Diktat russe et politique énergétique européenne
L’éclatement du conflit gazier russo-ukrainien est venu rappeler, s’il en était encore besoin, la vulnérabilité d’un système fondé sur une politique énergétique précaire, et l’importance du contrôle des sources d’approvisionnement.

Des pays tels que la France, l’Allemagne, l’Autriche et la Hongrie, membres de l’Union, et une grande partie de l’Europe ont ressenti, plus ou moins fortement, les inconvénients de la suspension de la fourniture de gaz, dimanche 1er janvier dernier, à 8 heures, par Gasprom, le géant gazier russe.
Dans les deux premiers pays, moteurs économiques et politiques de l’ Europe unie, on a constaté des réductions de pression de près d’un tiers de la quantité livrée. En Autriche, pays occupant actuellement la présidence du conseil européen, la pression a baissé de plus de 30%, alors qu’en Hongrie on assistait à une baisse de livraison de plus de 25%.
Selon Moscou, les raisons sont purement d’origine tarifaire. Après avoir demandé en vain à l’Ukraine de payer, presque du jour au lendemain, le quintuple de ce qu’elle déboursait jusqu’alors, le groupe gazier, sous la coupe du gouvernement russe, est passé à l’action en joignant l’acte à la parole. Ce geste inacceptable et anachronique, aux relents d’un chantage inadmissible, achève de révéler à la face du monde les intentions hideuses de Moscou.
Beaucoup d’observateurs de la scène politique internationale sont unanimes à reconnaître qu’il s’agit plutôt d’une décision politique visant à « mettre au pas » ce pays ayant anciennement appartenu au giron soviétique, et qui aujourd’hui semble vouloir sortir de sa sphère d’influence, tout en lorgnant une place au sein des 25, á l’instar de la Pologne, de la République tchèque, de la Hongrie, de la Slovénie, de la Slovaquie et des pays baltes.
Le fait est que Moscou n’a jamais digéré l’adhésion à l’Union de ces anciens Etats satellites. La superpuissance d’antan se remet au goût du jour, dans un registre surprenant et inattendu.
Par extrapolation, il va sans dire que les grands fournisseurs et exportateurs de gaz et de pétrole pourraient, en cas de conflits, provoquer une crise sans précédent rien qu’en interrompant leurs livraisons, pour la simple raison que le gaz et le pétrole représentent à eux deux environ 55% de la consommation mondiale d’énergie.
D’après les experts en la matière, les réserves mondiales ne suffisent pas à couvrir les besoins des 50 prochaines années. L’épuisement des gisements représente une menace encore plus grande. D’une façon ou d’une autre, et quoi qu’il en soit, la fiabilité de Moscou est entamée.
Au nom de l’indépendance et de la diversification énergétiques d’une part, de la maîtrise et de la pérennité des approvisionnements et du système d’autre part, il est impérieux de penser maintenant à l’après pétrole-gaz.
Ce serait peut-être irresponsable, voire fatal, que la survie du système soit à la merci des caprices et sautes d’humeur de certains Etats producteurs, fournisseurs et exportateurs, au comportement discourtois et malséant.
Pour ces raisons, des pays tels que la France, pionnière en la matière, l’Afrique du Sud, le Venezuela, le Brésil, la Chine, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont opté pour l’énergie nucléaire.
Des voix s’élèvent, et non des moindres, pour souligner par la même occasion l’opportunité et le moyen de lutter efficacement contre l’effet de serre, conséquence inévitable de l’émission du dioxyde de carbone, produit de l’utilisation des hydrocarbures.
L’atome est une alternative sérieuse face à l’épuisement programmé et inéluctable des sources d’énergies fossiles, au réchauffement des basses couches atmosphériques et aux prix volatiles et onéreux des énergies fossiles.
L’énergie nucléaire, contrairement et comparativement aux sources fossiles, a le mérite d’être un vecteur d’indépendance, propre et bon marché.
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