Faut-il boycotter la Coupe du Monde 2022 ?
Amateur de football ou non, vous ne pourrez que difficilement esquiver le sujet de la Coupe du Monde au Qatar. Pour cette édition 2022, ce ne sera pas l’état de forme de Benzema ou les pronostics de votre collègue qui provoquera le plus de discordes, mais plutôt les nombreuses controverses sociales et environnementales autour de cet événement. Si les faits sont peu contestables, les avis divergent quand surgit la question suivante : « Faut-il boycotter la coupe du monde en signe de protestation ? ». Pour tenter d’y voir plus claire, nous allons passer en revue les parties prenantes de cet événement, les actions possibles et leurs conséquences.
Depuis quelques semaines, les appels au boycott pour la prochaine coupe du monde 2022 au Qatar se multiplient sur les réseaux sociaux. Certains journaux tels que « Le Quotidien de la Réunion » ont décidé de ne relayer aucune information sportive relative à cet événement. Atteintes à la liberté humaine et aux droits de l'homme, conséquences écologiques désastreuses, ce sont les arguments avancés par les réfractaires pour justifier leur position.
Pourquoi un réveil collectif si tardif ? La coupe du monde a été attribuée au Qatar en 2010, et les controverses liées aux conditions de travail déplorables des ouvriers ont été relayés bien avant 2022, à l’instar d’ONG comme Amnesty International. Réveil tardif, mais réveil tout de même. A l'heure où les contrats de sponsoring ont été signés, les droits TV juteusement cédés et les chantiers d’infrastructures terminés, quel message pourrait transmettre un amateur de football à travers un boycott ? D’autres parties prenantes comme les joueurs ou les figures politiques ont également un rôle à jouer. Passons en revue les différentes actions envisagées et leurs possibles répercutions :
Les téléspectateurs
Le poids d'un boycott est relativement faible mais pas dérisoire pour autant. C'est l'effet de masse qui pourrait avoir un impact sur le dénouement de cette coupe de monde, mais surtout sur celles à venir. Un boycott de masse engendrerait une faible audience inédite pour un tel évènement. Ces chiffres seront relayés par les médias et enverraient un message puissant à la FIFA qui sera amenée à des choix plus scrupuleux à l’avenir.
Les supporteurs
Une absence significative des supporteurs serait un symbole de contestation. Un stade clairsemé par des sièges vides pourrait ternir l’image des organisateurs et soulever questionnements et réflexions d’une autre partie du public. L’impact environnemental en serait amoindri, évitant le rejet de milliers de tonnes de CO2 provoqués par le transport majoritairement aérien des supporteurs.
Les joueurs
Les joueurs ont également un rôle à jouer. Une équipe qui refuse de participer serait inédit dans l'histoire du football. Les organisateurs seraient forcés de remodeler l’organisation des phases de poules. Un effet boule de neige pourrait aussi s’observer parmi les autres équipes, soit par prise de conscience, soit par pression des médias et/ou du public.
Les chefs d’état
De nombreux pays sont signataires de traités commerciaux avec le Qatar, pays membre de l’OPEP. En pleine crise énergétique, de nombreux chefs d’état semblent réticents à prendre position, tandis que d’autres trouvent des excuses visant à minimiser l’importance d’un boycott. En France, la ministre de la transition écologique Agnès Pannier-Runacher déclarait : « Je ne crois pas que le fait de boycotter la Coupe du monde change malheureusement les émissions de gaz à effet de serre de cet évènement » (l’OBS, 11/09/2022). Malgré un fort pouvoir d’action, le monde politique semble rester inerte face aux problématiques sociales et environnementales de cet événement.
A quelques mois du match d’ouverture, Il ne fait aucun doute que cette Coupe du Monde 2022 entraînera des conséquences néfastes sur l’environnement. Quant aux questions sociales, les dégâts humains causés par la construction des infrastructures sont irréparables. Une forte mobilisation de boycott peut néanmoins démontrer un désaccord largement partagé par le public sur la violation des droits de l’homme et une politique environnementale décalée des enjeux climatiques actuels. La baisse de la fréquentation permettra de limiter cet impact, mais surtout d’envoyer un signal fort aux acteurs de la FIFA qui auront tout intérêt à élire les futurs organisateurs avec plus d’éthique.
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