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Élections présidentielles au Honduras

Le 24 novembre prochain, ce sera jour d’élection présidentielle au Honduras, pays d’Amérique centrale de moins de 8 millions d’habitants. On se souviendra qu’en juin 2009, il y eut un coup d’État militaire contre le président légitimement élu d’alors, Manuel Zelaya

Il faut dire que le rapprochement du gouvernement de ce Président avec l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) et son projet de référendum pour une nouvelle constituante furent les détonateurs de ce coup d’État. L’empire, l’oligarchie nationale et l’Église hiérarchique, ne purent accepter ce rapprochement avec l’ALBA, pas plus que la mise en place d’une constituante de nature à modifier les relations de pouvoir des oligarchies avec l’État.

Inutile de dire que l’élection qui a suivi, en novembre 2009, n’a été qu’une mascarade de démocratie, s’étant abstenus de voter ou ayant annuler leur vote la grande majorité des partisans de Manuel Zelaya et les opposants au coup d’État militaire.

Tout au long des années qui suivirent, la violence s’accentue et les morts se comptent par centaines. Les informations officielles mettent au compte de la mafia et de la contrebande de drogues toute cette violence et ces crimes. Toutefois, sans exclure l’action de ces derniers, les forces gouvernementales, armées et policières, en profitent pour liquider des journalistes, des leaders syndicaux, des dirigeants sociaux et politiques, des étudiants, etc. Amnistie internationale attire l’attention du monde sur ces crimes que nos médias meanstream se gardent bien de mettre en lumière.

Le 24 novembre prochain, ce sera donc un nouveau jour d’élection. Neuf partis politiques convoiteront à la fois la Présidence du pays, les 128 sièges du Congrès, les 298 postes municipaux et les 20 représentants et leurs substituts au Parlement de l’Amérique centrale.

Cette fois-ci, les partisans de Manuel Zelaya, regroupés dans le Front national de résistance populaire (FNRP), et les opposants au coup d’État, se fusionnent pour former un parti politique et voter sous une même bannière, celle de « LIBERTAD Y REFONDACION » (LIBRE). C’est l’épouse de l’ex-président Zelaya, Xiomara Castro, qui est élue pour mener le combat à la présidentielle du pays. Les grandes orientations idéologiques de ce nouveau parti se résument ainsi : pour le socialisme du XXIe siècle, définitivement de la gauche politique et foncièrement anti-impérialisme.

Son plus proche opposant dans cette lutte vient du Parti national qui a comme candidat officiel Juan Orlando Hernández. Il est celui qui talonne de plus près le parti LIBRE.

Les derniers sondages, septembre 2013, donnent une avance de deux points à la candidate du parti LIBRE sur son plus proche adversaire du Parti national. C’est dire qu’ils en sont pratiquement à une impasse technique, la marge d’erreur étant de 2%.

La lutte est donc très serrée et les tentations de fraudes et de chantage sont très élevées dans un pays où la culture politique des oligarchies ne se fait pas de scrupules à tuer, à corrompre, à substituer des votes, etc. Elle sait également faire appel avec grâce aux autorités ecclésiales pour faire la différence par des interventions finement rafistolées. Ils l’ont fait dans un passé récent avec le coup d’État militaire et pourquoi ne pas le refaire maintenant, surtout que leur cardinal a pris du galon au Vatican, en devenant un des principaux conseillers du pape François pour la réforme de la Curie romaine.

Cette intervention est d’autant plus importante que le Parti national de Juan Orlando Hernandez peut théoriquement compter sur 32% de l’électorat qui lui est acquis alors que le parti LIBRE ne peut compter que sur 22% de cet électorat. Le défi du parti National est donc de faire sortir le vote de ses partisans. D’où l’importance de faire entendre une voix écoutée et respectée par ces derniers, les incitant à ne pas avoir peur et d’aller voter. C’est ce que viendra leur dire le cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga.

D’abord un petit rappel

Il s’agit du même cardinal qui s’était réjoui du coup d’État militaire de 2009. Il avait même participé à certaines rencontres préparatoires. Sa partisannerie et ses choix idéologiques se révélèrent pleinement dans l’homélie qu’il prononça, le 3 février 2010, à l’occasion de la messe d’action de grâce en l’honneur du nouveau président, Porfirio Lobo. Voici un extrait de ces mots élogieux qu’il a eu à l’endroit du principal putschiste, Roberto Micheletti :

« Aujourd’hui est un jour spécial pour rendre grâce à Dieu, par la Vierge Marie, pour notre Honduras, pour la liberté, la souveraineté et l’indépendance que Don Roberto Micheletti a su défendre avec les forces armées et aux côtés des milliers de Honduriens qui veulent faire partie des solutions, non des problèmes  ».

Le 10 février 2010, il en rajoutait en présence des nouveaux élus :

« Réjouissez-vous, chers frères et chères sœurs, vous qui êtes appelés à diriger ce pays. Dieu vous a choisis, car Dieu bénit le Honduras ».

On ne peut pas dire qu’il prend des détours pour afficher ses solidarités politiques et religieuses lorsqu’il est entre amis. Il est définitivement un acquis des oligarchies et de l’empire. Il sait les conforter en leur disant qu’ils sont les élus de Dieu pour diriger le Honduras.

Quant aux problèmes qui rongent la société hondurienne, problèmes de démocratie, problèmes de violences, problèmes de pauvreté, d’éducation, d’alimentation, d’enfants utilisés comme force de travail, etc. ça ne semble pas l’affecter outre mesure. L’important c’est de faire partie des solutions qui rendent confortable la vie de ceux et de celles qui dominent les pouvoirs politiques et économiques.

Aujourd’hui, 19 octobre 2013, à un mois des élections, notre cardinal prend de nouveau la parole. Il sait que les sondages donnent pour gagnante, Xiomara Castro, chef du parti « Libertad y Refondacion ». Il sait également qu’avec son intervention il peut faire la différence pour l’un ou l’autre des deux candidats en liste pour l’élection du 24 novembre.

Dans son intervention comme pasteur, il eut pu rappeler le message du pape Jean XXII dans son encyclique Pacem in terris (Paix sur terre). Cette Encyclique précise les grands principes qui doivent guider les hommes et les femmes politiques d’aujourd’hui. Elle fait un devoir aux responsables et dirigeants des États de servir prioritairement les grands impératifs de justice, de vérité, de solidarité, de compassion, etc. Elle rappelle que la santé, l’éducation, l’alimentation, le logement sont parties de ce bien commun et doivent être des objectifs incontournables pour tout dirigeant. Une pensée sociale de l’église qui rejoint en grande partie la pensée sociale des pays émergents de l’Amérique latine.

Inutile de rêver en couleur. L’intervention du cardinal ne se situe surtout pas dans cette direction. Il prend plutôt la parole pour dire aux personnes d’aller voter (on sait à qui il s’adresse), de ne pas avoir peur (on suppose de qui), tout en précisant que le marxisme et le capitalisme avaient failli. On ne comprend toutefois pas pourquoi il parle du marxisme alors qu’aucun parti politique ne se présente sous cette bannière. Il en profite même pour dire « que le marxisme, lorsqu’il gouvernait dans certains pays, il provoqua la destruction économique et le milieu ambiant, en plus d’opprimer les âmes des leurs concitoyens. » Sur le capitalisme, il n’insista pas pour en démontrer jusqu’à quel point il est la source des maux qui rongent le pays. Il ne l’associera pas aux causes principales des grandes injustices sociales, à la violence, à l’exploitation des enfants etc… De cela, il ne dira rien.

Il faut croire qu’en parlant du marxisme, il souhaite que ses ouailles fassent le lien avec le socialisme du XXIe siècle et le confondent le marxisme du siècle dernier avec ce dernier. C’est ce qu’on appelle faire une pierre deux coups : aux membres du Parti national il dit, allez voter, et aux sympathisants du parti LIBRE, il leur dit prenez garde c’est du marxisme.

Il s’agit là, à n’en pas douter, d’une intervention entièrement politique sous le couvert d’un pasteur soucieux de la paix et du bienêtre de son peuple. Une hypocrisie consommée qui le place au même niveau que celui de ces grands prêtres et docteurs de la loi qui se méritèrent les invectives de Jésus : Mathieu ch. 23. La lecture en vaut le détour.

CONCLUSION

Si le Honduras disposait d’un système électoral aussi perfectionné que celui du Venezuela, je miserais sur la victoire de Xiomara Castro. Ce n’est évidemment pas le cas. Il faut comprendre qu’aux déficiences du système électoral s’ajoutent les forces de l’Empire qui choisiront de couper court aux ambitions d’un peuple à vouloir récupérer ses pleins pouvoirs sur ses institutions politiques et économiques. L’argent de la corruption et de bien d’autres subterfuges saura mener à terme cette élection conformément aux attentes des mandarins. Qu’on se souvienne qu’aux dernières élections mexicaines plus de 6 millions de cartes d’achat prépayées avaient été échangées pour des votes auprès des populations les plus vulnérables.

Les 380 observateurs, attendus, confirmeront les résultats. Les dissidents seront, tout simplement, des personnes de mauvaise foi.

Oscar Fortin

Québec, le 20 octobre 2013

http://humanisme.blogspot.com


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10 réactions à cet article    


  • wesson wesson 24 octobre 2013 11:21

    Bonjour l’auteur, 


    tout à fait en accord avec votre papier, en ajoutant même que la dictature qui s’est installé au Honduras l’as transformé en plaque tournante du trafic de drogue international dans lesquels les cartels de la drogue jouissent d’une impunité totale. Et cela bien sûr en plus d’une pauvreté insoutenable d’une très grande partie de la population.

    Un exemple concret et contemporain de ce que la pax Americana veut dire en Amérique du Sud, avec l’appui d’une église qui est carrément complice de ces dictatures.



    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 24 octobre 2013 16:22

      Bonjour Oscar


       Bonne idée de venir en parler aux Français, qui peinent parfois a regarder le monde comme un tout et ne voient pas trop le lien entre le SMIC et le Tea Party. Comprendre que la lutte est globale serait un pas en avant. 

      Quant au Honduras, il n’y’a évidemment rien a faire. J’y dirigeais un projet d’éducation il y’a 40 ans et, à la question « Que voulez-vous faire plus tard, » 55% des finissants du secondaire répondaient : « Partir pour les Etats-Unis ».  Les meilleurs ont sans doute réalisé leur rêve.

      Le pays, comme toujours, est en coupe réglée aux profits des USA, divisé en petits fiefs gèrès par des narcotrafiquants ou des restants de grande famille avec encore un pied au pays, mais le coeur solidement à Miami

      Le Honduras est le pays le plus meurtrier du monde. Le taux de meurtres par 100 000 habitants était de 159 ( 0,7 en France) en 2011 et est en progression..

      Les prochaines élections ? Soyez sérieux... 

       Honduras pour les nuls en 2 X 3 minutes au lien ci-dessous. 




      • oscar fortin oscar fortin 24 octobre 2013 17:17

        Merci Pierre pour votre commentaire et tout spécialement pour vos deux références qui viennent enrichir la présente réflexion. Dire que ce qui devient si claire pour certains n’arrive pas à atteindre les hiérarchies catholiques qui agissent comme s’il en était rien du système qui produit autant de misère et de pauvreté. Que les gens, tout occupés à leur quotidien n’en saisissent pas les racines, je comprends ça, mais que des gens instruits, normalement de conscience sociale élevée s’obstinent à ne pas dénoncer de front et ouvertement une telle situation, me scandalisent.


        Ce sera un commentaire que vous pourrez reproduire au moment de la publication de ce texte sur les 7duquebec, dimanche prochain.

        Encore une fois merci Pierre 

      • oscar fortin oscar fortin 24 octobre 2013 17:26

        Merci Pierre pour votre commentaire et surtout pour vos deux références très pertinentes à la présente réflexion. Il est curieux que ce qui est si simples pour certains devient si complexe pour d’autres. Que des gens simples, absorbés par le quotidien de leur vie, ne saisissent pas tous ces rouages de l’exploitation, je le comprends, mais que des personnes instruites, à la conscience sociale développée, se comportent s’il n’en était rien, c’est plus que scandalisant. C’est évidemment en ce sens que je fais ressortir le rôle et les paroles de ce cardinal du Honduras qui est compromis jusqu’au cou avec les oligarchies et les politiques de Washington. Je le soupçonne même d’être déjà en campagne électorale au cas où le pape François aurait un accident malheureux, l’écartant définitivement de sa charge. 


        Si je vous croise sur Agoravox, c’est que vous m’y avez dirigé.

        Bonne journée

      • Tony Pirard 25 octobre 2013 00:37

         Petite correction....Il n’y eut null Coupe d’état.Le congrés a voté par la destitution de Manuel Zelaya pour corruption.Zélaya voulais placer une dictature comme cella de Chavez.Régrettablement l’auteur de cet article ne sait rien ce que se trouve dans l’Amérique Centrale.
         Le Europénes devaient savoir en peu plus de géographie.Honduras ne trouve pas dans l’Amérique du Sud et oui....Amérique Centrale.

         L’alliance Bolivariene est un vrai fracas....


        • oscar fortin oscar fortin 25 octobre 2013 02:58

          Mon cher Tony, vous arrivez de loin. Dites-moi à quel moment Manuel Zelaya a été appelé à défendre sa cause.En général, dans une démocratie, l’accusé, selon le droit international et les droits de la personne, doit pouvoir présenter sa défense. Dites-moi, tout simplement, à quel moment le président constitutionnel du pays a été appelé à la barre des accusés pour répondre des accusations portées contre lui. Votre réponse à cette question me dira le niveau de bonne foi de votre intervention.


          Quant à Chavez, vous avez une drôle d’opinion de la dictature. À vous écouter, si c’est le peuple qui décide, ce sera une dictature et si c’est l’oligarchie qui décide, ce sera de la démocratie. Mon petit Larousse à moi dit juste le contraire. Continuez à dialoguer dans la confusion des langues serait manquer de respect au sens que les mots portent.

          Avec tout mon respect.

          Oscar Fortin

        • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 26 octobre 2013 22:36

          @ Oscar Fortin


           Ne perdez donc pas de temps avec les Tony Pirard - pas de description au dossier, centaines de commentaires inintéressants, jamais un article, ignorance abyssale des sujets dans lesquels il intervient, - un des types de trolls les plus fréquents. Inoffensif, mais le monde va trop vite pour qu’on s’attarde à ces gens. 

          Je crois que Agoravox devrait exiger, après 100 commentaires, qu’un intervenant se présente et produise au moins une brève de 350 mots pour prouver qu’il a une IDÉE originale sur un thème quelconque. 

          PJCA


        • Agonymous23 26 octobre 2013 23:14

           smiley Bah va pas rester grand monde dans ce cas... smiley
          Qu’est-ce qui vous dit qu’il a pô essayé de publier le tony ? smiley

          Vous lisez et surveillez tous les nartics en modé p’têt ?

          N’est-ce pas vous aussi qui critiquez AgorVox pour une soi-disante censure à votre encontre ?
          smiley
          Non mais ce qui serait sérieux plutôt que de s’en prendre aux commentateurs, ça serait de vérifier l’authenticité de certains rédacteurs, la transparence de la modé, et puisque vous dites que les trolls causent de façons quelconques, p’têt ben qui faudrait aussi faire du tri chez les auteurs qui écrivent sur tout et n’importe quoi et souvent n’importe quoi, d’ailleurs ! (Ce qui n’est pas votre cas, ni celui de l’auteur de l’article).
          smiley
          Genre leur demander d’écrire des nartics avec plus de 500 mots, par exemple. smiley
          Qu’en pensez-vous ? smiley


        • oscar fortin oscar fortin 27 octobre 2013 02:20

          Merci Pierre, ma réponse n’était qu’une manière de l’enfermer en lui-même.


        • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 26 octobre 2013 23:26

          Un aphorisme senti vaut largement plus que 300 mots ,monsieur Allard ... smiley

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