Des trous dans la glace
Depuis la découverte du Pôle Nord magnétique par James Clark Ross en 1831, la région arctique n’a jamais cessé d’être une terre d’aventure et de découverte pour les hommes. En ce début de XXIe siècle, la donne n’a toujours pas changé et les autorités russes entendent même bien lui redonner un coup de fouet.

Le 2 août 2007, par 4200 mètres de profondeur sous la calotte polaire et par l’entremise de deux bathyscaphes (MIR-1 et MIR-2), la Russie planta un drapeau en titane marquant symboliquement sa présence et ses prétentions dans l’océan Arctique. Cette nouvelle mit en ébullition nombre de pays, tels que le Danemark envoyant à son tour une expédition scientifique (non dénuée d’arrière-pensées géostratégiques du fait de la position du Groenland) ou encore le Canada réaffirmant son intérêt pour cette région du globe en lançant une opération d’entraînement interarmes fort inhabituelle de par son envergure et les latitudes touchées (opération Nanook située près de l’île de Baffin et du détroit d’Hudson).
La Russie ne compte toutefois pas en rester là puisqu’est prévue une nouvelle expédition en novembre de cette année, entendant notamment maintenir ses prétentions concernant ses droits sur l’extension du plateau continental Russe [1] dite dorsale Lomonossov. Corroborant cette velléité, l’annonce faite le 24 août quant à l’ouverture prochaine d’un centre de développement et de production de sous-marins dédiés à l’étude de la région arctique.
Reste une question primordiale : pourquoi diable s’intéresser à 13 millions de kilomètres carrés de désert blanc ?
Tout simplement parce que si la banquise ne recèle guère de ressources naturelles autres que celles, très relatives commercialement parlant, de la faune et la flore, ses sous-sols en revanche sembleraient (conditionnel de rigueur) renfermer d’importantes ressources énergétiques, 25 % des réserves mondiales (!) selon des chiffres circulant sur la toile. Théoriquement, cela pourrait se tenir puisque avec le mouvement des plaques tectoniques ainsi que le changement de climat couplés à son inviolabilité par l’homme depuis toujours, de fortes probabilités existent pour que d’importantes zones d’énergies fossiles soient présentes.
Avec un cours des hydrocarbures au sommet, nul doute que les investissements colossaux nécessaires pour une extraction dans ces zones deviendraient de facto plus rentables qu’actuellement. L’Arctique s’inscrivant comme un pari sur l’avenir. Le recul de la banquise sous l’effet d’un réchauffement climatique [2] accentuant en sus cet intérêt en facilitant les projets de forage, en libérant un accès autrefois condamné la majeure partie de l’année par la glace.
Il apparaît déjà malgré tout que la course dans laquelle s’est engagée la Russie ne se fera pas en solitaire...
[1] En matière de droit de la mer, et selon les conventions en vigueur, le plateau continental s’étend jusqu’à 200 milles nautiques des lignes de base. Au-delà, une commission ad hoc doit être formée selon les dispositions en vigueur contenues dans l’annexe II article 4 de la Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer.
[2] Des observations effectuées par des scientifiques de la NASA tendraient à démontrer clairement un recul de la banquise, constatant en outre pour le premier semestre 2005 une élévation de 2 à 3 degrés par rapport à ces cinquante dernières années. Le NSIDC (Centre national de données sur la neige et la glace, institut Américain) établissant le 17 août de cette année un nouveau record de superficie minimale de la banquise d’été avec 5,26 millions de kilomètres carrés. Pour rappel, celle-ci était de 7,5 millions kilomètres carrés en 1978.
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