Durban II : Des positions bien étranges
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Il est toujours périlleux d’aborder le sujet des relations Iran - Israël. Le débat sort rapidement des sentiers de la raison pour emprunter ceux des passions. Nous n’allons pas reprendre l’historique des rapports entre ces deux pays, mais juste nous attarder sur Durban II. Si cela provoque des débats, tant mieux, le dialogue a toujours été plus productif que le mutisme.
Durban, ville d’Afrique du Sud a été le lieu en septembre 2001 d’une « Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et les diverses formes d’intolérance ». Il y avait eu quelques déclarations déplacées qui avaient provoqué l’émoi de la communauté internationale à juste titre.
Ce lundi, à Genève, s’ouvre la conférence dite « Durban II ». Elle se terminera le 24 avril. De nombreux pays ont refusé d’assister à la réunion à cause de la présence de Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien.
L’ONU condamne la position de ces pays qui suivent l’appel du Congrès Juif Européen. Il faut dire que la posture de ces chefs d’Etat est tout de même particulière. Une conférence contre le racisme n’est-elle pas le moment où l’on doit essayer de s’accepter les uns, les autres, où l’on doit essayer de faire que les discriminations s’arrêtent à travers le monde ? La politique de la chaise vide ne laissent-elles pas un boulevard à ceux qui pourraient prôner des valeurs autres ? Et puis, alors que nous sommes dans une période d’accalmie avec l’Iran, comment peut-on espérer rétablir un dialogue concret et constructif si l’on refuse de siéger dans le même hémicycle ?
Le boycott dû à la présence iranienne renforce le fait que la communauté internationale mette de côté, refuse de parler avec les Iraniens. Cela s’appelle de la discrimination. Il ne faut donc pas s’étonner que certains profitent de l’occasion pour jouer les martyrs.
Le Président Chirac, fervent défenseur des valeurs humaniste, a tenu ses propos en avril 2002 : "Face à l’intolérance et à la haine, il n’y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible". Puis en 2007, il a dit : "Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre". Il a totalement raison. Mais en rejetant le représentant de l’Iran, les pays boycotteurs ne sont-ils pas en train de jouer la partition de M. Ahmadinejad qui espère gagner les prochaines élections présidentielles en Iran (en Juin).
Autant il faut combattre toutes formes d’antisémitisme, toutes formes de racisme, autant il ne faut pas tomber ou donner l’impression que l’on tombe dans l’islamophobie.
En jouant de manière non coordonnées (Allemagne, Suisse, Pologne, Italie, Pays Bas ne participeront pas), l’Europe prouve encore qu’il lui manque un chef d’orchestre et cela ne permet pas d’avoir une stratégie en matière de politique étrangère très efficace.
Ne serait il pas temps d’accorder les violons pour être audible ? Le président iranien a encore tenu des propos très discutables et offensants mais la réaction des personnes présentes a été, encore une fois, désordonnée.
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