Forces spéciales norvégiennes : Incroyable amateurisme ou douteux laisser-aller ?
1h27. C’est le temps qu’il aura fallu aux forces spéciales norvégiennes pour arriver sur les lieux de la fusillade, ce vendredi soir sur la petite île d’Utoya. Cette étrange lenteur, qui expose la police norvégienne à une pluie de critiques et d’interrogations, n’a été qu’en partie expliquée, et surtout, en partie analysée…
Vers 17h, Anders Behring Breivik, après avoir fait exploser une bombe dans le quartier gouvernemental d’Oslo, ouvre le feu sur un rassemblement de jeunes du Parti Travailliste sur une petite île située à quelques kilomètres de la capitale norvégienne.
A 17h26, la police, débordée par les appels en provenance d’Oslo, consigne et prend enfin au sérieux un appel au secours en provenance de l’île.
A 17h30, la police locale notifie l’incident à la police d’Oslo, dont elle demandera formellement l’assistance huit minutes plus tard (17h38).
A 17h52, la police locale arrive à proximité de l’île mais ne peut s’y rendre, n’ayant pas de bateau pour effectuer la traversée.
A 18h09, les forces spéciales envoyées d’Oslo arrivent sur les lieux.
A 18h25, soit un bon quart d’heure plus tard, elles mettent enfin les pieds sur l’île.
A 18h27, elles arrêtent le meurtrier, qui se rend sans résistance.
Entre le premier coup de feu, survenu aux alentours de 17h, et l’arrestation du fou furieux, il s’est donc écoulé 1h27… et plus de 80 morts. Comment la police norvégienne justifie-t-elle cette incroyable lenteur ? Par une suite de malheureux contretemps, parait-il.
La défense bancale de la police norvégienne
Tout d’abord, pour sa défense, la police a affirmé s’être méfiée des fausses alertes visant à disperser ses effectifs. L’argument est compréhensible, certes. Mais il est vite rendu insoutenable quand on sait qu’à 17h38, la police locale a formellement demandé l’aide d’Oslo, mettant ainsi fin aux incertitudes. Suite à cet appel, il aura tout de même fallu patienter près d’une heure (interminable pour les victimes) avant de voir débarquer les premiers agents.
Ensuite, Sveinung Sponheim, chef de la police d’Oslo, nous a expliqué qu’ « il était plus rapide de venir en voiture car nous aurions dû faire venir un hélicoptère d’une base située au sud d’Oslo et cela aurait pris plus de temps ». Des forces spéciales qui interviennent en voiture, pour une urgence, situé à 40 kilomètres de leur base… difficile à croire, d’autant que la télévision norvégienne, elle, a pu rapidement louer un hélicoptère pour se rendre, bien avant la police, sur les lieux du massacre. Pour dire, elle a même pu filmer l’intervention tardive des forces de l’ordre, à 18h25.
Enfin, on nous parle également d’un bateau défectueux, ayant empêché les forces spéciales, une fois sur place, de se rendre sur l’île, les forçant à patienter un long quart d’heure avant d’intervenir. « Lorsqu’un grand nombre de personnes et du matériel se sont retrouvés sur l’embarcation, elle a commencé à prendre l’eau, et son moteur s’est arrêté », a expliqué Erik Berga, chef des opérations de police dans le secteur de Buskerud.
Encore une fois, c’est à se demander si l’on a affaire aux forces spéciales norvégiennes ou à une simple bande d’amateurs, se déplaçant en voiture (twingo ?) pour intervenir, n’ayant pas d’hélicoptère à disposition en cas d’urgence, et facilement bloquée par le moindre obstacle, aussi contournable soit-il pour ce qui est censé être des soldats d’élite.
Des questions, des zones d’ombres inquiétantes, qui ne sont pas sans rappeler celles qui avaient été soulevées le 11 septembre, dénonçant l’incroyable laxisme des avions de chasse américains de la sécurité aérienne.
Incroyable amateurisme ou douteux laisser-aller ? Pour ces deux situations, il y a clairement de quoi être inquiet. Dans le pire des cas : qui avait intérêt à ce que cette catastrophe se produise ? Une manœuvre politique pour disqualifier l’extrême droite norvégienne ? Une volonté de subir un attentat islamiste – la principale menace en Norvège – afin de relancer et maintenir la campagne de terreur sur la menace terroriste ?
Tant de questions, plus poussées les unes que les autres, qui sont légitimement soulevées devant tant d’incohérence et d’incompétence grossière.
Christopher Lings ( Enquête & Débat )
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