Demain, la guerre ?
On croyait avec la chute du communisme en arriver à une paix mondiale : on en est loin. Aujourd’hui, après les déclarations de Bernard Kouchner, tous les regards se portent vers l’Iran, même si l’Iran n’est pas la seule zone de tensions du monde. Devons-nous donc nous préparer au pire, la guerre ? Et surtout, quelle guerre ?
Déjà, le XXe siècle devait être celui de la paix dans le monde. Après les bilans de 1918 et 1945, on a constaté que c’était plutôt mal parti.
L’emploi de la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki, apothéose de l’horreur du dernier conflit mondial, a démontré où en étaient les recherches en armement de la puissance américaine. Dans les années qui ont suivi, le fait que l’URSS se dote à son tour de cette arme a fait réfléchir sur les conséquences d’un nouveau conflit mondial, tant pour l’un que pour l’autre des blocs en présence. Miraculeusement, et même si on est parfois passé très près, la "Guerre froide" s’est achevée sans conflit mondial.
En 1991, lorsque l’Union soviétique se disloque, on en arrive à un monde dirigé par les Etats-Unis, et par eux seuls. Cela va-t-il conduire à la paix ? Loin s’en faut.
Le 11 septembre 2001 est sans doute le premier jour du XXIe siècle historiquement parlant. La puissance des Etats-Unis est contestée, et elle l’est par un ennemi qui ne frappe pas comme les précédents.
Après l’effondrement du bloc soviétique, la zone principale de tensions internationales est bel et bien le Moyen-Orient, que l’on peut sans doute qualifier de la même appellation que les Balkans en 1914 : une poudrière. N’oublions pas qu’en 1914 c’est une étincelle qui a mis le feu aux poudres.
Quels sont les enjeux du Moyen-Orient pour nous ? Il y en a au moins un, et un énorme : l’or noir. Mais à coté de ces puits, il y a des régimes qui ne plaisent pas forcément à Washington. Tout oppose en effet le Moyen-Orient à notre civilisation : la religion, souvent aussi le régime... et par conséquent une défiance réciproque.
Et puis, au milieu... Israël, l’Etat juif au milieu des Etats voisins. Ces Etats n’ont pas vraiment apprécié l’implantation d’Israël en Palestine, et ont tout fait pour les repousser. Aujourd’hui, ceux que l’on nomme négationnistes vont jusqu’à dire que le génocide juif n’est qu’une invention occidentale pour une invasion israélienne du Moyen-Orient. Et qui renie une guerre ou un génocide va au-devant d’en vivre un nouveau, c’est dire si l’attitude négationniste est alarmante, alors qu’avec le temps les voix des témoins de la dernière guerre vont progressivement s’effacer.
Il faut dire qu’Israël rend bien à ses voisins leur hostilité : politique expansionniste et interventions militaires, puis non-acceptation de l’existence d’un Etat arabe en Israël, peuvent autant lui être reprochées.
En 2006, la crise libanaise a bien failli déstabiliser durablement tout le Moyen-Orient. La Syrie et l’Iran étaient très près d’intervenir.
L’Iran, justement : son régime islamiste et ses propos anti-israéliens sont inquiétants... Surtout si ce pays, l’une des principales puissances locales, se dote de l’arme atomique. La recherche-t-il pour une simple politique de dissuasion ou pour faire son "ménage" dans la région ? La réponse est impossible à prévoir pour l’heure.
Les Etats-Unis profitent de leur puissance militaire pour tenter de faire leur ordre à eux à l’autre bout du monde. Il est compréhensible qu’ils aient envahi l’Afghanistan en 2001 après les attentats du 11 septembre. Mais leur intervention en Irak était sans doute moins légitime : soit, un dictateur que Bush père n’avait pas réussi à attraper, mais pas la moindre arme de destruction massive, motif du voyage des soldats américains. Seulement... du pétrole !
Quand Bagdad et Kaboul étaient à genoux devant George Bush, celui-ci se félicitait de ses interventions et envisageait déjà de nouvelles conquêtes. Mais on ne peut faire taire un peuple, et à présent Irak et Afghanistan sont des champs de bataille. Les attentats continueront à se multiplier si les Américains restent, ou ces pays basculeront dans un chaos que seules des révolutions islamistes pourront surmonter. Ce qui n’était pas l’objectif. Alors faut-il pour les Américains rester ou partir ? Et puis, à quoi bon créer le chaos ailleurs ?
Va-t-on vers d’autres interventions, et risquons-nous une guerre atomique ? On ne peut ainsi deviner ce qui attend le Moyen-Orient pour les années à venir, mais il y a des raisons de s’inquiéter. D’autant plus que les tensions ne sont pas que de ce côté.
Il y a des inquiétudes à avoir aussi avec tant d’autres pays ! La Russie, par exemple, qui se démocratisait il y a quelques années, d’où son entrée au G8, prend aujourd’hui ses distances vis-à-vis de l’Ouest, et des conflits comme en ce qui concerne l’énergie pourraient refroidir encore plus ses relations avec les Etats-Unis, peut-être jusqu’à une nouvelle guerre froide.
Il n’est pas certain aussi que le développement de la Chine, toujours communiste malgré une économie de marché extrêmement puissante, ne passe comme une lettre à la poste sous le nez des Occidentaux. Les libertés y sont négligées là aussi, et la population vit toujours pauvrement. Mais un pays de plus d’un milliard d’habitants pourrait bien être appellé à jouer un rôle dans le monde de demain, rôle que les Etats-Unis voudraient bien garder.
La Corée du Nord a recemment décidé de stopper ses recherches d’obtention de l’arme atomique sous la pression internationale. Cela est encourageant, mais sera-ce durable ?
Enfin, signalons que les guerres sont monnaie courante de par le monde sans que l’on en parle. Guerres civiles, ethniques... Au Darfour, les crimes succèdent aux crimes pour le contrôle de la région. La Somalie vit aussi dans la guerre. La liste de tous les pays en guerre serait longue.
Le résultat des élections américaines de 2008, où le Parti républicain de George Bush aura du mal à s’imposer malgré son mauvais bilan international, sera déterminant pour l’ensemble du monde. La politique européenne sera elle aussi un facteur essentiel : division comme avant la guerre en Irak, en 2003, ou union ? Et sur les talons des Américains, comme semble le souhaiter le président Sarkozy, ou contre eux, tel que le fit Jacques Chirac en marquant son opposition au conflit irakien de 2003. Dans tous les cas, nos choix marqueront aussi l’ordre mondial.
On ne peut que souhaiter d’éviter la guerre, dotés comme nous le sommes d’armes meurtrières. Mais il est difficile de prévoir à quoi pourrait ressembler le monde demain. Notre petit monde dépend de nos décisions aussi. A chacun de prendre parti : veut-on aller sur de nouveaux conflits internationaux et les morts et destructions qui en découlent... ou encourager la diplomatie et tout faire pour éviter "le pire" ?
Là est la question.
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