Élections américaines. Le troisième homme ?
Le mardi 14 juin a marqué la fin des primaries aux USA, cette longue consultation qui permet traditionnellement de définir les deux (2) programmes - blanc-bonnet et bonnet blanc – entre lesquels on demandera en novembre aux Américains de choisir pour désigner leur Président. Un président connu aussi comme le « leader de l’Occident » ou, plus abusivement, encore comme le « leader du Monde libre ».
Habituellement, à la fin des primaries, on sait déjà ce que sera la politique américaine domestique et internationale du quadriennat qui va commencer et on connaît bien la tronche des (2) deux prétendants à l’appliquer. On a alors aussi appris ad nauseam, par les médias, à corriger laquelle de ses grandes tares sociales l’Amérique moralisatrice entend accorder pour un temps la priorité. Ainsi, en 2008, pour lutter contre racisme, on a eu l’avènement du séduisant et séducteur bronzé Obama, et on prévoit maintenant, en 2016, celui de la futées Hilary présentée en Messaline pour démolir tout à fait le mythe sexiste si peu crédible que la femme qui gouverne ne serait pas l’égale de l’homme en duplicité.
La tradition veut aussi, qu’après les primaries et l’onction des deux conventions partisanes, on entre dans la quiétude des vacances d’été et que, les grandes questions réglées, la campagne électorale devienne un concours de beauté. On devrait se borner, jusqu’en septembre, à peaufiner le discours politique pour que le peuple se reconnaisse dans les deux versions que le pouvoir lui en propose, et puisse se rallier à l’une ou l’autre à l’automne par la plus mince des marges, faisant ainsi la preuve du consensus qui les sous-tend et qui est la clef de voute de la grandeur des USA.
Le problème, c’est que cette année il semble que rien ne va plus. Le concours de beauté à des airs de foire aux monstres, alors que les deux (2) candidats battent des records historiques d’impopularité.
Trump, à qui il semble qu’on ait donné pour mission de briser les tabous et d’être celui qui rabat le gibier vers les chasseurs, a si consciencieusement joué son rôle et testé les limites de la crédulité et de la patience populaire en insultant tout le monde, qu’il semble maintenant TRES difficile de détacher de Trump ses supporters et de les ramener dans le giron de la bien-pensance, la veille ou même le lendemain des élections… ce qui est gênant, car après la bataille aux USA il est prévu qu’on se donne la main…. Pas cette fois.
Une grande catharsis ça soulage, mais on a découvert que la rogne contre les dirigeants politiques cette année est si vive, qu’il serait possible que subsiste aux USA, après l’élection de novembre, un groupe permanent de 25 à 30 % d’opposants au Système, ce qui serait du jamais vu depuis la Reconstruction qui a suivi la la Guerre de Sécession ! Trump va-t-il réussir à se rendre SUFFISAMENT haïssable pour que ce danger s’écarte, ou devra-t-on l’accepter ?
Et il y a Hillary … Elle semblait avoir le rôle de l’Ointe du Seigneur – mais elle s’est avérée, elle aussi, bien difficile à vendre au peuple, rattrapée par ses erreurs et ses magouilles, mais aussi - sans qu’on le dise, bien sûr - par un vieux puritanisme biblique latent chez une minorité non négligeable des Américains qui ne CROIENT simplement pas qu’il soit raisonnable de mettre une femme en symbole de l’autorité, alors qu’on on sait bien que Dieu est un homme, n’est-ce pas ? 55% des électeurs ne veulent pas d’Hillary
Non à Trump, non à Hillary… Tout se passe comme si on voulait discréditer la démocratie bipartisane à l’américaine, laquelle pourtant n’est sans doute pas démocratique, mais fonctionne à merveille. Pourquoi ? À quoi joue la caste dirigeante des USA ? Car peut-on imaginer un instant que cette situation n’ait pas été voulue ? Peut-on penser que des forces aveugles et le seul caprice des citoyens aient créé cette situation, une impasse qui semble imposer une solution inédite ? Et si une telle solution prévaut, quelle serait cette solution ? Pourquoi, était-elle nécessaire ? Et comment l’aurait-on rendue incontournable ?
La solution vers laquelle le pays semble se diriger en tapinois est celle d’un troisième candidat Pas un troisième parti, car comment insérer un troisième parti dans une société où presque toutes les fonctions importantes sont électives et où toutes les élections sont organisées à partir de structures qui sont de simples machines à faire élire et qui reprennent toutes, à divers niveaux, le même clivage Démocrates-Républicains … ? Pas un troisième parti, donc, mais un candidat indépendant qui réponde au besoin d’une trêve ponctuelle dans le bipartisme.
Pourquoi faudrait-il une trève dans le bipartisme aux USA ? Parce que l’importance de ces élections est telle, que ni les Démocrates ni les Républicains ne peuvent les perdre sans que ne soit compromise pour longtemps et peut-être sans retour l’alternance politique derrière laquelle se dissimule le vrai Pouvoir. Rien d’étonnant, donc, à ce que ce dernier souhaite leur éviter une défaite cinglante. Pour comprendre l’importance inouïe de ces élections, il faut bien comprendre (3) trois choses.
- D’abord, cette singularité des USA que, non seulement une large part des juges y sont élus, mais que même ceux des juridictions fédérales et qui ne le sont pas sont nommés ostensiblement au su de leurs orientations idéologiques clairement énoncées. Un juge n’est pas admiré seulement pour son impartialité quant aux faits, mais aussi – surtout – pour sa loyauté à une certaine vision du monde « progressiste » ou « conservatrice »… et pour l’habileté avec laquelle il mettra son « impartialité » au service de cette vision.
- Ensuite, interprétant la loi avec une large discrétion, ce sont les juges qui façonnent le quotidien de la société américaine. C’est le judiciaire qui est le plus important des « trois pouvoirs » car, au faîte de la pyramide, c’est ce que dicte une majorité des 9 juges de la Cour Suprême qui finalement décide légitimement de ce que sont et deviendront les USA. Le Pouvoir financier fera tout pour maintenir cette légitimité qui est sa justification pour tout le reste… incluant la justice (injustice) sociale
- Enfin, le Destin – on ne veut pas penser que ce soit autre choses - a voulu que le décès soudain d’un juge de la Cour Suprême y crée une vacance que le prochain Président avec l’appui du Senat pourrait combler à sa guise, orientant ainsi vers la Gauche ou la Droite, en un temps où des décisions cruciales devront être prises. Des décisions émotives qui, en pratique, ne pourront plus par la suite être inversées, et détermineront donc pour avenir quelle sera la ‘vision du monde’ de l’Amérique.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Systè ;me_judiciaire_fé ;dé ;ral_amé ;ricain
Le parti qui gagnerait pleinement - (Présidence, Congrès, Sénat) - les prochaines élections américaines pourrait effectuer de tels bouleversements, via une Cour Suprême à ses ordres, que son adversaire ne s’en remettrait pas et qu’un réalignement de tout le système politique des USA serait incontournable. Si c’est ce que veut la caste qui domine les USA, les choses sont bien engagées et l’un des partis traditionnels disparaitra pour laisses la place à un nouveau et déplacer le centre de gravité vers la Gauche ou la Droite.
Je suis pas convaincu, cependant, que le Système veuille un changement aussi radical, et c’est pourquoi je pense à une trêve dans le bipartisme, un troisième candidat, un Président « indépendant », arbitrant les initiatives des (2) deux partis traditionnels dont aucun n’aurait eu à survivre l’humiliation de la victoire totale de l’autre, ce qui leur permettrait a l’un comme a l’autre de se régénérer et de regagner la confiance du peuple qu’ils ont si évidemment perdue. Le providentiel indépendant serait là pour 4 ans….
Si c’est à ça que joue l’oligarchie, reste à trouver l’homme au dessus des partis qui gèrera la trêve. Si on cherche un ré-équilibrage à tendance progressiste, Sanders, déjà formellement évincé, mais gagnant de tous les sondages, serait l’homme tout trouvé. Si on veut faire un pas vers la Droite, Trump - qui pourrait être évincé lui aussi, à la convention républicaine, si on tolère quelques dédits – pourrait alors, à la seule condition de polir une peu son jeu, offrir une option de candidature indépendante.
Et si on allait plus loin, dans cette hypothèse de l’oligarchie suscitant un troisième candidat pour mettre la Maison Blanche hors-concours pour un terme en gardant Ânes et Éléphants du Senat et du Congrès indemnes de leurs ruades intempestives réciproques le temps qu’ils retrouvent leur bon sens ? Il y a une multitude de « génies » et de « héros » encore mal connus que le Système pourrait mener à la Présidence comme indépendants, en appelant les médias à l’aide et en y mettant le prix qu’il faut.… Politique fiction ; mais les conventions pourraient apporter des surprises.
Pierre JC Allard
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