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« Guerre du football », état d’urgence, la lutte incessante du Honduras contre l’ultra-violence

Depuis l'absurde "guerre du football" de 1969 jusqu'à l'état d'exception aujourd'hui, le Honduras a traversé des décennies de conflits . Ce pays d'Amérique centrale est miné par l'ultra-violence.

En juillet 1969, la "guerre du football" éclate entre le Honduras et le Salvador après une série de matchs de football houleux. Depuis les années 1960, des milliers de Salvadoriens avaient migré au Honduras, entraînant des conflits fonciers avec les Honduriens. En 1969, le gouvernement hondurien, sous la pression des propriétaires terriens, entreprend des expulsions massives de Salvadoriens. Ce conflit de cent heures cause des milliers de morts et de blessés

 

Régimes militaires dans les années 1970 et 1980

Après le renversement du gouvernement de Ramón Villeda Morales en 1963, le Honduras subit des régimes militaires de 1972 à 1983, soutenus par les États-Unis. Durant les années 1980, sous l'administration Reagan, le Honduras devient une base stratégique contre les gouvernements de gauche en Amérique centrale. L'aide militaire américaine au Honduras passe de 4 millions de dollars en 1981 à 77,4 millions en 1984. Les forces gouvernementales, avec l'appui de la CIA, commettent des exactions, notamment à travers des escadrons de la mort comme le Bataillon 3-16, responsables de tortures, d'assassinats et de disparitions de militants et de civils.

 

Narco-État

Le début du 21e siècle voit l'émergence du Honduras en tant que "narco-État". Le président Juan Orlando Hernández, au pouvoir de janvier 2014 à janvier 2022, est impliqué dans des réseaux de trafic de drogue. Des témoins lors du procès de son frère, Tony Hernández, révèlent que Juan Orlando Hernández a utilisé l'argent du trafic de drogue pour financer ses campagnes politiques. En avril 2022, dès la fin de son mandat, Hernández est extradé vers les États-Unis pour faire face à des accusations de trafic de drogue et d'armes.

 

L'état d'exception sous Xiomara Castro

Le 6 décembre 2022, la présidente Xiomara Castro instaure l'état d'exception dans plusieurs quartiers de Tegucigalpa et San Pedro Sula pour lutter contre l'insécurité et l'extorsion. Cette mesure, prolongée à plusieurs reprises, s'étend désormais à 158 des 298 communes du pays. Castro déploie 20 000 policiers pour soutenir les opérations anti-gangs. Cependant, un an après, les résultats sont mitigés. Les affrontements armés et les violences contre les civils continuent. Les gangs maintiennent leurs activités d'extorsion, et la violence s'étend des zones urbaines aux zones rurales, malgré les efforts gouvernementaux.

 

Coups d'état et CIA

Depuis son indépendance en 1839, le Honduras a connu une série de coups d'État, de régimes militaires et de gouvernements autoritaires. Cette instabilité politique chronique a affaibli les institutions étatiques.

L'influence étrangère, en particulier celle des États-Unis, a joué un rôle néfaste. Les interventions pour protéger des intérêts économiques ont souvent soutenu des régimes autoritaires et corrompus, créant un environnement hostile à la démocratie. Le Coup d'État de 2009 en particulier, avec le renversement du président Manuel Zelaya, a attisé les tensions sociales et politiques.

 

Pauvreté et Inégalités

Le Honduras est l'un des pays les plus pauvres et inégalitaires d'Amérique latine. Une grande partie de la population vit dans la pauvreté, avec un accès limité à l'éducation, aux soins de santé et aux opportunités économiques. Une grande partie de l'économie hondurienne est informelle, ce qui rend les conditions de travail précaires et instables. La croissance rapide des zones urbaines, sans planification adéquate, a créé des bidonvilles où la pauvreté est endémique. Cela crée un milieu propice aux gangs.

 

Maras et Cartels

Les gangs tels que la Mara Salvatrucha (MS-13) et le Barrio 18 (B-18) dominent les activités criminelles. Leur violence est exacerbée par les rivalités territoriales et le contrôle des activités d'extorsion et du trafic de drogue. Le Honduras est un point de transit majeur pour la cocaïne en provenance d'Amérique du Sud à destination des États-Unis. La position géographique du Honduras en fait une route idéale pour le trafic de drogue. Les zones rurales et frontalières sont contrôlées par les cartels. Les cartels de la drogue ont infiltré les institutions, corrompant la police, l'armée et les politiciens.

 

Corruption Endémique

La corruption est omniprésente, à tous les niveaux du gouvernement, sapant l'efficacité des institutions publiques et l'application de la loi. Le système judiciaire est corrompu, incapable de poursuivre efficacement les criminels et de protéger les victimes. L'impunité est pratiquement assurée aux criminels des grands gangs.

 

Culture de la Violence

La violence est devenue culturelle, un moyen de résoudre les conflits et d'atteindre des objectifs personnels ou économiques. Cette culture est renforcée par des décennies d'instabilité et de conflit. Les taux élevés de violence domestique génèrent une culture générale de violence.

 

Pour lutter contre cette violence, il est déjà bien de mettre en place des programmes de sensibilisation pour démystifier l'image presque romantique des gangs, de la violence, du défi à la mort, etc. Offrir des emplois et des formations professionnelles, est essentiel. Lutter contre la corruption, l'est encore plus. A quand une opération Mani pulite (en français « Mains propres ») au Honduras ?


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