Gaza - La France demande aux Nations-Unies de ne pas se hâter
Aux Nations-Unies, c’est le sommet. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, appelle le Conseil à faire le premier pas nécessaire pour sauver son peuple à Gaza : une résolution appelant à la fin immédiate et totale de l’agression israélienne. « Mettez fin à ce génocide et à ces destructions », a-t-il lancé. Et Nicolas Sarkozy, lors d’une conférence de presse M. Sarkozy à l’issue d’une rencontre avec le président Hosni Moubarak, a envoyé ce message au Conseil de sécurité des Nations-Unies : « La France, en tant que président du Conseil de sécurité de l’ONU, demande que, tant que des discussions ont lieu entre les parties concernées, on ne se hâte pas à obtenir une résolution qui compliquerait la tâche ».
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Barack Obama a promis, après le 20 janvier, de commenter la situation à Gaza. Il s’est dit, entre temps, profondément interpellé par la perte de vies humaines en Israël et à Gaza. Il n’a fait entre temps aucun commentaire sur la déclaration de George W. Bush qui exige qu’un cessez-le-feu soit tout à la fois durable, viable et non limité dans le temps. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Obama a répondu aux journalistes qui l’interrogeaient qu’il aura amplement le temps, après le 20, de commenter la situation à Gaza. Jusque là, il garde l’œil ouvert sur la situation et ses conseillers l’informent d’heure en heure. (After January 20 I’m going to have plenty to say about the issue, and I am not backing away at all from what I said during the campaign, that starting at the beginning of our administration, we are going to be engaged effectively and consistently in trying to resolve the conflict in the Middle East).
Pour revenir à George W. Bush, il ne cède pas à la compassion qu’exigerait la situation à Gaza. Au contraire. Il durcit le ton. « Les gens disent : il faut un cessez-le-feu. C’est une noble ambition. Mais tout cessez-le-feu doit comporter des conditions telles que le Hamas ne se serve pas de Gaza pour tirer des roquettes ». Aucun accord de paix ne fonctionnera si aucune contrainte n’est exercée sur le Hamas pour qu’il cesse ses attaques contre Israël.
Comme l’a expliqué le porte-parole du département d’État, Sean McCormack, le cessez-le-feu devra garantir rien de moins que la fin des attaques à la roquette sur Israël, l’ouverture des points de passages vers la bande de Gaza et le règlement du problème des tunnels entre la bande de Gaza et l’Egypte par lesquels passerait l’armement du Hamas. Dana Perino, porte-parole de la Maison Blanche, s’est opposée à une trêve humanitaire qui soulagerait la bande de Gaza. Elle a ajouté, lors de sa rencontre de presse, qu’il faudra un retour à l’accord de 2005 sur l’ouverture des frontières avant la mise en place d’une telle trêve. En d’autres mots, un accord sur un cessez-le-feu à Gaza ne pourra se faire avant d’obtenir une garantie que la crise ne pourra se reproduire.
De Tel Aviv, Ehud Olmert, tout en rejetant la demande de l’Union européenne d’un cessez-le-feu de 48 heures, a confirmé que son pays mettrait un terme aux assauts dans la bande de Gaza si les attaques anti-israéliennes et le trafic d’armes dans l’enclave palestinienne prennent fin : « Nous cesserons de tirer à deux conditions : l’une est la fin du trafic d’armes du Sinaï à Gaza, et l’autre est la cessation de toutes les activités terroristes, pas seulement des tirs de roquettes ». Il a affirmé au président Sarkozy que l’opération n’a pas pour objectif d’éliminer le Hamas.
Georges W. Bush n’a pas entendu, tant s’en faut, l’appel du Haut commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres, qui a demandé l’ouverture des frontières de la bande de Gaza pour permettre aux Palestiniens qui le souhaitent de quitter le territoire. Et le président américain a ignoré cette « inquiétude » que lui a communiquée, au cours d’un entretien téléphonique, Hu Jintao au sujet de la « crise humanitaire » dans la bande de Gaza.
Si un cessez-le-feu devait voir le jour, selon le porte-parole du département d’État, Sean McCormack, elle interviendrait en dehors du cadre des Nations-Unies. Selon ce dernier, les discussions bilatérales de Condoleeza Rice sont plus significatives que la réunion du Conseil de sécurité. Et cela explique peut-être que la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino, ait vu négativement la visite de Nicolas Sarkozy en Syrie. Comme le rapportait Laurent Lozano, de l’AFP, madame Perino n’a pas : « [...] jugé constructives ou utiles des discussions avec les Syriens. Si le président Sarkozy réussit à obtenir de la Syrie qu’elle cesse de soutenir le Hamas ou le Hezbollah, ce serait bien ». Nicolas Sarkozy ne fait pas l’unanimité. Le Hamas l’a accusé de « partialité » en faveur d’Israël.
De son côté, Nicolas Sarkozy a prolongé son séjour au Proche-Orient. Se refusant à rencontrer le Hamas, organisation reconnue comme groupe terroriste, Nicolas Sarkozy n’a d’autre choix que de presser la Syrie pour qu’elle exerce une pression sur le Hamas. Le pari que prend, de manière téméraire, le chef d’État français est de voir Bachar el-Assad jouer un rôle de médiateur pour convaincre le Hamas d’arrêter les tirs de roquettes et d’œuvrer en faveur de la réconciliation nationale. Bachar el-Assad n’a pas raté l’occasion pour comparer Gaza à « un camp de concentration » et pour dénoncer « ce crime de guerre ». Selon la formulation du président français, la Syrie, qui occupe la présidence tournante du sommet arabe, doit pouvoir « convaincre le Hamas de choisir la voie de la raison et le chemin de la réconciliation ». Le Hamas a confirmé qu’il discutait depuis plusieurs jours avec l’Egypte sur une trêve possible.
Ne voulant pas être écarté en tant que médiateur privilégié dans le conflit palestino-israélien, Hosni Moubarak a invité mardi soir Israël à venir discuter au Caire. La Syrie œuvrerait auprès du Hamas, l’Égypte auprès d’Israël. Si une délégation israélienne se rend au Caire, la France, en contrepartie, interviendrait, en sa qualité de présidente du Conseil de sécurité, auprès des Nations Unies pour que ne soit prise aucune résolution dans l’immédiat sur la situation au Proche-Orient. Pendant ce temps, comme l’indique le Nouvel Observateur, l’Egypte a autorisé deux praticiens norvégiens à entrer dans la Bande de Gaza le 31 décembre. Depuis, la majorité des médecins qui veulent porter secours aux sinistrés de Gaza sont dans l’incapacité à entrer dans le territoire palestinien, après le refus des autorités du Caire de les laisser entrer dans l’étroit territoire côtier.
Nicolas Sarkozy a évité de condamner l’attaque israélienne contre une école de Gaza qui a provoqué la mort d’une quarantaine de personnes. Dans le camp de réfugiés de Djabaliah (nord de la bande de Gaza) l’école administrée par l’ONU a été la cible de deux tirs d’obus de chars. Selon Israël, « les premières vérifications (...) montrent que des obus de mortier ont été tirés de l’intérieur de l’école sur les forces israéliennes ». Quarante personnes, dont de nombreux civils, ont perdu la vie. John Ging, le directeur des opérations de l’Office de secours de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), fait état de trois obus et non de deux. Il a expliqué que le drapeau des Nations unies flottait au dessus du bâtiment. Et selon l’officier onusien, les civils palestiniens présents dans l’école avait fait l’objet d’une vérification d’identité pour éviter la présence de combattants. Pour l’heure, la plupart des maisons et des hôpitaux sont privés d’électricité et la situation humanitaire inquiète de plus en plus la communauté internationale.
Sur ce malheureux incident, le président a déclaré au Liban : « Cela renforce ma détermination à ce que tout ceci s’arrête le plus rapidement possible » tout en poursuivant : « Devant toute ces violences, devant toute cette douleur, tous ces sacrifices, le moins que l’on puisse faire c’est de multiplier les initiatives pour trouver une solution, c’est de venir sur le terrain, c’est de demander aux gens de se parler ».
À Genève, le CICR et les agences de l’ONU ont demandé que l’accès aux victimes soit amélioré sans retard. Ils ont indiqué que les humanitaires ont de plus en plus de difficultés à se déplacer en raison des combats. Afin de prévenir une crise humanitaire dans la bande de Gaza, Ehud Olmert a décidé d’adopter une proposition des responsables de la sécurité d’ouvrir un couloir humanitaire dans la bande de Gaza pour venir en aide à la population.
Le ministre israélien de la défense, Ehud Barak, a déclaré : « Nous avons lancé cette opération pour asséner un coup dur au Hamas, pour changer les conditions de vie dans le sud d’Israël, pour apporter le calme et la sécurité aux citoyens et stopper la contrebande d’armes vers Gaza ».
Lundi, un obus, tiré accidentellement par un blindé israélien, a tué trois soldats de la brigade d’élite Golani et en a blessé 24 autres dans un bâtiment du nord du territoire. Un journaliste de la radio de l’armée a déclaré : « Cette fois-ci, le plomb, nous nous l’envoyons sur nous ». Le quotidien Haaretz s’interroge, en éditorial, sur le bien-fondé d’une poursuite de l’offensive après la mort de ces trois soldats. En dépit de la présence de soldats de Tsahal dans la bande de Gaza, des tirs de roquettes se poursuivent toujours. Un engin s’est abattu pour la première fois à plus de 45km au nord-est de la bande de Gaza, sur la ville de Gedera blessant un nourrison.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, n’est pas resté silencieux devant ce ballet diplomatique. Cinglant, il a déclaré : « L’Europe n’a aucun poids. Elle réclame d’Israël une trêve pour des raisons humanitaires, mais celui-ci fait la sourde oreille. Elle propose une initiative politique, mais personne ne l’écoute ». En référence aux initiatives du président Sarkozy qui invitait la Syrie à faire pression sur le Hamas, Nasrallah a lancé tout de go : « Les leaders de la résistance dans la bande de Gaza sont maîtres de leurs décisions. Personne, ni en Syrie ni en Iran, ne leur impose des décisions contre leur gré ».
Aux Nations-Unies, c’est le sommet. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, appelle le Conseil à faire le premier pas nécessaire pour sauver son peuple à Gaza : une résolution appelant à la fin immédiate et totale de l’agression israélienne. « Mettez fin à ce génocide et à ces destructions », a-t-il lancé. Et Nicolas Sarkozy, lors d’une conférence de presse M. Sarkozy à l’issue d’une rencontre avec le président Hosni Moubarak, a envoyé ce message au Conseil de sécurité des Nations-Unies : « La France, en tant que président du Conseil de sécurité de l’ONU, demande que, tant que des discussions ont lieu entre les parties concernées, on ne se hâte pas à obtenir une résolution qui compliquerait la tâche ».
De son côté, la déléguée d’Israël a déclaré : « La crédibilité du Conseil de sécurité ne se mesurera pas aux morceaux de papier qu’il publie mais aux valeurs qu’il défend. Est-ce que cette crédibilité sort renforcée lorsque le Conseil appelle à un cessez-le-feu, en mettant sur un pied d’égalité un groupe terroriste et un État qui se défend ? Le conflit se terminera lorsque la communauté internationale agira, de manière unie, contre le terrorisme ». « Tout retard reviendrait à dire à l’agresseur qu’il peut poursuivre son action », a jugé à son tour le Ministre libyen, M. Abdurrahman Mohamed Shalgham.
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