Glossaire des présidentielles états-uniennes
A quelques jours des résultats de l’élection présidentielle états-unienne, retour sur les mots et expressions de la campagne dans ce petit glossaire politique.
Celles et ceux d’entre vous qui ont suivi la campagne présidentielle états-unienne en version originale ont sûrement été confrontés à un moment ou un autre à des mots étranges répétés à outrance par les candidats et les commentateurs des grandes chaînes de télévision. En attendant que les citoyens des Etats-Unis choisissent leur président (qui sera aussi un peu le nôtre puisqu’une bonne partie de ses décisions risquent d’avoir des conséquences sur le reste du monde), voici un petit glossaire des présidentielles états-uniennes :
B comme Barack America : un nom tout trouvé pour un président des Etats-Unis. C’était la première de ses gaffes de campagne et il l’a faite dès son premier discours. A peine nommé comme colistier par Barack Obama, le sénateur Joe Biden a transformé le nom de son partenaire lors de son premier discours officiel.
H comme Hockey Mum : gouverneur de l’Alaska, ex-miss et maire de la petite bourgade de Wasilla, Sarah Palin revendique avec fierté son statut de Hockey Mum. Equivalent canadien et alaskien de la "soccer mum", la "hockey mum" (on joue plus volontiers au hockey qu’au football - soccer - dans le nord de l’Amérique du Nord) est une femme mariée de classe moyenne qui a des enfants et passe une partie importante de son temps à s’occuper d’eux et notamment à les conduire aux cours de sport (d’où le terme hockey ou soccer). Revendiquer un statut de hockey mum c’est se démarquer nettement des politiciens rusés de Washington pour s’afficher comme faisant partie des "vraies gens". Une appartenance que Sarah Palin n’a eu de cesse d’exploiter au cours de la campagne... ce qui s’est retourné contre elle au moment du scandale de ses tailleurs de marque, car le diable s’habille en Prada, mais pas les hockey mums. Autre ironie du sort, la hockey mum Sarah Palin invitée à donner le coup d’envoi d’un match de hockey opposant Philadelphie à New York en octobre s’est fait huer dans la patinoire au point que les organisateurs ont dû mettre de la musique et monter le son au maximum pour couvrir les huées...
J comme Joe the plumber : Joe le plombier est l’archétype de l’"average Joe" (Monsieur tout le monde). Rencontrant Barack Obama lors d’un déplacement de celui-ci dans l’Ohio, il lui pose une question sur l’imposition de son entreprise à laquelle le candidat démocrate répond qu’en effet son programme prévoit de taxer de 36 à 39 % les entreprises réalisant plus de 250 000 dollars de chiffre d’affaires par an afin de répartir ces richesses pour aider le reste de la société. Cet exemple a été repris par John McCain et Sarah Palin dénonçant la posture socialiste de Barack Obama. La célébrité soudaine de Joe le plombier a suscité l’intérêt d’enquêteurs de tout poil qui ont rapidement établi que le monsieur en question ne travaillait pas légalement comme plombier.
L comme Lipstick... on a pig : mettre du rouge à lèvres à un cochon. Même si l’image semble plutôt amusante, elle a failli faire plonger Barack Obama. Dans une intervention où il parlait du programme de John McCain, il expliqua que les améliorations proposées par celui-ci étaient essentiellement cosmétiques, mais qu’il allait en substance s’inscrire dans la continuité de George Bush... "vous pouvez mettre du rouge à lèvres à un cochon, ça restera toujours un cochon". Outrée, Sarah Palin a dénoncé cette remarque sexiste dont elle a estimé qu’elle la visait directement... et Barack Obama a réexpliqué qu’il ne parlait pas d’elle, mais qu’il s’agissait d’une métaphore.
M comme Maverick : quelqu’un d’indépendant, qui ne se conforme pas aux normes, c’est ainsi que John McCain aime se définir et c’est ainsi que sa colistière Sarah Palin ne cesse de le décrire. Il tient notamment sa réputation de "maverick" du fait qu’il a été en conflit avec George W. Bush (ce qui ne l’a pas empêché de soutenir la plupart de ses politiques en tant que sénateur).
O comme Osama : Osama Bin Laden, c’est ainsi que l’on écrit et prononce le nom du leader d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden aux Etats-Unis. Osama, Obama, force est de reconnaître que les deux noms se ressemblent... et dans un pays où il ne se passe pas un jour sans que soit évoqué le responsable présumé des attentats du 11-Septembre, il est facile d’avoir la langue qui fourche. Ce fut ainsi le cas du sénateur démocrate Edward Kennedy qui, voulant rendre hommage au candidat démocrate, a buté sur ces deux noms : "pourquoi ne pas demander à Osama Bin... Osama Obama".
P comme Pitbull : chien de combat, le pitbull est l’animal auquel Sarah Palin a choisi de se comparer en racontant à son auditoire une petite blague : "savez-vous quelle est la différence entre une hockey mum et un pitbull ? - le rouge à lèvres"... façon de dire qu’elle ne se laisserait pas mettre en boîte. Une société surfa même sur la vague pour lancer une gamme de vêtements intitulée "Pitbull mom".
S comme Socialist : près d’un demi-siècle de guerre froide - et de propagande qui l’a accompagnée - a eu sur une partie de la population états-unienne un effet assez dévastateur. Beaucoup ont une réaction épidermique quand ils entendent le mot socialiste, qu’ils associent immédiatement avec Lénine, Staline, Mao Zedong et Fidel Castro. La volonté de Barack Obama de favoriser une plus grande répartition des richesses ("spread the wealth around" - expression utilisée notamment par Obama dans sa discussion avec "Joe le plombier") a été qualifiée de socialiste par John McCain et Sarah Palin, cette dernière déclarant dans les médias que la période actuelle ne permettait vraiment pas qu’on se lance dans une expérience socialiste... ainsi que le souhaiterait selon elle Barack Obama.
S comme Straight talk : franc parler sans langue de bois, le straight talk est une qualité revendiquée par John McCain au point qu’il en a même fait un élément essentiel de sa campagne (et de celle de 2000) en baptisant son bus le "Straight Talk Express".
T comme Terrorist handshake : cela s’est produit une fois, furtivement, mais les images ont marqué les journalistes, en particulier les commentateurs de la chaîne conservatrice Fox News : à l’issue du discours de sa femme Michelle, le candidat démocrate a échangé avec elle une "poignée de main terroriste". Il s’agissait plus exactement d’un "pounding", d’un "check", d’une douce pression poing contre poing, mais elle a suscité des spéculations en tout genre, la première étant l’appartenance à un groupe terroriste. Le New Yorker a d’ailleurs reproduit ce "terrorist handshake" en couverture de son édition du 21 juillet 2008 (pour dénoncer avec humour les préjugés de certains médias à l’égard du couple Obama).
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