Dur, dur d’être grec aujourd’hui à Marseille (et ailleurs)…
Après la bourse, la cote de popularité des grecs est en berne ! Le crise de la dette semble avoir donné un sacré coup dans l’admiration que vouaient les phocéens aux grecs, principaux légataires de leur 2600 ans d’Histoire ! Si cette situation « attriste » Démétrio Acartzou, président de la fédération des associations grecques de France, ce Marseillais est révolté « par tout ce qui se dit d’inexact sur la Grèce » ! Sans langue de bois, il nous livre sa vision de la crise alors que cette semaine s’annonce décisive pour l’avenir de la Grèce, l’avenir de l’Europe !

« Tricheurs », « fraudeurs » ou « fainéants »… Les théories pour expliquer les 340 milliards d’euros de dette, soit 120 % du PIB grec ne manquent pas ! Et ces finances publiques catastrophiques font planer depuis bientôt deux ans, la menace d’une faillite de la Grèce avec des répercutions sur les autres pays de la zone euro, tels que la France et l’Allemagne, principaux créanciers de l’Etat hellénique.
Alors que faire ? Si certains philanthropes se soucient du sort des 11 millions de Grecs, d’autres plébiscitent tout simplement l’exclusion la Grèce de la zone euro ! 68 % des Français sont hostiles à une augmentation de l’aide française, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest-France, publié début septembre.
News Of Marseille a choisi d’aller à contre courant des explications en donnant la parole aux marseillais dont un d’origine grecque et président de la fédération des associations grecques de France, Démétrio Acartzou. Sa vision de la crise est sans concession : tout le monde y prend pour son grade ! Et les mécontents n’auront qu’à « aller se faire voir chez les grecs » !
Une histoire bien mouvementée !
Cette affaire alimente les conversations de bistrots du Sud-Est qui compte prés de 6 000 membres de la communauté grecque. Un nombre peu important, qui résulte d’une immigration ancienne mais bien ancrée dans les mémoires marseillaises ! Faut-il rappeler que notre Cité phocéenne puise ses origines dans une histoire d’amour entre le Grec Protis et la Ligure Gyptis… Et oui, qui aurait cru qu’en – 600 avant J-C, une seule coupe d’eau aurait suffit pour créer Marseille, aujourd’hui deuxième ville de France !
2 600 ans d’histoire, marqués par des vagues successives de migrants fuyant le tumultueux destin de la Grèce. « Il y a d’abord eu la vague de 1920 entre les Turcs et les Grecs », rappelle le responsable associatif. Pour ceux qui n’ont pas jeté depuis longtemps un coup d’œil dans un manuel d’Histoire : la Grèce, alliée de la triple entente et désireuse d’étendre son territoire à la fin de la 1ère Guerre Mondiale s’était vu promettre un bout de territoire de l’Empire Ottoman. Le pays se heurta à la « Grande offensive » turque qui firent reculer le peuple d’Athènes !
De 1945 à 1949, une nouvelle guerre, civile cette fois, éclate entre royalistes et communistes de l’ELAS (Armée Populaire de Libération Nationale). Ces cinq années de guerre ravagèrent le Royaume et entraînèrent une nouvelle arrivée de migrants en France ! Comme si cela ne suffisait pas, en 1963 un coup d’Etat fut orchestré par des militaires. Établissement d’un régime dictatorial qui ne pris fin qu’en 1974 avec la crise chypriote. Une période sombre pour les intellectuels opposants ou indifférents au régime qui préférèrent fuir leur terre natale.
Grèce : un affaire de familles
Ce passé mouvementé peut-il expliquer la situation actuelle de cette jeune République hellénique : endettée jusqu’au coup, avec un manque d’organisation et par conséquent de rentrées fiscales ? En 2009, après que la crise économique ait touchée de plein fouet l’Europe, le Premier ministre Georges Papandréou dévoile au grand jour que les comptes publics ont été maquillés.
Le déficit frôle les 13 % du PIB, soit le double de ce qui était officiellement connu ! Le pays qui compte 800 000 fonctionnaires sur une population active de 5 millions de personnes ne parvient plus à boucler son budget ! Les pots-de-vin ont atteint les 88 millions en 2009, selon l’ONG Transparency International. Quant à la fraude fiscale : le manque à gagner s’élève entre « 10 à 15 milliards d’euros par an » selon le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou.
Pour le responsable associatif, le pays entrée en 2000 dans la zone Euro n’a pas abusé de la confiance européenne puisque « tout le monde était au courant ! ». Il semblerait que les 4 % de croissance de PIB de la Grèce par an, ont fait oublier aux Européens ce manque de rigueur fiscale.
Le problème de la Grèce est politique : « Depuis des décennies les Grecs sont gouvernés par 4 ou 5 grandes familles […] Et tout le monde est d’accord pour se partager le gâteau », constate Démétrio Acartzou. Les Papandréou, du PASOK (socialistes) ainsi que les Karamanlís de la Néa Dimokratía (centre droit) sont des patronymes qui reviennent souvent au gouvernement !Au pouvoir depuis 2009, Georges Papandréou a repris le flambeau de son père et grand-père. Du coté de l’opposition, Kóstas Karamanlís est le neveu de Konstantínos Karamanlís. Ce dernier, proche de Valéry Giscard d’Estaing, fut Premier ministre à quatre reprises de 1955 à 1981.
Ces familles n’ont pas réalisé de grands travaux pour faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat. « Il n’y avait pas de revendications de la part des Grecs ! Les Grecs vivaient très bien et avaient les poches pleines de billets. C’est l’Etat qui était pauvre ! », lance Démétrio Acartzou.
Cette semaine ou jamais !
Depuis bientôt deux ans, le Premier ministre Georges Papandréou tente de remettre de l’ordre dans les finances publiques pour obtenir l’aide de l’Union Européenne et du FMI. Cette semaine, un projet de loi de finance pour 2012 est présenté au Parlement, la condition sine qua non pour obtenir une nouvelle tranche d’aide de 8 milliards, issue du premier plan de sauvetage de 110 milliards.
Le gouvernement devrait aller plus loin dans les objectifs de réductions des déficits puisque les objectifs de 2011 n’ont pas été atteint, faute de récession ! Les coupes vont s’orienter un peu plus vers le secteur public. L’Église orthodoxe devrait être épargnée !
Les ministres des Finances européens doivent prochainement décider de la mise en place d’un deuxième plan de sauvetage pour la Grèce de 109 milliards. Pour se faire, la capacité du FESF (Fond Européen de Stabilité Financière) doit être démultiplié.
Après avoir rencontré vendredi dernier, le Premier ministre grec, le président Nicolas Sarkozy a déclaré que « l’échec de la Grèce serait l’échec de l’Europe ». Oubliez restructurations, rééchelonnements ou défauts de paiement… Même si les banques privées pourraient selon les économistes supporter les pertes.
Vu de loin, la Grèce semble être « le test » entre dirigeants européens et financiers. Lâcher la Grèce jetterait le doute sur une insolvabilité des Etats de la zone Euro qui ont tous empruntés. Leurs notes pourraient être dégradées et les taux d’intérêts de leurs créances augmenteraient !
Mais pour que le plan d’aide à la Grèce fonctionne « il faut lui laisser le temps de se restructurer pour qu’elle puisse rembourser ses prêts. Aujourd’hui nous faisons de nouveaux prêts pour rembourser les intérêts des premiers », s’indigne Démétrio Acartzou. Si ce temps n’est pas accordé « la Grèce sera probablement la 1ère à sortir de l’euro ». Cependant, le temps politique semble une éternité à coté de celui de la finance…
Retrouvez l'article sur la situation politique de la Grèce
Coralie Mollaret - News Of Marseille
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