De l’échange de prisonniers à la libération d’otages
La libération de Gilad Shalit a été l’occasion d’afficher un parti pris choquant de la part des médias. En effet ce qui fut un échange de prisonniers entre Israël et la Palestine a été présenté comme une libération de l’otage Shalit.
Le 18 octobre dernier, le sergent Gilad Shalit a été libéré après plus de cinq ans de captivité dans la bande de Gaza. Le même jour, 477 prisonniers palestiniens étaient relâchés, dans le cadre d’un accord entre Israël et le Hamas, qui prévoit en outre que 550 autres Palestiniens quitteront les prisons israéliennes au mois de décembre. Cet échange a fait l’objet d’une intense couverture médiatique, notamment par les télévisions. Qu’ont-elles dit et montré ?
Une étude faite par Acrimed des différents JT du 18 octobre révèle un consternant déséquilibre dans le traitement de ce qui n’était pas une « libération d’otage » mais bel et bien un échange de détenus : non seulement l’essentiel du temps d’antenne et des moyens journalistiques ont été consacrés à la libération de Gilad Shalit et aux réactions israéliennes, mais les prisonniers palestiniens, leur famille, leurs proches… ont bénéficié d’un maigre traitement factuel, la compassion et l’empathie, l’émotion et la joie étants réservées au traitement médiatique des réactions israéliennes.
Voyons les unes des JT :
- TF1 : « Gilad Shalit enfin libre »
- Fr2 : « Proche-Orient : Gilad Shalit libre »
Les unes des journaux nationaux n’ont pas été plus objectives…
Les sujets développés par les JT ont été largement dominés par la libération du gentil soldat israélien, les réactions d’Israël et de sa famille. Les méchants terroristes palestiniens n’ont eu droit qu’à un « chaleureux accueil » des autorités palestiniennes. Ces terroristes n’ont pas de famille et n’ont pas droit aux scènes de liesse populaire à la télévision. Elles ont pourtant eu lieu, il suffisait de regarder des chaînes objectives…
Acrimed dénonce ce manque d’empathie et ce parti-pris choquant de la part des médias. Le public n’est pas informé par les JT, il est « éduqué » à la pensée « juste » et unique. Le temps d’antenne accordé aux retrouvailles de Gilad et sa famille est 10x plus important que le temps d’antenne dédié aux 447 prisonniers palestiniens pourtant 447x plus nombreux.
Cette manière de présenter l’information est intolérable pour un service public se déclarant indépendant et objectif. Je suis moins étonné au sujet de TF1 que l’on pourrais comparer à Fox aux Etats-Unis.
Le parti-pris n’est pas dû au fait que le soldat Shalit soit partiellement français puisqu’un prisonnier palestiniens était lui-aussi à moitié français : Salah Hamouri (son cas est particulier). De plus, pas un mot sur le statut des prisonniers, qui pourrait répondre, après avoir regardé la télé, si les palestiniens étaient des soldats ou des simples citoyens rafflés aux passages de frontière. Pas un mot sur la grève de la faim entamée par les prisonniers palestiniens depuis plusieurs semaines.
Je ne critique pas ici la libération du soldat israélien et je ne remets pas en cause le fait de montrer des choses « joyeuses » aux informations. C’est la différence de traitement qui me choque. Sans entrer dans les détails du conflit entre Israël et la Palestine, il me semble qu’il est important de ne pas faire de différence face aux français qui n’ont pas tous les clefs pour analyser le conflit et de pas tomber dans le piège tendu par les médias à partis pris.
source : LGV
Si vous avez aimé cet article, je vous recommande :
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON