Elections à l’UNESCO : pourquoi les grandes puissances se font marcher dessus
Le Monde revient sur la candidature controversée du ministre égyptien de la Culture Farouk Hosni à la direction de l’UNESCO. L’occasion d’analyser les positions, peu courageuses, des principaux acteurs internationaux.
Le sujet semble désormais médiatisé, puisque après la dépêche de l’AFP sur la candidature controversée de Farouk Hosni à la tête de l’UNESCO, c’est désormais Le Monde qui narre en détail la "campagne d’Egypte" menée par le candidat pour s’attirer les bonnes grâces des 58 pays qui doivent voter pour l’élection du Directeur Général de l’UNESCO, du 7 au 23 septembre. Plusieurs points nous semblent à retenir :
- Le mode de scrutin, tout d’abord, est un réel problème. Les votes seront tenus secrets, aussi tout revirement est-il possible jusqu’au bout, les délégués n’ont ni à se justifier ni à exprimer leur préférence, ce qui laisse la porte ouverte à des marchandages peu dignes, une deuxième passion chez Farouk Hosni comme en témoigne sa gestion très personnelle du Ministère égyptien de la Culture. Le Monde précise ainsi : "Cinq tours de vote sont possibles, étalés sur plusieurs jours. L’Egyptien Farouk Hosni semble bien placé pour arriver en tête au premier tour, sans atteindre les 30 voix requises. Le suspense repose donc sur le report des voix au deuxième tour. Le vote étant secret, tous les revirements sont possibles"
- La position des Etats-Unis est claire. Nous avions déjà évoqué les propos de ce diplomate qui affirmait que l’administration US voyait d’un mauvais oeil cette candidature. Le Monde confirme : "Sans l’afficher - afin d’éviter de prendre de front le partenaire égyptien -, la diplomatie américaine s’est mise en ordre de marche pour tenter de barrer la route à Farouk Hosni, indiquent des diplomates. Washington aurait notamment favorisé l’émergence de candidatures concurrentes (il y a en tout neuf candidats)".
- La position de la France, elle aussi, est claire, mais honteuse, car officiellement, c’est Farouk Hosni qu’elle soutient. Nous nous en doutions déjà lorsque Bernard Kouchner avait semblé si mal à l’aise lors d’une interview par Jean-Pierre Elkabbach, sur Europe 1.
Le Monde confirme à nouveau : "Chacun sait à Paris que la candidature de Farouk Hosni est "peu reluisante", comme le dit un diplomate de haut rang. Mais voilà, le sentiment ambiant est que des engagements ont été pris. C’était bien le signal que lui avait envoyé Nicolas Sarkozy dès leur rencontre à l’Elysée à l’été 2007, peu après son élection. Puis, de nouveau, pendant ses vacances avec Carla Bruni en Egypte en décembre 2007, lorsque M. Moubarak lui refit la demande. D’autant que la guerre de Gaza est passée par là et que l’Elysée a plus que jamais besoin de M. Moubarak pour sauver l’édifice de l’Union pour la Méditerranée"
- Et l’Europe dans tout ça ? Le "Vieux continent", berceau de l’humanisme, voit 3 candidates (une Autrichienne, une Lituanienne et une Bulgare) concourir, aucune n’ayant le soutien officiel de l’Union Européenne. Ce qui pourrait changer : "Pour faire échec à Farouk Hosni, la Suède, qui préside l’Union européenne, voudrait que les Vingt-Sept élaborent, les 15 et 16 septembre, une position commune en soutien à l’une des candidates européennes. La France est gênée par cette initiative".
Vous l’aurez compris, la mobilisation est nécessaire pour pousser nos dirigeants à s’engager contre l’élection d’un personnage corrompu, incompétent et maître-censeur en son pays. La liste des pays votants avec les coordonnées des délégués à l’UNESCO doit servir, ainsi que ce modèle de lettre de protestation à envoyer à vos délégués. Evitons que ne soit répété le scandale de l’attribution à la Lybie de la direction de la commission des Droits de l’Homme de l’ONU, en 2003. Sauvons l’UNESCO.
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