Côte d’Ivoire : L’inquisition tourne à plein régime
Depuis le 11 avril 2011, nous assistons en Côte d’Ivoire à la naissance d’un nouvel ordre juridique.
La Constitution n’existant plus de fait (elle a subie tant de viols), nous observons la résurgence de l’inquisition, avec la « Vox in Rama » laïcisée et tropicalisée.
Ce « tribunal d’exception » mis en place par les vainqueurs de la guerre qui a opposé la petite terre d’Eburnie au « capital financier international » déroule son rouleau compresseur. La machine à casser du « pro-Gbagbo » tourne à plein régime et un vaste mouvement d’arrestations systématiques a lieu.
La pratique, débuté dès Septembre 2002 dans les zones centre nord ouest (CNO) avec la rebellion, s’est véritablement lancée à grande échelle après la publication le 11 Avril 2011(Arrestation de Gbagbo Laurent par le nouvel ordre mondial : France, USA, ONU) du « Malleus Maleficarum » version ivoirienne .
Ce « Marteau des sorcières » décrit les sorcières, leurs pratiques, et les méthodes à suivre pour les reconnaître. Les coupables d’hérésie sont ainsi identifiés.
En terre d’Eburnie, est déclaré coupable d’hérésie, tous ceux qui ne sont pas militants du Rassemblement de Houphouetistes pour la Paix et la Démocratie (RHDP).
Les « sigillum diaboli » ou « signes du diable » sont retrouvé chez les groupes ethniques supposés proches de Gbagbo Laurent, les régions et départements ayant accordé leurs suffrages à « l’hérétique en chef », les journalistes qui ont eu l’outrecuidance de ne faire que leur métier, le groupuscule d’hommes et de femmes qui a décidé de s’immoler avec le gourou de « la secte » FPI ou encore LMP. En Côte d’ivoire, ne pas être militant du RHDP constitue en soi un délit, un crime de lèse majesté qu’il faut punir avec la plus grande fermeté.
Ainsi les exactions sont quotidiennes. Un jour passé sans exactions en Côte d’ivoire relève du miracle, de l’exception (qui confirme la règle).Des leader de partis politiques, sont arrêtés pour avoir tenu une conférence de presse. Inadmissible, intolérable,…
Ils doivent être sanctionnés. Et comme Marguerite Porete, à la suite de « le Miroir des âmes simples anéanties » ; ils sont conduit manu militari au « goulag » pour être exorcisés. Le "tribunal d’Osiris" se met en place ; ils doivent se livrer au rituel de la « confession négative ». Mais cela ne suffit pour avoir « la vie éternelle ». Alors ils faut les casser psychologiquement en leur infligeant le supplice de la goutte d’eau. Entre temps les inquisiteurs cherchent, cherchent et cherchent, encore et encore. Eureuka… enfin les chefs d’accusation. Et ils le brandissent fièrement à la face du monde : atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs, constitution de groupes armés, casse d’établissements financiers, incitation à la révolte, rébellion, délit de patronyme…la liste est longue. La diversion !
Leur culpabilité était déjà établi : hérésie. Des avocats qui veulent rendre visite aux « sorciers » ? Pas question.
Comme le superintendant de Henneberg en 1613, en Allemagne qui déclarait : « Les autorités ne doivent pas permettre aux avocats de s'occuper des affaires de sorcières et de leur sauver la vie pour provoquer encore plus de dommages et de maux »,les visites leurs sont interdites.
Le petit peuple lui, subit encore et encore le jeu du jugement sommaire et de l’exécution sans autre forme de procès. Hier, ce sont les habitants de telle contrée qui étaient, au mieux torturés, sinon exécutés ; aujourd’hui, c’est au tour de telle village de faire les frais de l’inquisition ; demain un autre village et ainsi de suite.
Et quand « l’orgie macabre » a atteint le seuil du tolérable, l’allié naturel -ONUCI- très embêté, se sent alors obliger de leur rappeler, qu’il faut s’y prendre en douceur ; faire preuve de plus de subtilité, d’ingéniosité dans l’entreprise. Une conférence de presse, un communiqué, des phrases dont voici les plus usitées : … se dit préoccupé ;… exprime son inquietude ;…lance un appel ;...
Voici la dernière sortie que vous trouverez en entier sur le site de l’ONUCI :
Aux dires de M. Ngefa (en charge des droits de l'Homme au sein de la mission de l'ONU en Côte d’ivoire), dans le sud, la Division de Droits de Homme (DDH) avait pu documenter 26 cas d’exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, 85 cas d’arrestations arbitraires et de détentions illégales, 11 cas de viol et de mutilations génitales féminines et a effectué plusieurs missions à Abidjan et à l’intérieur du pays. « Pendant la période en revue, 26 personnes, dont un enfant de 17 mois, ont été sommairement exécutées à Biéby (
Mais comme il ne faut surtout pas accabler uniquement le poulain, alors on va montrer aussi que les hérétiques à qui, on veut apporter la lumière ont leur responsabilité dans les tueries. Ainsi, l’Agence France Presse (AFP), dans sa dépêche du 11 Août, va ajouter les miliciens gueré pro-Gbagbo à la liste des responsables des exactions. Pitoyable…
Les autres alliés (France, USA) qui ont confié le service après vente à l’ONUCI n’ont pas le temps de prêter une oreille au déchirement d’homme, de femmes,d’enfants dont le seul crime est d’avoir comme Jeanne d’Arc « porter des habits d’homme » - s’émanciper - occupés qu’ils sont à mater une autre hérésie en Libye, celle de l’auto-proclamé « Roi des Rois », et bientôt celle du fil de fer syrien (une épidémie d’hérésie sévie dans la fosse, dans la racaille des bas-fonds).
Et l’Union Africaine dans tout ça ; elle tourne honteusement le visage ailleurs pour ne pas se retrouver face à sa laideur que le miroir de, la conscience africaine, des âmes flétries,du bourgeon taillé lui ramène.
Mais au delà des persécutions, c’est le Front Populaire Ivoirien (FPI), cette secte qui a « perdu tant d’âmes » qu’il faut anéantir pour que la Côte d’ivoire retrouve la paix, la quiétude,la sécurité, « le vivre ensemble ». Cette secte qui n’aurait jamais du exister. Pendant que Les sofas révisionnistes, nostalgiques des « quarante glorieuses de l’Houphouétisme » appellent à sa dissolution -une assignation en dissolution a été déposée tribunal de première instance d’Abidjan-, le quotidien gouvernemental lance le débat (si le ridicule tuait).
Le venin est ainsi déversé par dose homéopathique dans la conscience ivoirienne. Le résultat se fera sentir bientôt. Et la sentence tombera : Dissolution du FPI. Ce ne sera qu’une juste remise en ordre des choses. Le passage à la centrifugeuse a été un franc-succès. On a réussi à extraire de l’uranium enrichi depuis le 11 Juillet 2011-LIDER- le reste n’est que déchet radioactif dont il faut impérativement se débarrasser. Comme un abcès, qu’il faut crever pour que la nation se porte mieux, anéantir le FPI devient une question de salubrité publique.
Après viendra la réconciliation que Seli zegou,un chroniqueur d’un quotidien ivoirien a bien exprimé : « Pour mieux comprendre la comédie de la Réconciliation nationale, il faut savoir qu'il y un aspect télé-réalité destiné au public occidental et un aspect réalité pour nous et qui est bien moins glamour : exactions, crimes, pillages et chasse à l'homme, tout ça c'est la réconciliation. »
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