Crise malienne : Faut-il envisager une partition tripartite du pays ?
Après le putsch de mars dernier et l'avancée fulgurante de la rébellion touarègue, qui en a profité pour étendre son autorité de l'extrême nord aux confins des régions du Sud, scindant le territoire en deux, les récents évènements de Bamako sont venus exacerber la difficulté d'une sortie de crise. Va-t-on, aujourd'hui, vers une partition - d'abord, en deux, puis, tripartite - du pays ?
D'aucuns parlent, aujourd'hui, de la possible disparition, pure et simple, de l'Etat du Mali - " comme de l'empire du même nom " (sic) -, avec le rattachement de la région de Kayes , à l'Ouest, au Sénégal, l'annexion du Sud à la Côte d'Ivoire, tandis que le Nord, plus que jamais incontrôlable, se muerait en émirat.
Scénario improbable ? Pas tant que ça ! Car quiconque connaît bien le Mali, sait qu'au Sud, notamment dans la région de Sikasso, à la lisière du Burkina et de la Côte d'Ivoire, les populations locales sont - économiquement, voire culturellement - plutôt tournées vers Abidjan et Bobodioulasso que Bamako ; tandis qu'à Kayes, les gens - s'ils ne sont pas d'origine sénégalaise - se sentent encore plus proches du Sénégal, par les ressemblances qui caractérisent les us et coutumes des populations frontalières des deux pays et par la distance qui les sépare de leur capitale administrative.
Le Nord - est-il besoin de le rappeler - s'est, lui, toujours distingué par cet éloignement - tant géographique que culturel - et cet isolement, palpables à Kidal, à Taoudenni et à la lisière des zones frontalières de l'Algérie et de la Mauritanie.
Faut-il donc partitionner le pays ?
En considérant la triste réalité - un pays d'ores et déjà scindé en deux (un Nord rebelle et un Sud aux autorités indécises et divisées) -, nul besoin d'être calé en géopolitique pour comprendre que le processus de partition de ce pays est déjà enclenché.
Une partition bipolaire, jusqu'ici, mais qui - chose à ne pas écarter - pourrait évoluer, tôt ou tard, en cette prophétie d'oracle, certes de mauvais augure, mais qui campe logiquement le scénario d'un partage - je touche du bois ! - tripartite.
Abdoulaye Jamil Diallo
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