Du droit d’aimer
Ils s’appellent Raja et Mouhssine, sont âgés de quatorze et quinze ans et ont comparu, vendredi 22 novembre devant le Tribunal de Nador, au nord du Maroc. Pourtant, ils ne sont ni des voleurs ni des délinquants, juste des adolescents. Mais que leur reproche la justice marocaine ? Un baiser, oui un baiser échangé courant octobre en sortant de leur collège, moment immortalisé par un camarade de classe et partagé sur Facebook ! Au reste, l’auteur de la photographie est également poursuivi toujours selon le même chef d’accusation, à savoir « atteinte à la pudeur ».
Le jugement sera rendu le 6 décembre prochain. Selon les avocats des trois adolescents, ceux-ci devraient être relaxés. J’espère et tant mieux, mais cela n’est pas suffisant ; car seule une révision du code pénal permettrait d’éviter une telle mésaventure à d’autres amoureux.
En effet, l’article 483 du code de procédure pénale dispose que « quiconque, […] par l’obscénité de ses gestes ou de ses actes commet un outrage public à la pudeur est puni de l’emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de 120 à 500 dirhams. […] L’outrage est considéré comme public dès que le fait qui le constitue a été commis en présence d’un ou plusieurs témoins involontaires […] ou dans un lieu accessible aux regards du public. » Par ailleurs, inspirée par la Charia, la loi marocaine punit d’emprisonnement les relations sexuelles hors mariage (article 490 du code de procédure pénale).
À travers cette affaire ubuesque, je ne puis que constater – à mon grand regret – que le droit d’aimer continue d’être nié au royaume du Maroc.
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