Elections douteuses en Equateur

Dimanche
dernier, le 15 octobre, c’était au tour du peuple équatorien de se présenter
aux urnes pour élire son nouveau président. L’ambiance n’était pas à la joie,
l’Equateur est devenu coutumier d’une forte instabilité au cours des dernières années.
Depuis 1997, trois présidents ont été démis de leurs fonctions, on ne compte plus
le nombre de fois où le pays a changé sa constitution ni le nombre de
manifestations populaires. Pourtant il fallait aller voter, c’est obligatoire, et
les deux candidats qui ont passé le premier tour ne sont pas des politiciens
issus des partis traditionnels, qui, eux, sont totalement délégitimés.
Le candidat
conservateur est un milliardaire, qui a fait fortune dans le monde de la
banane. Sa campagne fut probablement la plus populiste de toutes. Noboa a
distribué des ordinateurs, des médicaments et des habits à ceux qui
vivent en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire 60% de la population.
Il va se
confronter au second tour au candidat qui se définit lui même comme un
"gauchiste chrétien". Correa est le candidat anti-système, intéressé par la révolution bolivarienne. C’est un
nationaliste fort en gueule, ex-ministre de l’économie. Il promeut un moratoire
sur le paiement de la dette extérieure et l’éloignement des Etats-Unis, voulant
rompre les négociations sur le traité de libre échange. Son programme passe
aussi, évidemment, par une Assemblée constituante.
Il était
annoncé, par les sondages, grand vainqueur du premier tour avec 36% d’intentions
de vote. Le résultat est bien différent, il lui accorde 22,5% derrière Noboa
qui obtiendrait 26%. Même si le résultat ne change pas l’existence du deuxième
tour, le fait que le système de comptage soit tombé en panne après le
dépouillement de 70% de votes a laissé planer un doute.
Les partisans de Correa sont alors descendus dans la rue pour crier au scandale :
"On essaye de nous voler la victoire."
Dans ce contexte,
on peut imaginer la campagne pour le deuxième tour tout aussi intéressante que
la première partie ; d’ailleurs, les échanges d’insultes ont déjà commencé. Noboa
annonce que "le peuple devra choisir entre la position de Rafael Correa,
une position communiste, dictatoriale comme celle de Cuba, où les gens gagnent douze dollars par mois, et [sa] position, qui est celle de l’Espagne, du Chili,
des Etats-Unis, de l’Italie, où existent la liberté et la démocratie", et
Correa appelle à une alliance nationale pour que le pays ne devienne pas une
grande ferme de la banane.
Le peuple
équatorien est appelé à élire son président le 26 novembre prochain. D’ici là
on peut s’attendre à tout, dans ce magnifique petit pays latino-américain.
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