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Accueil du site > Actualités > International > Côte-d’Ivoire : la paix des prédateurs ?

Côte-d’Ivoire : la paix des prédateurs ?

Malgré la fête organisée à Bouaké le 31 juillet, il semble que rien ne soit encore réglé en CI. On a connu depuis 2002 des réunions, des conférences... qui devaient aboutir à la paix : Marcoussis, Accra, Pretoria, Ouagadougou... À chaque fois, ils ont sablé le champagne, il se sont tapés sur l’épaule et donné l’accolade... En se fixant implicitement rendez-vous « à la prochaine ».

Pourquoi ce pessimisme ? Parce qu’en Côte-d’Ivoire la crise est structurelle. Elle trouve son origine dès l’indépendance en 1960 et la mise en place d’un régime clientéliste. Au fil du temps, sous l’effet de causes tant internes qu’externes, ce régime s’est progressivement délité jusqu’à la tentative de coup d’État du 19 septembre 2002. Depuis, de nombreuses tentatives de paix ont échoué. Le nouvel accord de Ouagadougou a-t-il des chances de réussir ?

Félix Houphouët-Boigny : le clientélisme « éclairé »

Pendant plus de trente années, Félix Houphouët-Boigny a su préserver la stabilité et l’unité nationale du pays composé d’une mosaïque d’une soixantaine d’ethnies et d’une forte proportion d’immigrés en provenance des pays frontaliers du Nord, attirés par la relative prospérité de la Côte-d’Ivoire. Le système « houphouétiste » était un régime clientéliste fondé sur le prélèvement et la redistribution de la rente principalement issue des filières cacao-café ainsi que de l’aide extérieure. Au cœur du système de prélèvement se trouvait la Caisse de stabilisation et de soutien des prix des produits agricoles (Caistab), monopsone étatique, qui assurait la commercialisation des produits de l’agriculture de rente. Le différentiel entre le prix officiel d’achat aux planteurs et les cours mondiaux générait un volume important de rente distribué selon des règles officieuses d’équilibre, politiques, géographiques et ethniques. Le contrôle du système était assuré le Parti démocratique de Côte-d’Ivoire (PDCI), parti unique fortement structuré jusque dans les plus petits villages de la brousse. Les années fastes ont permis une redistribution de la rente jusqu’aux niveaux les plus bas de la hiérarchie sociale à travers l’élargissement du secteur public, le recrutement obligatoire des diplômés dans la fonction publique, l’emploi d’immigrés dans l’agriculture...

L’élargissement et l’intensification du système clientéliste ont été grandement facilités, dans la deuxième moitié des années 1970, par le choc externe positif de la forte amélioration des termes de l’échange. Engendrée par le renversement de tendance sur les marchés internationaux des produits de base, la crise des années 1980 a fortement réduit le volume de la rente agricole. Pour pérenniser tant bien que mal un système frappé par le « syndrome hollandais », Félix Houphouët-Boigny fait appel à l’endettement ainsi qu’à ses relations privilégiées avec l’ancienne métropole.

La spirale de l’endettement a poussé la Côte-d’Ivoire à suspendre unilatéralement, en mai 1987, ses remboursements au titre de la dette extérieure. Cette décision du « Vieux » hypothèque l’avenir et sème les graines de la violence future. Son décès, en décembre 1993, ponctue la fin d’une époque notamment marquée par des relations privilégiées avec l’ancienne métropole, « financier en dernier ressort » du clientélisme homogénéisateur.

Konan Bédié : l’héritage dilapidé

Henri Konan-Bédié, président de l’Assemblée nationale, est désigné selon l’article 11 de la constitution, pour assurer l’intérim jusqu’à la fin du mandat en cours (septembre 1995). Son arrivée au pouvoir s’accompagne de la dévaluation du franc CFA en janvier 1994, conséquence logique de la « doctrine Balladur », qui marque l’acceptation par la France de la cotutelle des institutions de Bretton Woods (IBW) sur son « pré carré ». A l’ajustement « en termes réels » prôné par la France, succède un nouvel ajustement plus rigoureux, dont l’objectif principal est de « casser » le système d’économie de rente, par la suppression de l’organisme de collecte (Caistab) et par la mise sous contrôle renforcé des mécanismes de redistribution, principalement ceux liés à la dépense publique.

Le changement de parité fait naître un climat d’euphorie trompeuse. Portée par l’augmentation conjoncturelle des cours mondiaux du café et du cacao ainsi que par d’importants flux d’aide extérieure, la croissance ivoirienne se redresse temporairement.

Néanmoins, dès 1996 le ralentissement de la croissance induit une réduction progressive de la rente et compte tenu des contraintes liées à l’héritage et à l’ajustement, son volume est insuffisant pour satisfaire l’importante demande léguée par le système houphouétiste. La promotion du concept d’ « ivoirité » lui permettant d’exclure les populations du Nord, Konan-Bédié recentre la distribution de la rente, dans un premier temps sur les populations du Sud, puis, dans un second temps, sur la forteresse Baoulé, avant de finalement la restreindre à des cercles de plus en plus proches du pouvoir.

Au cours de cette période, la mauvaise gouvernance et la corruption sont les principaux vecteurs de la captation et de la distribution de la rente, à travers la dépense publique, le processus de privatisation et les détournements de fonds. Ces dérives durables ont conduit les Institutions de Bretton Woods (FMI, Banque mondiale) a suspendre leurs concours financiers à la fin de 1998, aggravant ainsi la crise du système.

En violant les règles officieuses de répartition, caractéristique du clientélisme houphouétiste qui assurait la stabilité du pays, le recentrage de la distribution de rente provoque une montée de la contestation même au sein des Baoulés.

En conséquence, le régime se durcit et tente de fédérer les populations du Sud, non plus autour de la rente, mais autour du thème de l’ivoirité, réveillant le sentiment xénophobe à travers des campagnes dans les médias sous contrôle. Le volet politique de l’ivoirité, exprimé dans le code électoral, est complété d’un volet rural par le vote en décembre 1998 de la loi foncière, qui dans une de ses dispositions exclut les non-ivoiriens de la propriété foncière rurale.

En tentant de reconduire le système clientéliste malgré sa faillite, Henri Konan Bédié en a produit un avatar, « le système clientéliste appauvri », qui, en élargissant la fracture Nord-Sud, a inexorablement conduit au coup de force de l’armée.

Le général Gueï : le « balayeur » otage de l’armée

Sous la longue présidence d’Houphouët-Boigny, l’armée est restée relativement discrète, revendiquant simplement, au cours de rares crises (1973, 1975 et 1977), une plus grande implication dans la gestion du pays. Pour répondre à cette attente, Houphouët-Boigny a doté l’armée d’un statut privilégié (solde, conditions matérielles favorables) et impliqué les militaires de rang supérieur dans l’Administration, par des affectations hors cadre (administration civile, douanes et entreprises publiques). Ainsi, une partie de l’armée profitait de la rente (du système clientéliste), jusqu’à l’arrivée d’Alassane Ouattara à la primature, qui a progressivement mis fin à cette situation. Après le décès d’Houphouët-Boigny, Konan-Bédié a poursuivi la tendance à la marginalisation de l’armée.

En décembre 1999, l’armée « prend la parole » par des manifestations corporatistes qui dégénèrent en coup d’Etat. Robert Gueï est alors accueilli en libérateur par la population, lassée des débordements du régime Bédié. Si Robert Gueï a initialement eu l’intention de réformer un tant soit peu le système, notamment à travers la constitution d’un gouvernement de compromis, le lancement de l’opération « mains propres » destinée à lutter contre la corruption, ou la modification de la constitution assortie d’un code électoral transparent, il est sans véritable assise politique et se retrouve rapidement en situation minoritaire tant au sein du gouvernement qu’à l’intérieur du Conseil national de salut public (CNSP). Il se retranche alors sur l’armée, dont le contrôle lui échappe en grande partie, et s’attache à satisfaire des revendications que les militaires estiment légitimes envers celui qu’ils ont porté au pouvoir. Les caisses de l’Etat étant vides, Robert Gueï tentait de la sorte de rétablir partiellement le système clientéliste sans en avoir les moyens. Par la suite, l’ivresse du pouvoir, l’avis de conseillers peu avisés... l’ont amené à adopter un comportement dictatorial qui s’est terminé par son départ précipité au mois d’octobre 2000.

Laurent Gbagbo : du clientélisme appauvri à la prédation

En 2000, l’élection à la présidence de la République s’avère tronquée du fait de l’élimination de candidats crédibles (dont Konan Bédié et Alassane Ouattara). Laurent Gbagbo est élu avec 59,36 % des suffrages exprimés, mais le taux de participation (37,42 %) et celui des bulletins nuls (12,4 % des votants) révèlent la faiblesse de son soutien populaire.

Dès la confirmation de sa victoire, Laurent Gbagbo s’est empressé d’exprimer sa volonté de rompre avec le passé : "la deuxième République sera la république de l’intégration nationale, du développement équilibré, de la solidarité et de la démocratie".

Les populations composant la mosaïque ivoirienne ont alors pu penser que Laurent Gbagbo était l’homme providentiel porteur d’un projet alternatif au système clientéliste en vigueur depuis l’indépendance.

Mais Gbagbo devait répondre à de nombreuses attentes. Celles, d’une part, des exclus de l’ajustement : chômeurs, intellectuels prolétarisés, « compressés » de la fonction publique, classes moyennes urbaines... Celles, d’autre part, des exclus de la vie politique et sociale, principalement les « gens du Nord », initialement marginalisés par Henri Konan Bédié. Sur ce point, Laurent Gbagbo reconnaissait implicitement en décembre 2000 que la résolution du conflit Nord-Sud impliquait notamment la reprise de la distribution clientéliste de la rente dans les régions septentrionales : « le Nord a été négligé, il est sous-équipé. A l’avenir, il faudra pratiquer une sorte de "discrimination positive" à leur profit... et même un "plan Marshall"... » (Le Monde 19/12/2000).

Malgré la reprise progressive des financements externes, le président n’a pu élargir sa marge de manœuvre, principalement en raison : (i) de sa faible assise politique vu les conditions de son élection, (ii) des exigences des « barons » du FPI et de son ethnie concernant l’accès à la rente, (iii) de la nécessité de composer avec l’armée, la police et la gendarmerie, (iv) du contrôle accrû des bailleurs de fonds sur la dépense publique...

Laurent Gbagbo a donc reconduit le système clientéliste sous sa forme appauvrie en intensifiant l’ethnicisation de la vie politique. Cette situation a conduit à la tentative de coup d’État du 19 septembre 2002 et à la partition du pays entre « loyalistes » au Sud et « rebelles » (rebaptisés Forces nouvelles) au Nord.

Partition et prédation au Nord et au Sud

Depuis la tentative de coup d’État, s’est développée une économie de « ni guerre ni paix », génératrice pour certains, au Nord comme au Sud, de profits, de revenus et de rentes. Du fait de l’instabilité, le système clientéliste mis en place par Houphouët-Boigny et la corruption, qui lui est inhérente, se sont largement autonomisés et décentralisés, les activités les plus "juteuses" étant réservées aux élites.

La situation de ni guerre ni paix engendre des comportements de prédation et de défaut de transparence qui, selon Pierre Schori, représentant spécial sortant des Nations unies pour la Côte-d’Ivoire « touchent les secteurs clés générateurs de revenus tels que le pétrole, le cacao et le café. Certains Ivoiriens accusent aussi bien les membres du gouvernement que les rebelles des Nouvelles Forces de s’enrichir, alors que le pays se trouve dans une impasse politique, ce qui réduit leur volonté de négocier une paix réelle ». Le cardinal Bernard Agré renchérit : "cette guerre ivoirienne sent à plein nez le pétrole, le gaz, le diamant, l’or, le cacao, le café, le bois précieux ".

A titre d’exemple, on peut lire avec profit le rapport de Global Witness (2007) : Chocolat chaud : comment le cacao a alimenté le conflit en Côte-d’Ivoire qui montre l’utilisation des fonds de la filière cacao au Nord et au Sud pour acheter de l’armement, mais également pour l’enrichissement personnel des « élites ». On peut ainsi mener grand train : appartements, villas de luxe en Côte-d’Ivoire et à l’étranger, Porsche Cayenne, Hummer H2... À des niveaux plus bas de la hiérarchie prédatrice se situent les milices et les forces de sécurité qui trouvent un supplément de revenu en dressant des barrages routiers à travers tout le pays pour arrêter et racketter les civils. Et pendant ce temps, qu’en est-il de la population ?

La population se meurt

Pierre Schori déclarait en février 2007 : le pays est « au bord de la catastrophe ». « La situation économique, sociale, humanitaire et sécuritaire s’est dégradée au fil des ans et la population vit un drame au quotidien ». La Côte-d’Ivoire figure désormais à la 163e place - sur 177 - de l’indice de développement humain (IDH). Près de la moitié de la population de la Côte-d’Ivoire vit avec moins de 1 dollar par jour. La population se meurt, mais qu’importe, cela n’empêche pas d’autoriser le déversement, moyennant finances, de déchets hautement toxiques dans les décharges d’Abidjan, car on est sûr de son impunité (cf. l’affaire du Probo Koala). Mais tout cela, c’est la faute des impérialistes occidentaux...

Vers la paix ?

Ce n’est pas un feu de joie dans lequel on jette quelques escopettes qui va résoudre le problème. La solution repose sur le tryptique pouvoir-argent-impunité. La paix entraînera la réunification du pays menaçant les situations acquises concernant le pouvoir qui donne l’accès à l’argent. De plus, des massacres ayant été commis tant au Nord qu’au Sud, sans compter les actes de prédation, les protagonistes souhaiteraient obtenir leur impunité.

Dans ces conditions, chacun attend des garanties sur son devenir. La paix et les élections qui suivront devant leur assurer une situation équivalente voire meilleure. Rien n’étant moins sûr... « ni guerre ni paix » leur convient très bien !

Quant aux Français, laissez ouvert votre portefeuille, la Force Licorne coûte 250 millions d’euros par an.


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8 réactions à cet article    


  • Webes Webes 3 août 2007 17:16

    Reduire cette rebellion a un probleme de repartition monnetaire, c est enormement resumer la situation !


    • La Taverne des Poètes 3 août 2007 17:53

      163e place sur 177 sur l’indice de développement humain (IDH) : voilà qui dit tout !

      Bon article complet et facile à lire. Merci à l’auteur.


      • La Taverne des Poètes 3 août 2007 17:54

        Je viens de voir votre C.V et je comprends mieux pourquoi l’article est de qualité.


      • isis 4 août 2007 00:15

        la question que je me pose à la lecture de votre article, c’est : quelles solutions l’economiste que vous etes entrevoit’il pour sortir d’une telle crise ? on à l’impression à vous lire que c’est sans issue.. le pensez vous vraiment ?


        • Théophile Kouamouo Théophile Kouamouo 4 août 2007 23:53

          M. Conte, vous avez une vision nostalgique donc fausse. Le clientélisme d’Houphouët n’était pas éclairé du tout, sinon il n’aurait pas été réduit en cendres dès le début des années 80. Le FMI et la Banque mondiale ont réussi à imposer leur diktat parce que la fameuse « coopération franco-africaine » avait laissé en héritage aux nouvelles générations une dette colossale. L’hypercentralisation du système et la violence du parti unique sont à la base de toutes les névroses qui traversent aujourd’hui le corps social. Maintenant, est-ce une paix des prédateurs qui n’a aucune chance de prospérer ? L’économie de guerre entraîne toujours des réflexes de prédation, mais ce sont ceux qui font la guerre aujourd’hui qui feront la paix demain - c’est un classique dans l’histoire de l’humanité. Et dans un contexte pacifié, les exigences citoyennes deviennent plus fortes. Je comprends votre amertume en tant que Français, mais elle ne doit pas vous empêcher d’analyser plus finalement les faits. Arrêtez de jouer les prophètes de malheur et proposez comme vous le demande Isis.


          • Entrevaux 5 août 2007 19:44

            Bernard Conte n’a pas de vision nostalgique, il constate comme tous que la Côte d’Ivoire s’est enfoncé et s’enfonce chaque jour un peu plus vers le moyen âge.

            Il suffit de voir la situation des infrastructures (écoles, hôpitaux, bâtiments publics...) pour constater que le pays avance à reculons et que la pauvreté s’étend de plus en plus.

            Bien évidemment, il reste toujours l’espoir de penser que c’est la faute aux autres (la France, le FMI...), ça aide vachement à construire.


          • Bernard Conte Bernard Conte 9 août 2007 09:56

            Ayant délaissé quelques jours mon clavier pour mon vélo + sacoches, je n’étais pas en mesure d’apporter une réponse aux commentaires.

            Réponse à Webes : A mon sens, le problème économique se trouve à l’origine du conflit. Tant que le gateau s’est accru, le jeu de la répartition clientéliste a produit de la stabilité et de la prospérité. Dès que le gateau s’est réduit (crise économique, financière...), le nombre de bénéficiaires a forcément diminué, engendrant l’exclusion de certaines franges de la population. Dans ce contexte, la justification de l’exclusion prend alors des accents, ethniques, religieux... C’est le début de la dérive... (mais il s’agit de mon analyse, d’autres points de vue existent !).

            Réponse à Isis : Gardons-nous de trop de pessimisme ! Il existe toujours une solution. A mon sens, elle passe par une mutation profonde de la société ivoirienne : passer d’un système de prédation à un modèle de développement tourné vers le bien-être des populations. Seules les populations de Côte d’Ivoire sont en mesure de conduire le processus, en se gardant de faire appel à « l’extérieur », représenté tant par les occidentaux que les « frères » africains qui n’ont d’yeux que pour les richesses du pays.

            Je ne réponds pas aux propos agressifs de Monsieur Kouamouo. J’ai déjà exprimé mon opinion sur ses propres écrits dans deux précédents posts.


            • Webes Webes 20 août 2007 00:53

              Bernard que le cumul des problemes economiques de la CI de 80 env. a la mort de FHB soient le declancheur des differentes crises, comme dirait l autre « c est une verite vrai ». Mais le probleme de base n est pas economique, il est ethnique ! Bedie n a pas invente l ivoirite, il ne l a qu applique. Ce n est pas un hasard si FHB a mis ADO 1 er ministre pendant une periode economiquement difficile en CI et a preserver Bedie qui etait son chouchou.

              Les Akans ne laisseront jamais les nordistes prendre les reines du pays ! Le fond de la crise est la !

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