Élections provinciales du Québec : Même gouvernement mais défis nouveaux
Doit-on s’étonner de la réélection d’un gouvernement du Parti Libéral du Québec aux élections provinciales du 8 décembre 2008 ? Quels messages devrions-nous en retirer ? Quels sont les enjeux majeurs de ce nouveau gouvernement ? Qui est le véritable gagnant ? Voici mon humble opinion personnelle.
Il est à noter que je n’appuie aucune formation politique dans ce présent article. J’ai pratiqué mon droit de vote dans le silence d’un isoloir et je préfère garder mon choix secret.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH300/photo_42451542-889f5.jpg)
Nous sommes le 8 décembre 2008 à 22h00 où les principales chaînes de télévision du Québec, tant d’expression francophone qu’anglophone, confirment la réélection du gouvernement du Parti Libéral du Québec avec une forte majorité au sein de l’assemblée nationale. Cette nouvelle met donc fin à une campagne électorale éclipsée par la crise politique fédérale. À cela s’ajoute, la non-reconnaissance du peuple dans les discours des principaux candidats et ce, tels que soient leurs bannières. Ce qui me parait tout à fait normal puisque la crise économique qui se pointe à l’horizon a sensiblement refroidi les attentes de l’électorat. Comme dit si bien l’adage : « On ne peut pas promettre d’offrir ce que l’on a pas. »
Toutefois, on ne doit pas s’étonner de la réélection de ce gouvernement qui a bénéficié, avouons-le, d’une certaine quiétude lors du mandat précédent : Pas de grèves majeures dans la fonction publique québécoise, absence de mouvements contestataires qui auraient pu le déstabiliser et une accalmie dans les relations intergouvernementales et syndicales. Autrement dit, tout lui souriait jusqu’à ce soir d’élection.
Maintenant, analysons brièvement les diverses situations auxquelles l’équipe du premier-ministre libéral de Jean-J. Charest devra faire face dans les années à venir. Tout d’abord, l’économie de la province de Québec souffre d’une grande précarité. Ladite précarité a pour origine une dette provinciale qui n’a pas cessé d’augmenter depuis les dix dernières années minant ainsi les marges de manœuvre pour les décisions futures. Ici, le nouveau gouvernement devra faire preuve de prudence extrême dans sa politique d’interventionnisme afin de diminuer l’impact négatif d’une crise mondiale qui est déjà à nos portes. Ensuite, les relations avec le gouvernement fédéral risquent de prendre une nouvelle tournure depuis le phénomène du Québec Bashing apparu dans les provinces anglophones depuis le discours du premier-ministre du Canada, Stephen Harper, sur les ondes des télédiffuseurs du pays à l’occasion de la tentative du push raté orchestré par une coalition où les souverainistes québécois y ont joué un rôle crucial. Ici, le gouvernement fédéraliste libéral de Jean-J. Charest se retrouvera entre l’arbre et l’écorce étant donné que d’un côté, les forces séparatistes du Parti Québécois seront sur le qui-vive pour réprimander toutes mesures jugées être à l’encontre des intérêts de la province face à un gouvernement fédéral jugé à tord ou à raison trop pro-Canada. Enfin, il devra composer avec des problèmes qu’il n’avait pas connu au cours du mandat précédent. C’est ainsi que le taux de chômage risque de s’accroître dans les mois à venir et ce, dans toutes les sphères de l’activité économique. Bref, tout le monde sera touché à des degrés divers. Et c’est-là que le gouvernement libéral de Jean-J. Charest est menacé dans ses fondations. En effet, les nombreuses promesses électorales devront être tenues, ou du moins être réalisées partiellement dans les prochains mois, sinon ce seront les forces progressives qui auront le beau jeu.
Mais, le véritable gagnant est le peuple québécois qui a su, comme a son habitude, exercer son droit de vote dans la sérénité et le calme. C’est-là une preuve de la maturité de ce peuple qui est, pour paraphraser l’ancien premier-ministre péquiste René Lévesque au soir du 15 novembre 1976 : « Un grand peuple ! »
Effectivement, c’est ce peuple qui sort victorieux de ces élections. D’une part, l’électorat a permis à un tiers partis de revoir sa base idéologique même s’il a perdu une proportion considérable de ses candidats élus. Une chose est certaine : L’Action Démocratique du Québec a au-moins le mérite d’avoir critiqué plusieurs éléments auxquels les québécois n’étaient pas habitués. Sa plus belle réussite est d’avoir incité le gouvernement libéral de créer la commission sur les accommodements raisonnables face à la problématique des nouveaux immigrants qui ne partagent pas les valeurs judéo-chrétiennes présentes parmi la population de souche canadienne-française. Une telle commission a favorisé une meilleure entente entre les diverses communautés. D’autre part, nous avons assisté ce soir à la première victoire d’un candidat d’un parti véritablement de gauche, en l’occurrence Québec-Solidaire. C’est-là une première dans l’histoire politique québécoise moderne. (Permettez-moi de douter que le R.I.N. de Pierre Bourgeault des années 1960 fut réellement de gauche, si ce n’est de la gauche-caviar comme disent si bien nos cousins français.)
Je termine cet article par ces quelques mots : Autant la campagne électorale provinciale d’hiver 2008 fut terne et sans vie, autant les prochaines années du règne libéral seront ... palpitantes. J’en suis plus que convaincu. Et vous ?
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