François Hollande, Xi Jinping et les relations entre et Tibet et la Chine dans un contexte de crises
La visite d'État du président Xi Jinping en France du 25 au 28 mars 2014 s'inscrit dans le cadre du 50ieme anniversaire de la reconnaissance de la République populaire de Chine par le général de Gaulle. Elle survient d’une part après le 1er tour des élections municipales qui place le président François Hollande en position délicate, et d’autre part dans un contexte de crises internationales avec le conflit entre l’Ukraine et la Russie, et le conflit en Syrie. C’est l’occasion pour les associations de rappeler la situation au Tibet, et de suggérer que la voie du dialogue prôner par le Dalaï-lama peut constituer une méthode efficace de résolution des conflits.

Recevoir le président chinois Xi Jinping, entre les deux tours des élections municipales, n'est pas un contexte facile pour le président François Hollande. Il ne peut rester muet sur la question des droits de l'homme, tant sont connus les cas de prisonniers politiques en Chine, dont celui, emblématique, de Liu Xiaobo. Ayant lutté pour les droits de l’homme dans son pays, il fut emprisonné puis Nobélisé. Il existe de nombreux autres cas de Tibétains, Mongols, Ouighours et Han, dont certains sont morts sous la torture, condamnés à de lourdes peines, jusqu'à 15 ans de prison ou prison à vie, sans remise de peine. Assurément, les Français ne comprendraient pas un silence du président Hollande sur les droits de l'homme.
Pour autant, si le président Hollande s'exprime publiquement, il risque de se trouver accuser par le président Xi, comme l'avait été en son temps son prédécesseur. Quand Nicolas Sarkozy avait en effet rencontré le Dalaï-lama en décembre 2008, le président chinois Hu Jintao avait saisi ce prétexte pour reporter un sommet avec l'Union Européenne (UE). Dans un cas semblable, les Français ne seraient pas ravis non plus. Vraiment, l'exercice est délicat, et demande de la diplomatie pour réussir.
Malheureusement, malgré les demandes anciennes des associations de nommer un représentant spécial de l'UE pour le Tibet, la fonction n'existe pas encore, au contraire de la situation aux Etats-Unis qui nomment régulièrement un coordinateur pour le Tibet. En l'absence d'une telle fonction et d'une politique européenne en la matière, le président Hollande ne peut se prévaloir d'une cohérence européenne. Il ne peut que se reposer sur ses propres efforts diplomatiques. Dans cette idée, il peut proposer au président Xi de recevoir le Dalaï-lama, et lui faire valoir que c'est dans l'intérêt de la Chine de dialoguer avec lui. Il peut lui rappeler que le Dalaï-lama ne souhaite qu'une chose : dialoguer avec les dirigeants chinois pour trouver une solution à la question tibétaine, non résolue depuis 1959. Il peut lui assurer que le Dalaï-lama ne souhaite nullement séparer le Tibet de la Chine, et qu'il a toujours insisté pour que les Tibétains restent non-violents dans leur lutte, un point appréciable pour les Chinois. Il peut ajouter qu'un des plus grands souhaits du Dalaï-lama est de trouver une solution à la question tibétaine avec les Chinois, puis de retourner au Tibet afin d'œuvrer à la réconciliation entre Tibétains et Chinois. On peut mesurer la pertinence de ce point à la lumière des manifestations au Tibet en 2008 et de la terrible répression qui s'en suivi : au moins 200 morts, plus de 5000 prisonniers et un climat de terreur qui explique les quelques 130 immolations de Tibétains au Tibet. Un autre point pourrait retenir l'attention à la fois du président Hollande et du président Xi : celui d'un dialogue entre représentants politiques de peuples en conflit, donnant un excellent exemple pour les populations en conflit en Ukraine, en Russie et en Syrie, et pour leurs responsables politiques. Nul ne peut dire comment ces conflits aboutiront, alors que d'un dialogue ne peut déboucher qu'un accord. L’exemple peut aussi aider la Chine à résoudre ses conflits au Xinjiang et avec Taïwan.
La visite du président Xi Jinping en France qui passe par Lyon et Paris s'inscrit dans le cadre du 50ieme anniversaire de la reconnaissance de la République populaire de Chine par le général de Gaulle. De leur côté, les associations et la Communauté Tibétaine de France appellent à des manifestations le mardi 25 mars de 15h à 19h00 Place Saint Jean à Lyon et le jeudi 27 mars à 15 h sur le Parvis des Droits de l'Homme au Trocadéro à Paris. Les associations appellent elles aussi au dialogue tibéto-chinois.
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