Darfour : le gouvernement soudanais n’agit pas et refuse le recours à l’ONU
Comment se fait-il que la communauté internationale n’ait toujours pas pu calmer le gouvernement soudanais qui laisse commettre de telles exactions contre une partie de son peuple ? Il est essentiel d’essayer de comprendre pourquoi ils ne sont pas sanctionnés sévèrement. Que fait monsieur Omar El Béchir devant une telle catastrophe humanitaire annoncée ?

Il faut d’abord situer ce pays sur le continent africain et voir ce qui peut rendre ses dirigeants si arrogants.
Données géographiques
Le Soudan est un pays de l’Est de l’Afrique, le plus grand du continent en superficie. Bordé par la Libye et l’Egypte au Nord, la Mer Rouge, l’Erythrée et l’Ethiopie à l’Est, le Kenya, l’Ouganda et la République démocratique du Congo au Sud, la République centrafricaine, le Tchad à l’Ouest, son nom vient de la langue arabe, balad as-sūdaan signifie littéralement pays des noirs. Le peuple soudanais se compose de deux races, les noirs et les Arabes. Le Soudan peut intéresser les puissances mondiales, indépendamment de leurs desseins humanitaires au Darfour. Le Soudan détient les plus vastes ressources pétrolières inexploitées d’Afrique. L’exploitation de ce pétrole est principalement effectuée par la Chine, qui est, avec le Soudan, en train de consolider une position qui pourra lui servir de plate-forme pour le commerce et le transport du pétrole entre l’Afrique centrale, le Moyen-Orient et la Chine. Cette entente ne plaît pas aux USA. La Chine est désormais le grand rival des Etats-Unis dans la quête du pétrole, partout où elle peut se trouver dans le monde.
Il serait grossier de penser, ne serait-ce qu’un instant, voire d’imaginer que les USA souhaitent se servir de la crise du Darfour pour s’installer au Soudan. Le parallèle est vite fait avec l’Irak.
Jugements portés par des dirigeants et la communauté internationale.
Le président du Nigéria Obasanjo a osé parler de génocide à propos de ce qui se passe au Soudan, dans la région du Darfour. Cette région vit en guerre depuis 2003. Monsieur Olusegun Obasanjo a souligné que ce n’était pas dans l’intérêt du Darfour, ni dans l’intérêt de l’Afrique ou du monde, de rester là à voir se développer un génocide au Darfour. Les Nations unies évoquent un nombre de victimes s’élevant à plus de 200 000 morts. Cette guerre a entraîné des conséquences humanitaires au Darfour phénoménales, il s’agit d’une catastrophe humanitaire, depuis 2003. Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé, dans sa résolution 1706, d’envoyer une force des Nations unies de près de 20 000 hommes (se décomposant en 17 000 militaires et 3000 policiers) au Darfour, pour prendre la relève de la mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) qui comptait près de 7000 hommes. Cependant, le président du Soudan, Omar El Béchir, s’oppose fermement à ce projet des Nations unies. Il est très critique envers l’ONU, et dit que ce projet est un plan sioniste tendant à coloniser son pays. Tout le monde sait que ce dernier ne fait rien pour désarmer les milices arabes qui attaquent régulièrement les villages.
Le président nigérian Obasanjo se positionne sur le même plan que les USA pour accuser le gouvernement soudanais de procéder à une purification ethnique et à une arabisation du Soudan. Selon Washington, cette purification ethnique, qui se déroule au Darfour, est assimilable à un génocide. Le gouvernement d’Omar El Bechir et les milices arabes janjawid sont responsables. Les enquêtes américaines menées dans les camps de réfugiés soudanais, dans l’Est tchadien, font ressortir une pratique constante et étendue d’atrocités contre les villageois non arabes du Soudan. Cette purification ethnique se déroule en particulier dans la région du Darfour.
Le président américain Bush exhorte la communauté internationale à œuvrer avec les Etats-Unis pour éviter et supprimer les actes de génocide. Monsieur George Bush a demandé à l’ONU de prendre ses responsabilités. La communauté internationale n’a pas voulu suivre messieurs Bush et Annan, elle ne partage pas la même analyse.
Agir, dans quel sens ? Peut-on parler de génocide ?
La communauté internationale ne nie pas les incursions des milices tribales janjawid qui mettent le Darfour à feu et à sang. Evidemment, elles reconnaissent le drame des populations du Darfour : 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés. L’Union européenne et l’Union africaine hésitent à parler de génocide en ce qui concerne les massacres du Soudan. Une commission d’enquête internationale nommée par le secrétaire général de l’Onu s’est même refusée à évoquer le terme. Selon le rapport de cette commission, certes des éléments constitutifs d’un génocide sont observés, tels que les meurtres de masse, visant un groupe en particulier, les tribus africaines, mais, "l’élément crucial de l’intention génocidaire paraît absent, au moins en ce qui concerne les autorités centrales du gouvernement". Le rapport insiste cependant sur le caractère horrible des atrocités commises, qu’il qualifie même de crimes contre l’humanité : meurtres de civils, torture, viols, destructions de villages, pillages et déplacements forcés.
Pour la commission nommée par l’ONU, ces crimes sont commis à grande échelle, de manière systématique, et semblent faire partie d’une stratégie planifiée. "La plupart des attaques visaient de manière délibérée et sans distinction des civils", note le rapport rendu par la commission. Les commissaires nommés par l’ONU en concluent que "des délits internationaux, tels que les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre qui ont été commis au Darfour, ne sont pas moins graves ni ignobles qu’un génocide". Le rapport indique "qu’il est urgent d’agir pour mettre fin à ces violations". Agir, mais dans quel sens ? La force africaine (MUAS) envoyée sur place, sous-financée et mal équipée, n’a pas la maîtrise de la situation. Le gouvernement islamiste de Khartoum est opposé à tout envoi d’une force onusienne. Monsieur El Béchir pense qu’une armée sur son territoire viendrait principalement pour piller ses richesses. Le gouvernement de Khartoum menace d’envahir les pays arabes et africains tentés de contribuer à une force de maintien de la paix au Darfour. Washington a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, afin de réagir aux menaces proférées par Khartoum contre les Etats susceptibles d’envoyer des Casques bleus au Darfour afin de prendre le relais des 7000 soldats de l’Union africaine, conformément à la résolution 1706 de l’ONU.
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