Côte d’Ivoire : La nouvelle armée indexée après avoir à nouveau tiré sur des civils
Vavoua, dimanche 18 Décembre 2011, Les FRCI, la nouvelle armée de côte d'ivoire, ouvrent le feu sur des manifestants venus protester contre le passage à tabac mortel d'un jeune de la ville. Le bilan final est lourd. Six morts, tous du coté des civils. L'exaction de trop ? Les réactions qui ont suivi, aussi bien de la part du gouvernement ivoirien que de celle de l'ONUCI, montrent que l'affaire est considérée avec un intérêt particulier. L'appartenance ethnique des tués (nordistes comme M Ouattara) a t'elle favorisé cette soudaine réaction ? L’Onuci a réaffirmé son impartialité et participé au « transfèrement » des sept éléments des Frci qui ont tué. Son représentant, Hamadoun Touré a dénoncé, ce jeudi, lors de son point de presse hebdomadaire, les exactions des FRCI sur les populations civiles rappelant au passage les événements de songon ,village situé à une dizaine de kilomètres de Yopougon, dans la banlieue d'Abidjan et ceux de Guépahouo dans la sous-préfecture d’Oumé. Pour le gouvernement ivoirien, le procureur militaire avait quant à lui décidé des poursuites judiciaires contre les militaires auteurs d'exactions. Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée à son cabinet, le commissaire du gouvernement, Ange Kessi a déclaré « inadmissible que les Frci méprisent le droit et les règles régissant leur corps pour s’adonner aux actes frisant la moquerie et le non respect de la hiérarchie ».
On peut toutefois être surpris que le gouvernement ivoirien ait attendu aussi longtemps pour décider de mesures concrètes alors que l'activité des FRCI est connu depuis l'accession de M Ouattara au pouvoir par la force. M Gbagbo a été déclaré responsable des exactions de son armée contre les populations civiles. Lorsque les soldats d'Allassane Ouattara tirent sur une foule de manifestants à vavoua, le responsable est bien entendu le chef suprême des armées. La non réaction de la "communauté internationale" qui avait justifié l'usage de la force contre M Gbagbo lorsque des manifestants pro-ouattara avaient étés tués est tout aussi surprenante.
Force est de constater que les forces armées républicaines de côte d'ivoire (FRCI) n'ont pour l'instant de républicain que le nom.
En avril dernier, Salvator Sagues, d'Amnesty international résumait la situation dans un entretien accordé a RFI : "Vous savez comment Amnesty a critiqué constamment pendant dix ans ce qu’a fait Laurent Gbagbo. Mais ce qui se passe actuellement est inimaginable ! Il y a des gens sans aucun contrôle qui sont en train de commettre des choses barbares et il faut absolument que cela se sache. Je suis assez étonné de la teneur de la presse en France qui dit que Alassane Ouattara se donne deux mois pour remettre de l’ordre. On a l’impression que les choses vont de mieux en mieux. Ce n’est absolument pas vrai. Nous n’avons aucune sympathie pour l’ancien régime mais ce qui est en train de se passer est inadmissible." Huit mois après cet interview les faits donnent raison a Amnesty international. HRW avait aussi dénoncé le même etat de fait : dans son rapport du 2 juin 2011 : " Les meurtres, les actes de torture et les traitements inhumains commis par les forces armées de Ouattara ont continué alors qu'un chercheur de Human Rights Watch se trouvait à Abidjan, prenant clairement pour cible les groupes ethniques au cours d'actes de représailles et d'intimidation généralisés".
Les événements de Vavoua sont ils les événements de trop ? Il est permis d'en douter. Le manque de formation, l'indiscipline généralisée et l"impunité dont ils ont bénéficié jusqu'à maintenant ont été les terreaux sur lesquels les parades et exactions des FRCI ont prospéré. La côte d'ivoire ne peut être dans ce contexte considérée comme sûre. C'est dans ce contexte de peur généralisée que se sont déroulées les dernières élections législatives. Le très faible taux de participation entre 10 et 35% n'est pas uniquement lié au boycott du plus important parti de l'opposition mais aussi à la terreur que les populations civiles éprouvent dans certaines régions face a des hommes en armes, indisciplinés, à la gâchette facile et au jugement sommaire.
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