Des prisonniers iraniens sortis de l’anonymat
Courrier International, 21 avril 2010 :
Plusieurs blogueurs iraniens ont lancé une campagne de mobilisation en faveur des prisonniers politiques. Quelques 2000 personnes ont été interpellées puis arrêtées durant les manifestations qui ont suivi la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad en Iran, en juin 2009.
Le sort des prisonniers iraniens « célèbres » - tels que les opposants politiques, les écrivains ou encore les journalistes- est relayé par les médias. Mais « qu’en est-il de tous ces autres qui croupissent dans leurs minuscules cellules toutes froides ? Comment les faire sortir de là ? » s’interroge Kalemeh, un site web proche du candidat à l’opposition Mir Hossein Moussavi, sur lequel un appel a été lancé afin de dresser une liste de noms.
Selon les blogueurs opposés à Ahmadinejad, ces prisonniers sont de simples citoyens, non affiliés à un quelconque parti ou groupe politique. Leur seule faute est d’avoir emprunté les rues où se déroulaient les manifestations de protestation contre la réélection d’Ahmadinejad en juin dernier. Ils ont été arrêtés puis emprisonnés, et si certains « people » ont bénéficié d’une trêve pour la période de Norouz [le nouvel an iranien, célébré le 21 Mars], eux, ont dû faire face à des conditions d’emprisonnement de plus en plus rudes.
De nombreux blogs iraniens avaient déjà commencé à s’inquiéter du sort des prisonniers oubliés : Green Bell, un blog pro-Moussavi, rapporte l’histoire d’Amir Aslani, patron d’une société de conseils services et de conseils en informatique suspecté d’avoir voulu perturber le système électrique du pays. Arrêté et jugé pour crime contre la sécurité, il devra purger une peine de cinq ans d’emprisonnement.
Sur Fresh Air, la bloggeuse Sheida Jahanbin apporte de nouvelles informations concernant Shahin Fazli, un étudiant arrêté en Février dernier dans la ville de Tabriz au Nord-Ouest de l’Iran ont pu être diffusées. Il avait été accusé de collaboration avec des groupes d’opposition et d’avoir perturbé l’ordre public, mais il avait nié tous les faits. Sheida Jahanbin, journaliste et militante des droits de l’Homme, explique que cette campagne a pour but de diminuer les pressions exercées sur ces prisonniers et de dissuader le gouvernement de les inculper pour « tous types de crimes, et de les punir par le biais de sentences inhumaines ».
Début avril, le site d’opposition Irangreenvoice a publié une liste de vingt prisonniers de la section 350 de la prison d’Evine. Leurs peines vont de six mois à sept ans d’emprisonnement. Le site s’adresse au gouvernement, lui rappelant que leur libération est une « demande nationale », et que les membres de l’opposition feront tout ce qui est en leur pouvoir afin qu’ils soient relâchés.
Une page Facebook, intitulée « Free prisoners in Iran », a même été créée afin que les membres – 2572 à l’heure actuelle – puissent poster des informations concernant ces prisonniers.
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