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Emprisonnés en Syrie pour avoir demandé la reconnaissance du Liban

La Syrie est d’accord pour une ambassade au Liban, mais pourquoi reste-t-il en prison des personnes ayant fait cette demande ? Parmi ces prisonniers, Anouar El Bounni et Michel Kilo, deux figures de la lutte pour les droits humains et la démocratie en Syrie. Ils font l’objet de campagne de mobilisation de la part des associations de défense des droits humains (Amnesty international, Human Rights Watch, Reporters sans frontières).

L’annonce de l’établissement de relations diplomatiques entre le Liban et la Syrie, c’est la concession obtenue par Nicolas Sarkozy lors de la venue en France du président syrien Bachar Al Assad.

Cela peut être considéré comme historique et comme une victoire pour Nicolas Sarkozy pour une invitation bien décriée.

Mais, pour ceux qui suivent de près la situation des prisonniers d’opinion en Syrie, cette annonce soulève des interrogations.

Pourquoi alors le régime syrien continue à maintenir en prison les signataires de la Déclaration Beyrouth-Damas ?

En mai 2006, dix personnes sont arrêtées pour être au nombre des 300 intellectuels libanais et syriens signataires de la déclaration "Beyrouth-Damas, Damas-Beyrouth" qui appelle à une normalisation des relations entre la Syrie et le Liban.

Le texte insiste sur « une reconnaissance syrienne définitive de l’indépendance du Liban... la délimitation des frontières et l’échange d’ambassadeurs ».

 

Anouar El Bounni et Michel Kilo sont deux signataires de la Déclaration de Damas emprisonnés dans les geôles syriennes.

«  Les accusations dont je suis l’objet sont pour moi des décorations que je porte sur ma poitrine et une source de fierté et d’honneur.
Je sais, vous savez et chacun sait que je suis présenté ici devant vous non pas pour répondre d’un crime commis, mais plutôt pour me faire taire et m’empêcher de divulguer et de dénoncer les atteintes aux droit de l’homme en Syrie. Je n’y renoncerai jamais tant que je vivrai et tant qu’il y aura un cri de protestation contre l’injustice. »

C’est ce qu’a déclaré Anouar El Bounni lors de son interrogatoire.

Avocat et militant des droits de l’homme, Anouar El-Bounni est un membre fondateur de l’Organisation des droits de l’homme en Syrie et président du Comité de défense des prisonniers de conscience.

Il a, ces dernières années, pris de nombreux risques pour révéler et dénoncer les exactions commises par le régime baassiste. Interlocuteur privilégié des organisations internationales et principal représentant légal des activistes syriens persécutés par les "Moukhabarat" (services de renseignement), Me El-Bounni a toujours été une source fiable et indépendante d’information permettant une meilleure compréhension de la situation dans le pays.

Après avoir signé la Déclaration Beyrouth-Damas, réclamant une réforme des relations avec le Liban, il a été arrêté le 17 mai 2006, par les services de sécurité syriens alors qu’il sortait de son domicile. Il n’a pas été autorisé à s’entretenir en privé avec ses avocats ; il a en outre été frappé et soumis à d’autres formes de mauvais traitements durant sa détention.

 

Michel Kilo est écrivain et journaliste de renom.
Son appartement reçoit régulièrement la visite de journalistes et intellectuels de passage à Damas.

Figure emblématique de la lutte pour la démocratie en Syrie, Michel Kilo a été arrêté le 14 mai 2006, à Damas. Collaborateur de plusieurs journaux arabophones, Michel Kilo est connu pour ses prises de position en faveur des réformes démocratiques dans son pays. Le journaliste est également directeur de “Hourriyat”, un centre de défense de la presse et de la liberté d’expression, créé à Damas, en 2005.

Tous ses écrits militent pour la liberté d’expression et la démocratie.

En prison, ils continuent leur lutte pour les libertés en Syrie.

 

Dans une lettre ouverte publiée par le quotidien libanais Al-Nahar. "Notre cas en tant que prisonniers d’opinion et de conscience n’est qu’un épisode de la crise des libertés et des droits de l’homme en Syrie".

 

Qualifiant le pouvoir syrien de régime "totalitaire" qui impose "la pensée unique", ils affirment que "des dizaines de milliers de Syriens en ont chèrement payé le prix" à ce jour, par l’emprisonnement, l’exil ou le repli sur soi. "L’absence de libertés et de moyens d’expression, la corruption et l’oppression" sont le terreau sur lequel "s’effondrent les valeurs morales et humaines" et s’épanouissent "les graines de la pensée terroriste", ajoutent-ils

 

La mobilisation pour la libération d’Anouar El Bounni et Michel Kilo

La libération d’Anouar El Bounni et de Michel Kilo fait objet de campagnes des associations de défense des droits humains Amnesty international, Reporters sans frontières, Human Rights Watch ou encore Institut des droits de l’homme des avocats européens.

« Dès lors, est-il tolérable que Michel Kilo, journaliste et écrivain de renom, Anouar el Bounni, avocat réputé et défenseur des droits de l’homme, Mahmoud Issa, militant, soient toujours incarcérés ? Monsieur le président (…)nous vous demandons d’intervenir auprès du président Bachar al-Assad afin que les mesures suivantes soient prises : 1/ la libération immédiate et inconditionnelle d’Anouar el Bounni, Michel Kilo et Mahmoud Issa, et de tous les prisonniers d’opinion ; 2/ la protection de tous les détenus contre la torture et les mauvais traitements ; 3/ la cessation de toutes formes de harcèlements et de persécutions à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme ; 4/ le respect par la Syrie de ses engagements internationaux en matière de droits de l’homme. » Lettre commune adressée par FIDH, LDH, OMCT, HRW, Frontline, AI France, REMDH, ACAT à Nicolas Sarkozy.

L’action d’Anouar El Bounni en faveur des droits humains récompensée.
L’organisation de protection des défenseurs des droits humains Front Line a décerné son prix 2008 à Anouar El Bounni.
En décembre 2007, le festival du film des droits humains de Dijon lui a également été dédié.

Pour les défenseurs des droits humains, il n’est pas question d’oublier la situation des prisonniers d’opinion dans cette période de fondation de l’Union pour la Méditerranée.

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Emprisonnés en Syrie pour avoir demandé la reconnaissance du Liban

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