Energie, est-ce encore une question de temps ?
Dans un monde en proie aux divisions nationales et culturelles et à la guerre sécuritaire et économique, le problème de l’énergie, dépendant du seul et unique espace vital qu’est la planète Terre, est à l’origine de nombreuses inquiétudes individuelles et collectives. La prise de conscience toujours un peu plus marquée de l’épuisement des ressources naturelles, mais également de l’impact des activités humaines sur son environnement, conduisent à questionner la validité de nos modèles psychologiques et sociaux de développement.

La mondialisation et le développement entier de l’économie au niveau international, sont basés en grande partie sur le pétrole. Par contingence matérielle et géologique, le pétrole, dont la production naturelle repose sur des cycles de transformation très longs à l’échelle humaine, est en passe de devenir une denrée dont les réserves sont en déclin, sans que rien ne puisse en inverser la tendance. Ainsi, il a été établi par des organismes d’expertise internationaux que le pic de production pétrolière, au-delà duquel cette même production ne pourra qu’inexorablement décroître, se situerait à quelques années près dans la période actuelle, entre 2007 et 2010.
Nous vivons donc sans bien souvent nous en rendre compte -tant les médias semblent préoccuper par l’information-distraction, les idéologies personnelles ou de groupe, et la bêtise à court terme-, une période charnière dans le développement matériel des civilisations humaines, dont la richesse actuelle relative des principaux pays industrialisés, repose historiquement et quasi entièrement sur la consommation de pétrole. Sans pétrole, plus de moyens de locomotions individuelles ou collectives, plus d’industrie telle que nous les connaissons. Mais il ne s’agit pas d’imaginer un monde tout à coup exempt de pétrole, ce qui ne serait qu’une abstraction.
La lente décroissance de la production pétrolière qui va affecter l’économie mondiale pose ainsi un problème paradigmatique de développement de nos civilisations actuelles. Si les pays les plus industrialisés reposent pour une grande part sur la consommation de pétrole, la décroissance de cette production, dont le début est signalé par l’existence statistique d’un pic, va imposer tout naturellement à ces pays la recherche de nouvelles formes d’énergie pouvant possiblement remplacer le pétrole, et se substituer à sa consommation, afin de maintenir leur modèle de développement économique, ainsi que la structure des sociétés actuelles.
Si les solutions technologiques de substitution du pétrole s’avèrent inefficaces ou insatisfaisantes, comme c’est le cas avec les agrocarburants dans un monde toujours en proie à la famine et où la problématique agricole apparaît comme catastrophique dans certaines de ses régions, les sociétés actuelles devront inévitablement revoir leur paradigme de développement, face au risque de s’engager dans des politiques de régression et de conflits importants au niveau international. En effet, s’il existe des sources d’énergie multiples et notamment en ce qui concerne l’électricité, aucune alternative sérieuse au pétrole ne semble actuellement exister en ce qui concerne les carburants liquides.
Le débat public sur ces questions a également vu l’arrivée de manière assez récente la prise en compte des considérations environnementales, sanitaires et éthiques de la problématique énergétique. Ces considérations sont-elles compatibles avec un monde divisé en nations poursuivant chacune leurs propres intérêts particuliers ou regroupés en communautés, et donc chacune en compétition parfois guerrière avec le reste du monde ? En effet, la promotion du sentiment national, de valeurs isolatrices et conflictuelles que sont les valeurs culturelles fermées au sein de frontières distinctes, sont incompatibles avec la recherche de solutions globales à long terme, non seulement au problème énergétique, mais également aux problèmes alimentaires et matériels de l’humanité prise dans son ensemble, indépendamment des divisions arbitraires que l’homme a créé pour sa propre sécurité personnelle, physique et psychologique.
Et ces conditions arbitraires que l’homme a créé pour se protéger, ou s’isoler, ne sont-elles pas aujourd’hui déjà source de guerres et de conflits en tout genre ? Ne sont-elles pas en fait à la source de l’insécurité tant matérielle que psychologique qui existe sur la planète ? Si les conditions de l’insécurité sont déjà présentes actuellement et générées par les divisions idéologiques entre populations, nations et groupes dans leur recherche d’une sécurité qui n’existe pas, car toute relative, comme en témoignent les problèmes, guerres, et conflits insurmontables et sans fin que connaît l’humanité, le temps changera-t-il quelque chose à l’affaire ?
Les hommes créant des images d’eux-mêmes, nationales, religieuses ou autres, en tant que français, américain, italien, chinois, afghan, ou catholique, musulman, bouddhiste...etc, contribuant à la division de l’humanité, ne sont-ils pas responsables des guerres et des conflits de ce monde, dont le versant énergétique n’en est peut-être qu’un des aspects superficiels, bien que très visible et d’importance, car matériel ? Enfin, si ces images sont à la source de ces problèmes, images qui sont créées par la pensée, mettre fin à ces images est-il une question de temps ?
crédit image : Tropos Dokumentar
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