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Accueil du site > Actualités > International > Elections à l’UNESCO : les enjeux d’un scrutin

Elections à l’UNESCO : les enjeux d’un scrutin

Nous poursuivons notre série d’article sur l’UNESCO. Après avoir vu les fondement historiques de l’institution (avec l’ICIC d’Einstein, Curie et Mann), ses grandes réalisations (le Patrimoine Mondial de l’humanité, la toute première conférence sur le développement durable) et le profil de ses précédents directeurs généraux (des intellectuels audacieux en avance sur leur temps), détaillons aujourd’hui les enjeux de cette élection 2009.


C’est tout d’abord la succession du directeur sortant Koïchiro Matsuura, qu’il faudra assumer. Ce diplomate japonais a su marquer l’institution onusienne de son empreinte a plusieurs égards. La vision de Matsuura correspond tout à fait à la philosophie de coopération intellectuelle de l’UNESCO, dans une tribune parue dans le Figaro en 2006 il vantait le partage des connaissance comme moteur du développement, avec des exemples marquants à l’appui, comme le cas de Singapour, qui en l’espace de 40 ans est passé d’une "économie sous-développée" à un pays qui rivalise voire dépasse certains pays du Nord depuis. En Inde, également, les régions les plus pauvres, comme le Kerala, a misé sur la diffusion des connaissances et fait désormais figure d’exemple à suivre, avec une espérance qui s’élève à 73 ans un taux de scolarisation qui dépasse les 90 %. Plus concrêtement, Koïchiro Matsuura peut être crédité de trois actions majeures :
  1. La réintégration en 2004 des Etats-Unis au sein de l’UNESCO, qui s’en étaient désengagés dans les années 1980 pour des raisons idéologiques. Ce faisant, Matsuura a su faire revivre le principe d’universalité de l’insitution.
  2. Le maintien de l’importante contribution financière du Japon à l’UNESCO, qui reste le second contributeur au budget de l’ONU avec près de 20% du total, à quoi il faut ajouter des dons privés importants de plus de 10 millions de dollars.
  3. La réorganisation stratégique de l’organisation, en réduisant le budget de l’administration centrale pour favoriser les actions décentralisées et le financement des nombreuses ONG partenaires (elles sont plus de 300).
Le siège de l'UNESCO à Paris



C’est, ensuite, une élection qui a lieu dans un monde en crise, la pire depuis la Grande Dépression des années 1930, celle-là même qui a servi de terreau, entre autres, à la Seconde Guerre Mondiale. Dans ce contexte où les Etats sont tentés de se replier sur eux-mêmes (par l’instauration de lois protectionnistes, la favorisation des nationaux et une coopération internationale amoindrie), l’UNESCO doit être capable, moralement et financièrement, de contribuer à la "paix dans les esprits", selon son mot d’ordre. C’est ainsi que le secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires et l’aide d’urgence de l’ONU, John Holmes, a lancé un appel particulier en mettant en perspective la somme demandée : « Comparez-la avec les montants qui ont été promis par les gouvernements les mois passés pour stabiliser le système bancaire. Nous demandons moins d’un centième de ce montant ». Et le risque est bien réel de voir les Etats membres réduire leur contribution à l’UNESCO si son prochain directeur général se trouvait ne pas avoir la stature morale nécessaire pour maintenir ces contributions. Les Etats-Unis ont ainsi fait savoir que dans la cas où Farouk Hosni, le Ministre de la Culture égyptien et candidat pressenti pour être le futur directeur général de l’UNESCO, il leur faudrait "revoir leur relation" avec l’institution. Une manière diplomatique de signifier qu’ils baisseront leur contribution.

Il est essentiel que l’UNESCO soit en mesure de poursuivre le rapprochement entre les peuples. John Daly, vice-président de Americans for UNESCO, souligne que "Ce n’est pas tant une question de demander ‘à qui le tour’ – mais plutôt de déterminer à qui ce n’est pas le tour". Et pour cause : on peut légitimement se demander comment Farouk Hosni, qui a fait preuve d’une intolérance et d’une incompréhension de la différence aussi bien à domicile (en interdisant le Festival du Film Indépendant du Caire ou en cautionnant l’arrestation de blogueurs) qu’à l’international (en exprimant des positions haineuses à l’égard d’Israël, notamment en souhaitant "brûler leurs livres"), serait en mesure d’attirer des financements nouveau.

Les enjeux de cette élection sont donc à la fois moraux et financiers, un monde en crise se passerait bien d’une institution internationale décrédibilisée.
 
Vous trouverez sur notre site la liste des 58 pays votants, ainsi que des modèles de lettres pour les solliciter directement.
 

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2 réactions à cet article    


  • anny paule 29 août 2009 17:59

    Une petite question, avant tout commentaire : Je trouve cet article fort intéressant. Je « vote » OUI. Et de 100%, on passe à 66%... de 0 vote, on passe à 3 ! Etonnant tout de même !
    Je précise que c’est un phénomène récurrent, mais que jusqu’alors, mon « vote » intervenait en cours de « session », qu’il y en avait déjà plein d’autres, et que le curseur ne bougeait pas. Cette fois-ci, c’est tout bonnement inversé... Je réagis donc !
    Big Brother est-il derrière les compteurs ??? C’est une plaisanterie, bien sûr !
    Mais ce qui se produit est très dérangeant.


    • xray 31 août 2009 11:49


      UNESCO, Le tissage des mots pour la confection du prêt-à-croire. 
      http://echofrance36.wordpress.com/2008/10/29/unesco/ 

      UNESCO, fiche nous la Paix ! 


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Auteur de l'article

Jean Delaporte


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