Etats-Unis - Islamophobie - France - Roms
Deux pays, deux méthodes, une même finalité : remporter les prochaines élections.
Ça s’est passé le 28 août, sur le parvis du National Mall, à Washington. Ce jour-là, plus de 100 000 membres ultra-conservateurs des “Tea Parties” se sont réunis. Ces mouvements apolitiques, financés par deux frères milliardaires et idéologiquement proches des républicains, continuent de faire parler.
Cependant, ses adeptes ne votent pas tous pour le même camp, car, selon Stuart Haugen, ancien président des Républicains en France, “43% des participants sont des indépendants, cela même qui ont soutenu Barack Obama aux élections présidentielles”. Mais, depuis son accession à la Maison-Blanche, Obama est devenu la cible de tous les mouvements “Tea Parties”. La présence de Sarah Palin au meeting de Washington n’est pas un hasard. À deux mois des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, qui va remettre en jeu tous les sièges de la Chambre des représentants ainsi qu’un tiers du Sénat, membres des “Tea Parties” et républicains sont investis d’une mission : servir de rempart à l’islamisation du pays.
11 Septembre et autodafé du Coran
La croisade anti-islam est partie pour être le leitmotiv des futurs candidats républicains. Ce climat islamophobe a été déclenché après l’annonce controversée d’un projet de mosquée à Manhattan dont un pasteur a exigé le retrait. Celui-ci a menacé de brûler 200 Corans le 11 septembre si sa requête n’aboutissait pas. Finalement, après coup de fil du Pentagone, le prêtre retire son ultimatum. Mais le bruit médiatique autour de Terry Jones, ce pasteur inconnu venu de Floride, est le symbole d’un climat que l’Amérique pensait apaisé depuis l’élection d’Obama. L’appel du pasteur a résonné jusqu’en Afghanistan et au Pakistan, entraînant des manifestations anti-américaines, sûrement appréciées par les soldats en place. Néanmoins, Terry Jones n’aurait jamais pu “prêcher” sa cause, sans l’aide des chaînes de télévision CNN et Fox News, réputées proche des conservateurs. Cette connivence est réelle, car Sarah Palin, sur Fox News, est devenu éditorialiste politique.
Cette atmosphère pesante a même obligé Barack, défenseur du projet de construction, à prouver sa croyance en la foi chrétienne après la publication d’un sondage montrant qu’un quart des américains pensaient qu’il était musulman. Le maire de New-York, Michael Bloomberg, autre défenseur de l’édifice, n’a pas eu à se justifier, car il est de confession juive.
Le discours de Grenoble : la relance sécuritaire
A la suite du discours de Grenoble, le Président Sarkozy a voulu réaffirmer son autorité (et éclipser l’affaire Woerth). Après le fiasco du débat sur l’identité nationale, c’est une nouvelle offensive sécuritaire pour Nicolas Sarkozy, dans l’espoir de récupérer ces électeurs “chipés” à l’extrême droite en 2007, découragés par sa gouvernance tachée de scandales et de promesses non tenues.
Au programme : déchéance de nationalité pour certains criminels d’origine étrangère, extension des peines planchers et expulsion des étrangers en situation irrégulière. Cette campagne d’expulsion cristallise l’ensemble des critiques, qu’elles proviennent d’associations citoyennes, d’hommes politiques, de députés européens, d’une commission de l’ONU ou du pape Benoit XVI.
Stigmatisation des Roms
Dans ce sens, le Parlement européen a entériné une résolution qui demande la suspension des reconduites à la frontière car elles visent des citoyens communautaires. En effet, une circulaire du ministère de l’Intérieur datée du 5 août, confirme la stigmatisation de la communauté Rom dans les démantèlements de camps. En dépit de la colère de l’Europe, les renvois vers la Roumanie et la Bulgarie vont continuer, comme le confirme Eric Besson, le ministre de l’Identité nationale.
D’ici là, si les expulsions ne sont pas stoppées par l’Union européenne ou le droit français, Sarkozy aura sûrement marqué des points auprès de son électorat “conservateur”. Il ne lui restera plus qu’à valider sa promesse de réforme des retraites puis de resserrer sa famille politique après le prochain remaniement pour s’ouvrir la route d’une réélection. Et l’image de la France dans tout cela ?
Qu’on se trouve dans l’hexagone ou aux Etats-Unis, la xénophobie est un argument de campagne qui résonne au-delà des partis “extrémistes”. Reste à savoir s’il est le reflet d’une majorité ou s’il permettra d’éveiller certaines consciences sur la dangerosité d’un tel discours dans nos sociétés.
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