres s'imaginent que la disponibilité du pétrole dans la civilisation atlantique doit se payer d'une contre-colonisation islamique en contrepartie (surtout en Europe), que d'aucuns voient une volonté d'abâtardissement du type européen dans le métissage (avec Klaus Schwab pour leader) à la manière de l'Egypte antique (qui ne pratiqua pourtant pas l'esclavage pour l'édification des pyramides)... on en trouve pour défendre l'idée que les USA alimentèrent les mouvements décoloniaux afin d'affaiblir les grands empires coloniaux anglais, français et espagnols. Au pas suivant, le Mahatma Gandhi deviendra un agent de la CIA. Après tout, le Dalaï-lama le fut en Chine... Le plus singulier, c'est que les USA colonisèrent l'Amérique du Nord.
3. D'avoir lâché du terrain dans le monde, d'avoir décolonisé en somme, du moins en dehors des USA par exemple, c'est quelque chose qui fut de charité chrétienne - quand la décolonisation fut à peu près sereine. Ce n'est pas que l'Eglise ou les Eglises chrétiennes en général, n'aient pas été colonisatrices, au contraire elles ont colonisé les mentalités en contribuant à la destruction des cultures du monde - de même, à son niveau historique, l'islam. Mais c'est que le relâchement d'un terrain au profit des locaux, doit se faire en toute reconnaissance à leur accorder un prix suffisamment grand, pour qu'on fasse le sacrifice d'un territoire.
4. D'avoir décolonisé, notamment quand on se sacrifia pour les locaux évidemment, ne mérite-t-il pas en soi, de renoncer à tout esprit de vengeance ? C'est, du moins, ce que réclame la charité chrétienne, dans le pardon. Mais quand on n'éprouve pas de charité chrétienne, pas plus que de la pitié, de l'indulgence ou de la clémence ? Quand on se sent en demeure de se venger, comme c'est le cas dans toutes les cultures qui se respectent (en Occident encore durant la féodalité, qui héritait des moeurs païennes), pour défendre son honneur ? Dans ces cas-là, l'Occident n'aurait-il pas eu géostratégiquement intérêt à poursuivre la colonisation ?
5. Les gauchistes détestent les nationalistes. Saufs les nationalistes étrangers tels que les Viet Cong ou le FLN algérien, qui combattirent la colonisation par les nations atlantiques. Donc, quand le nationalisme est étranger, et quand les nationalistes sont des étrangers, les gauchistes approuvent le nationalisme. C'est qu'alors, le nationalisme est la voix des opprimés, et un moyen de s'unir contre l'oppresseur. D'accord. Mais si les opprimées sont Européens, et les oppresseurs transnationalisés, les nationalismes européens ne deviennent-ils pas légitimes face à l'impérialisme ?
6. La colonisation a toujours servi l'esclavage, dans l'Histoire universelle. Qu'un empire se forme, et il s'arroge des vies, pour se déployer. Les Anciens Européens commerçaient allègrement des esclaves. Rome, évidemment. Le monde islamique, pendant des siècles. Les grands royaumes d'Afrique, aux civilisations parfois fantastiques quoi qu'ignorées, tels que l'empire du Bénin, avaient des esclaves et en vendaient aux Romains, aux musulmans, autant qu'aux marchands occidentaux du commerce triangulaire, à travers les âges. De nos jours, l'Afrique et l'Asie sont les continents où l'esclavage a encore le plus cours. Et quand les richissimes de la planète en détiennent une part financière démentielle en continuant de faire profit durant une pandémie, la question de l'esclavagisation se pose pour tout le monde (avec ou sans interprétation occulte du Great Reset, par le leader Klaus Schwab).
7. L'esclavage, c'est une forme de déportation. Quand on déporte, on déracine les cultures en les dépossédant. On fracture, on fait tout perdre, on sépare parfois les pères de leurs familles, et les enfants de leurs mères, comme ce fut le cas dans les camps de concentration avec les juifs. Mais, à la différence des juifs qui cultivaient bon an mal an leur mémoire rituellement à travers les siècles, les autre cultures du monde n'ont jamais été prête, ou du moins ont-elles régulièrement raté leur tournant mémorial, contrairement aux juifs justement (sans quoi, leur affaire aurait été pliée avec les clans celtes, durant la colonisation romaine).
8. Il est impossible de s'étonner que, mémoriales ou non, des cultures tentent de faire retour, de résurger, de remonter à la surface. Qu'il s'agisse des anciennes religions pré-monothéistes comme de nouvelles manières de faire lien, généralement nommées sub-cultures ou contre-cultures, en sociologie. D'autant plus qu'on leur en donne libéralement le droit. Il n'y aurait qu'autoritairement, qu'on pourrait le leur en priver, jusqu'à la remigration prônée par certains, malgré les décalages culturels originaires acquis, voire tout simplement la culture originaire perdue.
9. Dans un contexte multiculturel, mondialiste peut-être, logiquement, on se cherche des marqueurs de reconnaissance. Ce n'est pas raciste, mais la couleur de peau est flagrante, et voici le racialisme contemporain, après le communautarisme voire le séparatisme. Comme lorsqu'on vend un produit, les éléments les plus simples sont aussi les plus frappants. Venez comme vous êtes... Auquel stade, gauchistes et nationalistes, gauchiasses et droitardés comme on dit sur les réseaux, sont dépassés : il n'y a plus d'universalité pas plus qu'il n'y a de nation, mais il y a, comme disent les sociologues, néo-tribalisme. Finalement, les réseaux dominent et l'on se traverse les uns les autres, parfois encore de façons manifestes plus ou moins ghéttoïsées ou volontairement communautarisées. "Quartiérisées." Mais l'essentiel de la reterritorialisation est psychosociale. Imaginaire collectif.
10. Plus l'historiologie, scientifique, tente d'écrire l'Histoire en nuançant, plus les imaginaires se crispent et deviennent réactionnaires. Chaque nation, chaque néo-tribu et jusqu'à l'universalité militante, affirment leurs identités ethniques, culturelles, sociales et idéologiques.
11. Une sorte de grippe présumée plus coriace que les autres prend des allures mondiales, et d'aucuns s'imagineraient qu'on joue la carte de l'ennemi invisible commun transmissible à tous, afin de rappeler que les enjeux sont mondiaux, que l'humanité est une, et surtout afin d'empêcher la guerre civile raciale potentielle et de fracturer les groupes en place au profit de l'impression planétaire. C'est biologique...
12. C'est aussi Jumanji.
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