Deauville : Les Maîtres du Monde ont touché de plein coup le point G8 du printemps arabe
Parmi les points qui ont figuré sur l’ordre du jour des Grands Maitres du Monde, « le printemps du monde arabe » en a constitué une priorité inscrite sur l’agenda du 37e sommet du G8 de Deauville, voir sur le « soutien financier » de 40 milliards de dollars que les huit premières puissances du monde ont l’intention d’accorder aux pays arabes en transition vers une démocratie exportée a tout prix, pour les besoins de la cause. Ce n’est pas par hasard que cette aide financière pourrait éventuellement être accordée sous certains conditions, tout comme l’explique Jonathan Charles de la Banque Européenne pour la Reconstruction et Développement (BERD) :
« Nous travaillons pour déterminer où sont les besoins mais ce qui est certain c’est que les besoins sont importants. Avant d’investir, ces pays doivent montrer aussi qu’ils continuent sur la voie démocratique. Nous devons voir des progrès démocratiques. Nous sommes attentif à tous cela avant d’injecter de l’argent. »[1] Mais, pourquoi les Maitres du Monde montrent-ils un tel soin maternel envers les pays arabes, l’Egypte et la Tunisie en tête, si ce n’est pas une question a la fois de pétrole et de contrôle de la région ?
Dans toute cette équation de l’export de la démocratisation dans monde arabe, les dirigeants du G8, y compris la Russie, se sont finalement entendus sur la manière farouche dont ils vont aborder les deux autres variables problématiques de l’affaire, voir la Jamahiriya Arabe Libyenne et la Syrie – pays qui semblent ne pas vouloir acheter la « démocratie de Deauville ». C’est dans ce sens que le président français, de son vrai nom « Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa »[2], a fait le point G8 sur la Libye et sur la Syrie, en affirmant que [« M. Kadhafi a en main sa situation personnelle, s’il s’entête, il en paiera lui-même les conséquences. Il n’y a pas de médiation possible avec lui, (même si, NDLR) on peut parler de modalités de départ, a ajouté le président français. Sur la situation en Syrie, (…) la situation est parfaitement inacceptable. Les termes retenus dans la déclaration du G8 sont sans ambiguïté quant à la condamnation de l’action du pouvoir en Syrie vis-à-vis des manifestants pacifiques. »[3]
Erigée en port-parleur du G8, le président français de Nagy-Bocsa, nous confirme également que la Russie avait elle-aussi accepté de déloger le Colonel Kadhafi, coûte que coûte. En partant de cela, on peut pousser notre réflexion sur la présence simultanée de la Russie dans le G8 et dans le BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) – pays émergents qui se dirigent vers la création d’une nouvelle axe qui, conçue initialement pour des fins purement économiques, deviennent de plus en plus un véritable pôle de pouvoir économique, politique et, pourquoi pas, militaire. Vu le fait que, dans ces nouvelles circonstances globales, la Russie est sans doute le dénominateur commun pour le G8 et le BRICS, on peut se poser tant des questions, telles que :
-
Est-ce que les fins de G8 sont-ils indépendants de ceux de BRICS ?
-
La Russie jouerait-t-elle un rôle de lien entre le G8 et le BRICS dans le processus mondialiste caché, conduisant à l’unification des pôles de pouvoirs sur le grand parapluie du Nouvel Ordre Mondial ?
La récente position adoptée par Moscou à Deauville, nous aide à comprendre la timidité manifestée par la Russie face a la Résolution 1973 des Nations Unies où, cette grande puissance mondiale située autre fois de l’autre partie de la barricade, a préféré de s’abstenir au lieu d’exercer son droit de veto. En ce sens, la Russie d’aujourd’hui n’est pas du tout comparable à l’Union Soviétique, en termes d’exercice du droit de veto au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. « Dans les faits, l'Union soviétique est responsable de près de la moitié des vetos dans l'histoire des Nations unies, dont 79 dans les dix premières années, soit plus du tiers de la totalité. (…) Depuis la chute de l'Union Soviétique, la Russie a utilisé son droit de veto très sporadiquement. »[4]
Toute comme la Russie, la Chine, qui est à la fois membre du BRICS et du Conseil de Sécurité des Nations Unies, avait elle-aussi évité récemment d’exercer son doit de veto face à la Résolution onusienne 1973, en choisissant de s’abstenir devant la question libyenne visant, entre autres, le déploiement des forces de l’OTAN dans la région pour assurer la soit dite « zone d’exclusion aérienne ».
Dans ce contexte galopant de la mondialisation économique, financière, politique et militaire, la Chine et la Russie sont-elles vraiment en train de construire un véritable pôle de pouvoir indépendant sur la scène mondiale, voir le BRICS ? Dans son livre « Les nouveaux maitres du monde et ceux qui leurs résistent », Jean Ziegler – sociologue, homme politique et écrivain suisse, qui est à présent membre du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies – nous aide à répondre partialement à cette question : « avec la chute du Mur de Berlin, la désintégration de l’URSS et la criminalisation partielle de l’appareil bureaucratique de la Chine, la globalisation de l’économie capitaliste a pris de l’essor. »[5]
Il est à noter que la Chine n’a fait que 6 fois l’usage de son droit de veto au Conseil de Sécurité de l’ONU, mais pas sur le dossiers onusiens de premier intérêt globaliste, comme la guerre en ex-Yougoslavie, la guerre en Irak ou encore la guerre en Libye. Plus encore, depuis son entrée officielle dans l’OMC le 10 novembre 2001, la Chine ne s’est jamais opposé fermement face aux ingérences et aux interventions « plus ou mois catholiques » faites par des coalitions globalistes polarisées autours des États-Uniens dans d’autres pays souverains et indépendants.
En résumé, si on passe en revue les réactions de ces deux grandes puissances mondiales, voire la Russie et la Chine, dans les deux dernières décennies face à toute commande étatsunienne d’intervention par la force, Moscou et Pékin n’ont fait « qu’exprimer sincèrement leur regret » chaque fois que de telles agressions et violations du droit international ont eu lieu dans des pays tiers.
Tout récemment, en faisant référence au silence du Moscou et du Pékin face à la guerre libyenne, dans un article intitulé « Bombardement de la Libye : Punition de Kadhafi pour sa tentative de refus du dollar », repris dans Le Poste en date de 25 avril 2011, on apprend que « Kadhafi a fait un coup audacieux similaire : Il a lancé un mouvement destiné à refuser le dollar et l’euro, et demandé aux pays arabes et africains d’utiliser une autre monnaie à la place, le dinar d’or. Kadhafi a proposé de constituer un continent africain uni, avec 200 millions de gens utilisant cette monnaie unique. Cette idée a été approuvée par de nombreux pays arabes et la plupart des pays africains au cours de l’année dernière. Les seuls opposants sont la République d’Afrique du Sud et les principaux États de la Ligue arabes. Cette initiative a été perçue négativement par les États-Unis et l’Union européenne, avec le président français, Nicolas Sarkozy, qualifiant la Libye de menace pour la sécurité financière de l’humanité, mais, pas du tout perturbé, Kadhafi a poursuivi son effort visant à créer une Afrique unie. »[6]
Il est clair que les démarches du Colonel Kadhafi visant la création d’un nouveau pôle de pouvoir en Afrique, ayant comme monnaie unique le dinar d’or, n’était pas du tout sur le goût des Maîtres du Monde, qui ont décidé de supprimer tant cette initiative, que son initiateur. Cependant, la création des BRICS ne dérangent aucunement les Maitres du Monde, fait qui explique en quelque sort le silence de la Russie et de la Chine face à cette intervention de l’OTAN en Libye.
[1] « Le G8 promet une aide de 40 milliards de dollars pour le printemps arabe », Euronews, 28 mai 2001, http://fr.euronews.net/2011/05/28/le-g8-promet-une-aide-de-40-milliards-de-dollars-pour-le-printemps-arabe/
[3] « Sommet du G8 : il n’y a pas de médiation possible avec M. Kadhafi », Euronews, 27 mai 2011, http://fr.euronews.net/2011/05/27/sommet-du-g8-il-n-y-a-pas-de-mediation-possible-avec-m-kadhafi/
[4]L’histoire onusienne sur l’exercice du « Droit de veto au Conseil de Sécurité des Nations Unies », http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_veto_au_Conseil_de_s%C3%A9curit%C3%A9_des_Nations_unies#Les_utilisateurs
[5] Jean Ziegler, « Les nouveaux maitres du monde et ceux qui leurs résistent », pp.33, Edition Fayard, Paris 2003
[6] « Libye…Vérités qui dérangent », Le Poste, 25 avril 2011, http://www.lepost.fr/article/2011/04/25/2476610_libye-verites-qui-derangent.html
11 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON