Diplomatie Russe en Syrie : une réponse à l’ingérence ?
Après avoir saboté toute possibilité de médiation entre l'opposition libyenne et le régime de Mouammar Kadhafi, les pays membres de l'OTAN se posent en tant que médiateurs dans la crise Syrienne. Le groupe des "amis de la Syrie" est il capable de trouver une issue à une crise dont ils soutiennent manifestement déjà une partie sur le terrain ?
Le récent accord trouvé grâce à la médiation proposée par la diplomatie russe à la Ligue Arabe ouvre une voie pacifique de résolution du conflit. Ce plan, en 5 points propose de mettre fin à la violence, de créer un mécanisme d'observation, d'assurer une aide humanitaire à toute la population, d'appuyer la mission de l'émissaire de l'Onu Kofi Annan et surtout, point très important, d'exclure toute ingérence dans les affaires intérieures de la Syrie. Ce dernier point est le point crucial que Serguei Lavrov, et plus largement la Russie, apporte pour réponse aux précédents dont elle a été témoin notamment en ex-yougoslavie et en Libye. La réponse est donc portée en nette contradiction avec le discours répétitif des pays membres de l'OTAN.
A grands renforts d'arguments droits-de-l'hommistes, les pays membres de l'OTAN n'ont proposé pour solution à la crise en Syrie qu'une seule et unique voie : une intervention "humanitaire" dont la forme nous a succesivement été présentée de manière différente mais dont le fond ne fait aucun doute pour tout individu alerté par le précédent libyen.
Rappelons nous que l'Union Africaine avait proposé une médiation dans la crise Libyenne. Rappelons nous également l'appel de Moussa Ibrahim, porte parole du gouvernement Libyen lorsque Tripoli fut attaqué et que, sous les bombes à l'hôtel Rixos, il appelait pour une énième fois les parties adverses à accepter le plan de paix de l'Union Africaine qui comportait un cessez-le-feu. A vrai dire, je suis incapable de dire que si cet appel a été diffusé, et cela malgré le nombre de chaînes de télévisions qui y ont assisté (Fox News, CNN, BBC, etc.).
Ce fait révélateur pose la question des conséquences de l'ingérence. Des conséquences qui s'étendent sur un plus vaste champ que celui du fait strictement militaire que la Responsabilité de Protéger a déjà largement contribué à légaliser.
L'ingérence est en effet également une doctrine qui au délà d'inviter à intervenir dans les affaires des dirigeants d'un Etat envers son peuple, va également inévitablement conduire à s'emparer des relations que ce Pays entretien avec d'autres Pays, voir - comme dans le cas précis- avec des organisations intergouvernementales.
Au lieu de se poser en tant que médiateurs, les pays membres de l'OTAN ont donc volontairement saboté toute médiation. Prétextant à la protection des civils, L'OTAN a littéralement renversé le régime libyen, assasiné son leader et causé la mort de dizaines de milliers de personnes. A l'inverse, la Russie apporte une vision radicalement opposée en refusant à la fois toute forme d'ingérence et en proposant une médiation qui restera, sans doute, une référence pour les décénnies à venir dans la résolution des conflits internationaux.
Julien Teil
5 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON