G20 de Brisbane. L’apparence et la réalité
Sans tomber dans l'emphase, disions cependant que l'axe du monde est en train de changer. L'europe, y compris évidemment la France, sera du mauvais côté
Les autres membres du G20, notamment le club des pays asiatiques, en particulier les deux très grands, Chine et Inde, par ailleurs membres du Brics avec la Russie, semblent n'avoir rien dit pour contrer les accusations des occidentaux contre Vladimir Poutine. Ils auraient pu rappeler que la crise en Ukraine a été dès les origines suscitée par l'Amérique et les pays de l'est-européen pour mettre Poutine dans une situation intenable, soit riposter soit laisser faire, deux réactions qui auraient sans doute signé sa mort politique. Sur un autre plan, ils auraient pu rappeler que le monde affronte de plus en plus de difficultés, doit résoudre de plus en plus de problèmes, et que si le G20 n'aborde pas de front ces difficultés et problèmes, il se révèle n'être qu'une coquille vide.
Une riposte de grande ampleur
Mais on peut trouver une autre raison au silence de Poutine et de ses partenaires du Brics et de l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). C'est qu'ils sont en train de mettre en place ce qui apparaîtra peut-être comme une puissante machine de guerre susceptible de diminuer sensiblement la puissance de l'Amérique et de ses alliés de la zone dollar. Nous y avons plusieurs fois fait allusion. Il s'agit d'abord des projets de dédollarisation qui se précisent, avec la création progressive d'une monnaie commune, d'un Fonds monétaire et d'une banque mondiale utilisant cette monnaie. Il s'agit ensuite des très nombreux contrats que la Chine est en train de négocier avec ses partenaires, en premier lieu la Russie, dans ce qui a été nommé la Nouvelle route de la soie.
Il s'agit, last but not least, d'un projet d'accord pour la création d'une zone de libre échange pour l'Asie-Pacifique (FTAAP) entre les pays de l'APEC ((Asia-Pacific Economic Cooperation) dont le principe semble avoir a été acquis à la fin de la réunion de cette organisation le 12 novembre à Pékin. Cette zone excluerait explicitement les Etats-Unis dont le propre projet de TransAtlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) se réduirait ainsi considérablement.
Tout ceci, en cas très probable de mise en oeuvre rapide, sera à juste titre ressenti par Washington et Wall Street comme une menace de première grandeur, non pour le monde, mais pour leur propre domination sur le monde. L'Europe qui pour le moment s'exclut des projets du Brics et de l'OCS, comprendra mais trop tard qu'elle a joué, en suivant aveuglement l'Amérique, la pire des cartes géostratégiques. On peut comprendre dans ces conditions qu'à Brisbane Vladimir Poutine ait choisi de se taire et laisser dire.
Sur ces sujets, voir
*Pablo Escobar : La Chine file une route soyeuse pour la gloire 15/11/2014 http://www.vineyardsaker.fr/2014/11/15/loeil-itinerant-chine-file-route-soyeuse-gloire/#more-7435
* Marin Katusa : Poutine signe un plan secret pour écraser l'Otan 15/11/2014 http://www.vineyardsaker.fr/2014/11/14/poutine-signe-plan-secret-ecraser-lotan/
* Yves Smith : La Russie lance un nouveau système de paiement pour contourner le réseau Swift 14/11/2014 http://www.vineyardsaker.fr/2014/11/14/russie-lance-nouveau-systeme-paiement-contourner-reseau-swift/
* ainsi que précédemment notre propre article : Obama tente le forcing à l'Apec 12/11/2014 http://www.vineyardsaker.fr/2014/11/12/pivot-vers-lasie-pekin-en-pleine-reunion-lapec-obama-tente-forcing-imposer-tpp
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