Côte d’Ivoire : Les houphouëtistes gouvernent mal les Ivoiriens
Si Houphouët ne faisait pas aujourd’hui l’objet d’un culte presque unanime, j’aurais peut-être hésité à mettre en cause certains aspects de son caractère et de son action, de peur de pécher par injustice. Sans souci de plaire ou d’exaspérer, je veux simplement apporter la contribution d’un homme amer parce que profondément déçu. Déçu d’un système, déçu d’une doctrine, déçu de ce que tout un peuple refuse de s’interroger sur cette doctrine nommée houphouëtisme et qui est à la base du chancellement de toute une nation, de toute une société, de tout un pays pendant cinquante-sept ans. Il y a un vrai malaise social, économique, politique en Côte d’Ivoire que certains médias occidentaux achetés par Ouattara, qualifient d’embellie. Pendant combien de temps encore, les Ivoiriens vivront-ils sous cette tyrannie des houphouëtistes ?
L’houphouëtisme continue dans sa logique tyrannique d’avilir tout un peuple. Pourquoi tant d’intellectuels ivoiriens refusent d’opposer une seule contradiction à l’houphouëtisme au point que dans la conscience collective, Houphouët est le démiurge, le prédestiné, seul capable d’imaginer et de construire la Côte d’Ivoire avec une doctrine obscurantiste, antidémocratique et tyrannique. Je devine les protestations, la colère, l’indignation des nostalgiques de l’autorité, des frénétiques du prestige…Houphouët, Bédié, Guéi et Ouattara, voilà les houphouëtistes qui ont exercé le pouvoir au nom de l’houphouëtisme, révélant ainsi la laideur de cette doctrine antidémocratique. Depuis le mois de janvier 2017, Ouattara le démontre bien : l’houphouëtisme c’est simplement de la tyrannie. Là où les Ivoiriens souhaitent dialoguer avec leur président, Alassane Dramane Ouattara a préféré les intimider en nommant à la tête de l’armée les soldats de sa Rébellion. Des nominations qui ont fait tilt dans l’esprit de la communauté nationale et internationale. Peut-on longtemps cacher sa vraie nature ? Alassane Dramane Ouattara a fini par convaincre la communauté internationale qui l’a porté au pouvoir, de son manque de culture démocratique de sa mauvaise gouvernance. Nous sommes convaincus du manque de culture démocratique des houphouëtistes. La violence et les armes sont le seul langage des houphouëtistes. Depuis samedi, Ouattara, l’un des chantres de l’houphouëtisme, s’est brillamment illustré dans ce qu’on enseigne à l’école d’Houphouët : oppression, mensonge, tyrannie. 6 journalistes indépendants viennent d’être condamnés pour avoir fait leur travail, celui d’informer le peuple. Comme les houphouëtistes n’aiment pas la vérité, ils n’aiment aussi les journalistes. La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dans son article 15 dit que « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ». Voilà ce qui caractérise la démocratie à l’ivoirienne prônée par l’houphouëtisme : oppression, mensonge et tyrannie.
Si personne ne combat en Côte d’Ivoire pour protéger la vérité et la justice, elles risquent d’être détruites par les mensonges des houphouëtistes. Et le silence des Ivoiriens au sujet d’Houphouët n’a fait que faire prospérer un mensonge qui continue de gangréner la Côte d’Ivoire. Le silence peut souvent mener à la défaite. Il y a bien un malaise en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens vivent mal. Les Ivoiriens sont mal gouvernés. Il n’y a pas d’embellie économique. Le cacao ivoirien ne se vend plus depuis le mois de décembre 2016. Dans la boucle du cacao, c’est la misère. Les planteurs pleurent à Soubré, à Méagui, à San Pedro…On n’achète pas leur cacao. Pourtant le pouvoir ivoirien par un mensonge qui pue veut faire croire le contraire au monde entier.
Pendant quarante-trois ans, Houphouët a régné en maitre absolu, en tyran sur la Côte d’Ivoire. Pendant quarante-trois ans, ses militants ont violé psychiquement le peuple de Côte d’Ivoire, en imprimant dans leur structure mentale qu’Houphouët demeure un démiurge qui devrait être cité dans les récits cosmologiques et cosmogoniques des peuples de Côte d’Ivoire. Ce viol psychique collectif s’est aussi matérialisé à travers l’assassinat aussi collectif que massif de tous ceux dont les écailles tombées des yeux, avaient pu voir la nudité et la laideur d’Houphouët et sa doctrine. Le peuple Sanwi[1] au sud de la Côte d’Ivoire par exemple, a très tôt payé cher le fait que, quelques uns de ses fils ayant découvert le coté avilissant de l’houphouëtisme lié au colonialisme français, décidèrent de s’attacher à la Gold Coast colonisée par les Anglais. La réaction d’Houphouët fut alors brutale, impitoyable et sanguinaire contre le peuple Sanwi : le Sanwi fut ravagé par l’une des plus vives répressions jamais connues en Afrique de l’Ouest avec l’aide de l’armée française sollicitée par Houphouët. Et le Sanwi se soumit contre son gré et le Sanwi s’attacha contre son gré à la Côte d’Ivoire et au système français. En Côte d’Ivoire aucun livre d’histoire ne parle de la répression sanglante du peuple Sanwi et du massacre de ses braves fils. Même le peuple Sanwi n’en parle pas de peur d’être la cible de la tyrannie des houphouëtistes. L’autre manifestation de la doctrine houphouëtiste contre le peuple de Côte d’Ivoire a été contre le peuple Guébié de Gagnoa (centre-ouest de la Côte d’Ivoire). En effet, en 1970, Kragbé Gnangbé, un Guébié[2], (ethnie appartenant au sous groupe bété de Laurent Gbagbo), séduit par la révolution française, la révolution de la France de Victor Hugo, de Marat, de Danton, de Robespierre, de Napoléon, de Talleyrand, avait osé parler de multipartisme et créer son propre parti politique, le PANA. En effet, ayant vécu en France, Gnangbé Kragbé avait été épaté par la célèbre devise de la République de France, « Liberté, Egalité, Fraternité » qui est aussi proclamée dans la Déclaration des Droits de l’Homme et qui a contribué au développement de la démocratie. Pour lui, ce bel exemple démocratique et du respect des droits de l’Homme, pourrait aider à la libération de son peuple et contribuer au développement de la Côte d’Ivoire. Quand Houphouët eut vent de cette révolution positive, cette initiative qui allait affranchir le peuple de Côte d’Ivoire, il tua le poussin dans l’œuf. Kragbé Gnangbé fut assassiné, tout le peuple Guébié massacré. Et depuis 1970 aucun historien sérieux n’a osé dire ce qui s’est réellement passé. Certains historiens ont simplement été payés avec l’argent du contribuable pour falsifier la mémoire de Kragbé Gnangbé comme cela se fait encore en Côte d’Ivoire. La falsification de l’histoire au profit des vainqueurs, une justice des vainqueurs. Les houphouëtistes, les doigts dans le nez, continuent de noircir l’histoire de la Côte d’Ivoire sous les yeux des intellectuels ivoiriens.
Depuis 1970, on ne parla plus de multipartisme que dans la clandestinité alors qu’au même moment, au Sénégal le multipartisme battait son plein. Tous ceux qui tentaient de faire manger ce totem appelé multipartisme, au « Vieux », étaient jetés en prison et pour les moins chanceux, assassinés. C’était cela la démocratie à l’ivoirienne prônée par Félix Houphouët Boigny avec la complicité de la classe politique française. La démocratie selon l’houphouëtisme c’est une dictature, une oligarchie, une tyrannie. Sous le régime houphouëtiste, les prisons se multiplient, les libertés sont confisquées et les exilés politiques se multiplient. Aujourd’hui, sous le président Alassane Dramane Ouattara, les prisons ivoiriennes sont pleines des opposants politiques et des milliers d’exilés politiques continuent de courir à travers le monde. Un vrai bazar politique ! Selon une étude récente, plus de 228[3] personnes sont détenues en Côte d’Ivoire pour leurs opinions. Houphouëtisme, en voilà du flafla ! On continue d’étouffer les Ivoiriens avec une doctrine aussi obscurantiste, avilissante, liberticide, oligarchique. Doctrine contre l’intérêt des Ivoiriens...Voici donc ce que sont en réalité les houphouëtistes qui gouvernent aujourd’hui encore la Côte d’Ivoire à travers le Rassemblement des houphouëtistes pour la paix et la démocratie (RHDP[4]). Si le peuple de Côte d’Ivoire savait par quels petits hommes il est gouverné !
Ce qui se passe en ce début d’année 2017 en Côte d’Ivoire, témoigne bien des maladresses de cette doctrine avilissante parce que basée sur le mensonge et la dictature. Le président Dramane Ouattara sacrifié les fonctionnaires ivoiriens au profit de 8500 soldats qu’il avait armés en 2010 contre Laurent Gbagbo. En tout cas, pour 2017, c’est un véritable pavé dans la mare aux grenouilles en Côte d’Ivoire. La revendication de 8500 soldats. L’ardoise est longue ! 12 millions de fcfa pour chaque soldat ! Quant aux fonctionnaires qui revendiquent les mains vides, ils peuvent battre le pavé aussi longtemps qu’ils peuvent. Les houphouëtistes ont l’habitude de narguer leur peuple là où un régime démocratique vénère son peuple. Les planteurs ivoiriens de cacao pleurent depuis le début du mois de décembre 2016. Le cacao ne s’achète plus en Côte d’Ivoire. Plusieurs familles ont mal passé les fêtes de fin d’année. On se demande alors où est cette embellie économique dont parlent les médias occidentaux ? Gouverner par le mensonge c’est l’une des techniques de l’houphouëtisme. Or on ne peut pas toujours mentir au peuple. C’est de la tyrannie.
Colbert Kouadjo
Journaliste-écrivain, défenseur des droits de l’Homme
[1] Peuple de l’est de la Côte d’Ivoire, du groupe Kwa . En Côte d’Ivoire,Aboisso est la principale ville du Sanwi.
[2] Ethnie du groupe ethnique Bété au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, dont est issu Laurent Gbagbo détenu à la CPI
[3] Rapport n°1-2017 : interrogations sur la cohésion nationale 20 janvier 2017(Michel Gbagbo) paru in le nouveau courrier n°1550 du jeudi 2 février 2017
[4] Rassemblement des Houphouëtistes pour le développement et la paix, regroupement politique composé des partis politiques partageant la doctrine de l’houphouëtisme.
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