Kim-Jong-Il est il prêt à utiliser l’arme nucléaire pour arriver à ses fins ? quelles sont ses réelles motivations ? Pourquoi tout la communauté internationale parle beaucoup mais ne fait rien ?
Depuis quelques années maintenant, le régime de PyongYang n’hésite pas à faire des démonstrations de force (juillet 2007, mai 2009) pour montrer que le dernier pilier du stalinisme respire encore sur Terre ou pour prouver à sa population que le régime est encore en place, est toujours aussi puissant que sous l’ère soviétique.
Cependant, qu’en est-il vraiment ?
La population est exsangue non pas à cause de la seule guerre qui a touché l’archipel (1950-1953), mais à cause de la famine monstre qui règne depuis quelques années sur le pays. Personne ne mange à sa faim, les seules dépenses de l’Etat se font dans le nucléaire ou dans les grosses constructions à la gloire des dirigeants.
N’allons toutefois pas croire que les Nord-coréens ne sont pas heureux. Beaucoup de reportages les montrent néanmoins intègres et sociables et surtout anti-américain (vu qu’ils n’ont connus que ça). Ce serait trop utopique de parler d’une invasion générale de la Corée du nord par les USA (d’ailleurs sur deux fronts : Afghanistan et Irak donc pour l’instant, aucune possibilité réaliste d’invasion) comme d’une solution générale. Nous serons face à une population qu’il faudra plus rééduquer qu’introduire dans l’économie de marché.
La politique de leurs dirigeants les affame mais ce n’est pas pour ça qu’ils ont perdu le goût a la vie.
Du point de vue nucléaire, les précédents missiles tirés n’étaient pas des têtes nucléaires à proprement parler mais des missiles sol-sol (TAEPONG) avec une portée beaucoup moins importante que celle qu’on veut habituellement nous faire croire. L’administration Obama est-elle en face d’un bluff nucléaire à la Saddam Hussein ou bien d’un régime qui n’a plus rien à perdre ?
Ma réponse est mitigée ; je ne sens pas Kim-Jong-Il aller au bout de ces menaces surtout à cause de son allié prépondérant, la Chine, qui elle commence à en avoir assez de son "petit frère", ce qui pourrait constituer un frein si cette dernière hausse le ton... Mais à quel prix la communauté internationale se doit-elle de la convaincre ?
En lui laissant une marge de manoeuvre.
Hu Jintao pourrait utiliser cet argument pour influer sur d’autres conflits ou dossiers périphériques (Tibet, Droits de l’homme). Plus intéressant, à cause de ça, je m’amuse parfois à envisager Pyongyang comme étant la marionnette de Pékin car si la Chine refuse l’aide humanitaire, les rentrées d’argent à la Corée, comment cette dernière pourrait survivre si ce n’est en servant d’une autre façon à la Chine ; à savoir diplomatiquement.
La clef, c’est donc la Chine.
L’administration Obama doit donc faire la part belle aux relations américano-chinoises durant son mandat à cause de son influence sur le jeu diplomatique nord-coréens. Eux seuls peuvent convaincre Pyongyang de venir se rassoir à la table des négociations à six. Il faut d’urgence se réunir car on ne sait pas jusqu’à quand la population va tenir ni jusqu’à quand le régime va rester "calme" (rappellons que sur une population de 22 millions, 1 M d’hommes est la propriété de l’armée). A l’heure de la mondialisation qui prend de plus en plus d’ampleur, combien de temps reste-t-il à la RPD ?
A mon avis, pas beaucoup. L’annonce du successeur de Kim-Jong-Il, son fils Kim-Jong-un constitue un premier trou dans la surface gommée du pneu nord-coréen. Sûrement pour remplacer prochainement son père au vu de ses récents problèmes de santé. Comment son fils pourra-t-il s’affirmer après l’omniprésence de son père ? Au bout d’un certain moments, quand certains cadres vieillissants quitteront le régime, il va être obligé de commencer à négocier avec soit la Corée du sud soit l’administration d’Obama, ou carrément prendre part régulièrement au Conseil des Six. D’un autre coté, l’Iran fait de l’ombre à la Corée du nord avec son projet nucléaire pour l’armée (pourtant ces deux pays sont alliés - on sait qu’ils s’échangent des informations et des médecins - placés tous deux sur l’Axe du Mal de Bush) : y’a-t-il aussi un risque d’embrasement des relations avec un autre des alliés de la RPD ?
De plus, certains discours ou geste diplomatique du Cher Leader ont choqué la communauté internationale. En effet, la seule fibre qui maintenait l’archipel en pays était l’armistice signé en 1953 à la fin de la guerre de Corée a été déchiré (au sens propre). Les deux pays sont officiellement en état de guerre.
La Chine doit donc être placée au centre des rouages des négociations (si négociations il y a). Obama devra faire preuve de pragmatisme sur ce dossier. D’un coté accepter les revendications de la Chine, d’un autre faire pression d’une façon intelligente sur PyongYang ; les embargos et sanctions économiques ne seront d’aucun ressort (comme ils l’ont toujours été). Au fond, la succession de Kim-Jong-il ne pourrait qu’être bénéfique, les négociations seront plus âpres. Pour cela, c’est à la Chine de faire le premier pas.